Misère de misère. Des planètes à la con, le Saiyan en avait visité des tas. Des vertes, des rouges, des désertes, des surpeuplées, certaines dont on faisait le tour en quelques jours, d'autres où aujourd'hui encore il peinerait à en traverser toute la surface même en une semaine.
Mais alors crénom de bonsoir, c'était vraiment rien en comparaison du Paradis ! C'était vraiment "ça", le truc que toutes les races croyant en la vie après la mort espéraient ? Mais quelle bande de demeurés !

Sérieusement, aussitôt qu'on le laissa accéder au ciel, Kodaïan s'était envolé à la recherche de sa très chère frangine, exploitant sa vue supérieure et sa vitesse exceptionnelle pour servir ses intérêts...du moins, en théorie. En pratique, tout était tellement immense, tellement répétitif et tellement fixe que le guerrier de l'espace en perdait ses repères spatio-temporels.
Combien de temps cela faisait-il qu'il fonçait dans tous les sens ? Deux heures ? Deux semaines ? Et ce bout de terre là, est-ce que ça lui rappelait quelque chose ou c'était encore une parcelle inexplorée ? Le guerrier avait le sentiment de devenir fou, l'absence de réelle fatigue ou de faim ne l'aidant pas à prendre une pause dans son impatience. Dans sa tête ne comptait qu'une seule chose : Retrouver sa cadette, revivre un peu les doux moments de son enfance, ceux où il était encore un petit garçon rêveur, qui aimait la vie particulière de son peuple, à sa façon.

Mais là rien ! Rien de rien ! En haut, en bas, à droite ou à gauche, il ne savait même plus s'il tournait en rond ou s'il filait tout droit. C'était quoi cette planète là ? Un truc pourri comme les autres à tous les coups, comme partout ailleurs tout le monde se tapait la bronzette en causant de rien et de rien, comme à précédente, comme à la suivante. Bordel, c'est ça le Paradis ? S'ennuyer éternellement ? Il aurait su il aurait demandé un ticket pour l'enfer ! Au moins c'est peuplé de dégénérés et personne ne l'aurait engueulé pour avoir mis un pain à un de ses "très chers congénères" juste parce que l'envie lui en avait pris !
Et croyez-le, après avoir erré...une journée ou une éternit dans ce truc sans jour, sans nuit, sans faim ni repos, hé bah très étrangement ce genre de pulsion prend forme dans l'instinct d'un Saiyan !

Arrivant à bout de nerfs à force de tourner en rond, ou en ligne, il ne savait plus, Kodaïan finit par se résigner à se poser quelque part. S'il la croisait, s'il la voyait d'assez près, le guerrier était certain de reconnaître sa très jeune soeur...mais c'était le seul moyen. De loin, ou avec son sixième sens, il ne parvenait à rien. Bon sang ! Cela allait encore lui prendre une éternité pour trouver ce qu'il cherche, il n'y a donc vraiment jamais moyen que les choses puissent se passer comme il en a envie !? D'abord Freezer, puis Cooler 404, et puis...

"Salut ! Moi c'est Yan."

Et puis Pan et Trunks, même si c'était différent, puis Garland, puis...hein ?
Tiré brusquement de ses pensées moroses, le guerrier de l'espace tourna la tête vers le fou qui osait l'interrompre pour le dévisager de la tête aux pieds. C'était qui ce con ? On laissait vraiment rentrer n'importe qui au paradis ?

"J'm'en fous."

Lassé de tous ces abrutis qui le dérangeaient sans cesse,, Kodaïan s'apprêta à repartir comme un ouragan, abandonnant là le badaud hagard, avant de remarquer un détail qui suspendit son geste.
Ses cheveux.

Oh bien sûr, ce n'était pas inhabituel dans les races typiquement "humanoïdes" d'avoir des cheveux sombres, ou bien en pétard...mais ça, cette coiffure, ce style, cette couleur particulièrement foncée...cela ne pouvait pas être un hasard ou une erreur. Enfin, en fait si, ça pouvait totalement. Mais même les traits du visage, la silhouette, tout cela lui était bien trop familier.

"Attends...tu es un Saiyan ?"

Que sa soeur aille au paradis, cela le guerrier n'en avait même pas douté. Quant à lui, son cas était particulier...mais qu'il existe d'autres natifs de Vegeta que lui dans l'autre-monde, et que l'un d'eux vienne l'aborder le déroutait un peu à vrai dire.
Cela dit, son peuple lui manquait suffisamment - enfin, non. C'est plutôt qu'il préférait être en compagnie de gens qui connaissent la vie rude sur Vegeta, et qui comprenaient le plaisir du sang et du combat, plutôt qu'avec des lopettes végétariennes - pour qu'il s'arrête au moins un peu pour mieux comprendre qui était son pair.

"Qu'est-ce que tu fous là ?"

Mais...qu'est-ce que c'était que ce mec ? Il est "en quelque sorte" un Saiyan ? Qu'est-ce que ça veut dire ? Qu'il est contre leur mode de pensée ? Que c'est un bâtard ? Les deux à la fois ? Oh bordel, même mort faut qu'on le fasse chier...
Kodaïan commença à réfléchir car tout ce bazar continu commençait à réellement le peser quand Yan enfonça le clou, se révélant en revanche très coopératif en expliquant qu'il n'avait pas commis d'actes méritant l'enfer. Bon, rien que ça en disait très long à son sujet au goût du super guerrier.

"En gros t'es une lopette."

Après tout, même lui qui s'était toujours démarqué par son indifférence, sa "neutralité", jusqu'à l'affirmer haut et fort dès qu'il en avait véritablement eu le pouvoir, avait failli finir en enfer. Alors si ce type affirmait sans hésitation avoir été envoyé comme ça, tranquille au paradis...soit c'était un menteur, et donc il aurait fini en enfer, soit c'était le genre de Saiyan faiblard qui n'aimait pas vraiment se battre et jouer sa vie, ou avec celles des autres.
Donc en gros, une lopette.

Soupirant de perdre son temps avec ce gland, mais jugeant que celui-là était préférable aux autres car au moins ils venaient de la même planète, Kodaïan croisa les bras comme à son habitude et toisa son interlocuteur. Il n'avait guère envie d'être doux, ou patient, même si sa curiosité le poussait à prendre au moins quelques instants pour savoir de quoi il en retournait.

"Je suis Kodaïan. Qu'est-ce que tu me veux?"

Se présenter, même pour un Saiyan aussi "spécial" que lui, était la moindre des choses entre gens d'un même peuple. En revanche, perdre son temps avec cet être qui ne semblait rien avoir d'exceptionnel d'autre que sa présence au Paradis tapait sur ses nerfs à vif. Il n'avait pas que ça à faire en vérité, même s'il avait toute l'éternité - probablement - pour remplir ses objectifs.

Allons bon, non seulement ce Saiyan n'était pas une flèche - un bon Saiyan donc - mais en plus il faisait preuve d'une impulsivité et d'un goût pour le combat sans aucune autre raison que l'envie de se mettre sur la gueule. Ouais c'est ça, en fait...ce truc n'était pas normal. De ce qu'il en comprenait, il s'agissait d'un guerrier en bonne et due forme...mais qui prétendait n'avoir commis aucun acte réellement condamnable. Bizarre...

Ce qui est dommage, tandis que ce "Yan" entamait ses échauffements, c'est que le p'tit gars en question paraissait ne pas avoir une force digne de ce nom. Malgré l'étendue de son sixième sens, Kodaïan peinait encore à déterminer précisément la puissance de quelqu'un, en particulier après coup. En l'occurrence, il aurait été parfaitement incapable de différencier un civil lambda d'un grand pratiquant d'arts martiaux, à moins d'une puissance véritablement exceptionnelle.
Cependant, de ce qu'il sentait, sa force n'était vraiment pas très élevée...cela le fit soupirer.

"Je n'ai vraiment pas de temps à perdre avec des avortons dans ton genre. Tu dois à peine atteindre le niveau de "l'élite" de Vegeta, autrement dit un petit cloporte."

Kodaïan avait peut-être eu de la chance, c'est vrai. Chance à la naissance, au combat, dans ses entraînements...peu importe le pourquoi du comment, il s'était différencié de la très grande majorité de son peuple par son attitude et son évolution fulgurante.
Cela ne changeait rien au fait qu'il n'avait aucun respect, ni aucune pitié pour les faibles ou les tafioles. Il soupira en lançant un regard fatigué à Yan, se préparant à le cueillir simplement et efficacement d'un coup de pied s'il bougeait, gardant les bras croisés.

"Alors retournes jouer avec tes crottes de nez."

Encore un mioche qui s'y croyait. Depuis quelques temps, depuis sa résurrection en fait, Kodaïan éprouvait une certaine...nostalgie on va dire envers son peuple et son monde natal. Il se surprenait à avoir envie de retrouver ceux qui partageaient son sang, de revoir le ciel écarlate et la gravité exagérée de sa patrie, alors même que le guerrier savait avoir tout fait pour les fuir, lassé par leur stupidité et leur barbarisme aveugle.
En fait, dans ses moments d'égarement, le Saiyan se surprenait même pas à repenser à ce qu'avait dit Blizzard, à propos de guider son peuple pour lui apporter la lumière...et, d'un certian point de vue en fait, SA lumière. Celle du Super-Saiyan, que chacun d'entre eux possédait en secret au fond de lui.
Bordel, ça lui aurait fait mal tiens !

Sans même décroiser les bras, le guerrier de l'espace faucha d'un simple coup de pied son "redoutablement minable" adversaire lorsque celui-ci essaya de le feinter pour l'attaquer du poing.
Sa riposte n'avait pas eu pour but de le briser ou de le tuer, si tant est qu'il soit possible de tuer un mort, mais simplement de le repousser et lui faire comprendre la différence qu'il y avait entre eux deux, avant de le rejoindre, se contentant de marcher d'un pas traînant, n'étant pas d'humeur de perdre son temps avec cette larve.

"Ne confonds pas "courage" et "stupidité", minus."

Méprisant envers ce cafard, Kodaïan réalisa à quel point son pouvoir avait évolué en si peu de temps. Il y a de ça...quoi, à peine un an, il aurait très certainement écrasé son adversaire plein de bonne volonté, mais certainement pas un seul coup, surtout désinvolte. Aujourd'hui, il était peut-être l'un des plus puissants Saiyan qui n'aient jamais vécu, et cela grâce à un peu de chance et par sa volonté d'être libre et différent, d'être et de rester unique...
Tout comme il réalisa à quel point il ressemblait maintenant à ceux qu'il détestait le plus. Lui, Kodaïan, le guerrier indifférent au monde, à ses peuples et aux autres, avait décidé de perdre son temps pour se moquer et s'acharner sur un pauvre gars qui ne méritait même pas un seul de ses regards...exactement comme l'aurait fait l'horrible nain vert, Freezer ou encore ce minable de roi Vegeta.

Ecoeuré de cette révélation, le guerrier cracha sur le côté. Bordel, c'était ça le prix de sa puissance ? D'être devenu un sombre enfoiré ? Mépriser les faibles ne le dérangeait pas. Cela ne l'avait jamais dérangé, mais autrefois il se contenter de les ignorer ou de les remettre à leur place en quelques claques, comme à l'instant. S'il était simplement envolé après l'avoir repoussé, ou même sans répondre au minus...
Au lieu de quoi, le guerrier était resté sur place pour humilier ce pauvre fou. Et le pire, c'est qu'au fond de lui il aimait ça. Bordel, il n'était pas comme ça avant...

"Tch. Fous-moi le camp, j'suis pas venu pour te coller des pains."

Bon sang, viendrait-il un jour où il sera satisfait de ses progrès sans découvrir ce que cela a créé de mauvais en lui ?

Hé bien au moins, comme tout bon gamin, imbécile ou autre truc stupide et rêveur, ce Yan paraissait prendre son pied à s'être fait démolir en un coup. Il paraissait...optimiste, enjoué même. Curieux et crétin personnage, tirer une leçon d'un lattage de gueule, c'est bien. Être content de s'être fait rétamer comme une larve, ça craint. Enfin, on va dire qu'au moins il avait la partie qui comptait le plus, la volonté de faire mieux un jour...

Le guerrier au torse nu lui lança un regard assassin lorsque le p'tit gars l'interrogea sur l'objet de ses recherches. Par habitude, par mépris, par principe...Kodaïan détestait qu'on s'intéresse de près à lui, et en particulier quand ça touchait à certains domaines. Comme ici, sa frangine disparue.
Durant quelques secondes, son esprit impulsif tira des conclusions expéditives, se disant qu'il valait mieux expédier ce gland si fort qu'il découvrira s'il y a une mort après la vie (quoi ?) et l'éloigner pour de bon de son objectif.
Cela dit, le Saiyan eut la patience naturelle de prendre le temps de réfléchir quelques secondes au bien-fondé de cette impulsion. S'il commençait à envoyer ad patres tous les pauvres gars qui lui adressaient la parole, c'était pas gagné pour retrouver la frangine...

"Une fille."

Kicker ce mec jusqu'à l'autre bout de l'Outre-monde ne l'aurait pas dérangé plus que ça, mais il avait besoin justement de causer un peu avec les glands post-vivant pour retrouver Lettucia. Il n'avait aucune idée d'où elle pouvait se trouver, ni quelle pouvait bien être sa signature énergétique, ou quoique ce soit. Seulement qu'il était persuadé de la reconnaître s'il la voyait...
Cela dit, il n'avait nul besoin de s'encombrer d'une totale vérité ou de politesse dans ses explorations.

"Une gamine plus précisément, Saiyanne, d'environ cinq ans. Morte il y a longtemps."

Comme bien d'autres avant lui, Yan parut réfléchir à sa question, sans se permettre de se perdre en discussions inutiles ou de prendre à la légère le Saiyan au regard dur et aux muscles saillants. Et comme tous les autres jusqu'alors, sa réponse fut négative.
Misère de misère, Kodaïan aurait su s'accoutumer au fait que le monde des morts, recueillant tout l'Univers depuis des éons, devrait être titanesquement immense...mais il ne parvenait pas à se faire à l'idée que sa si chère soeur était juste là, quelque part dans cette...dimension post-vivante, peut-être même déjà à portée de main et qu'il ne parvienne pourtant à la trouver malgré ses pouvoirs.

"Mouais. Merci on va dire."

Beaucoup de questions de moralité se bousculaient dans sa tête, encore une complication de plus à prendre en compte... Bon sang, ça n'en finissait jamais toutes ces histoires, est-ce que les choses ne pouvaient pas être simples ?
Laissant là ce petit gars plein de volonté à défaut de puissance, le guerrier de l'espace reprit à nouveau la voie des airs, s'envolant à pleine vitesse, pris d'un furieux besoin de se défouler, chose qui lui était devenue compliquée depuis sa mort définitive et qui empirait d'heure en heure suite à la frustration d'échouer dans ses recherches.