S'occuper de ses tournesols était sans aucun doute une des choses que la Zélodienne aimait le plus. Lorsqu'elle regardait ses plans, des millions de pensées se bousculaient dans son esprit, certaines plus plaisantes que les autres... Son frère, qui était mort ici-même, faisait partie des pensées ambiguës. Elle aimait penser à lui autant qu'elle détestait se souvenir de sa mort. Parfois elle avait l'impression que les fleurs, là où son frère était mort, étaient plus sombres, tirant sur l'orangé. Avec un sourire empli de nostalgie, elle se pencha sur l'une des plantes pour retirer la vermine qui avait commencé à se nicher entre les feuilles. Elle avait toujours refusé de se servir de produits pour protéger ses plantes, car cela les détérioraient autant que ça ne les défendaient. Inu la regardait faire de loin, assis sur une murette. Il penchait légèrement la tête sur le coté, sa queue évanescente remuant paresseusement derrière lui.

Et puis... Ce fut l'apocalypse.

Un son diffus attira son attention et elle leva les yeux vers le ciel limpide où un point noir descendait, de plus en plus gros. Bientôt Cassiopée se rendit compte que le point n'était pas un point mais une personne, et qu'elle tombait droit dans son parterre de fleurs ! Bondissant en arrière avec un cri de surprise, elle ne put que regarder la silhouette ravager son jardin, à moitié horrifiée. Enfin, la silhouette... Il y avait en réalité deux personnes. Une femme, assez jeune, et une fillette. Choquée de ce soudain chamboulement de son quotidien, elle ne remarqua pas qu'Inu était descendu de son perchoir pour approcher de la femme inerte sur le sol et pousser son museau contre sa main. En revanche, elle entendit très bien les suppliques de la petite fille.

- Aidez là .. S'il vous plais ...

Sans se faire prier, Cassiopée posa une main sur l'épaule tremblante de la fillette et la regarda droit dans les yeux. Ce n'était pas son genre de refuser son aide à qui en avait besoin... Or, la jeune femme qui venait de tomber dans ses fleurs semblait réellement mal en point.

- Je vais l'aider, ne t'en fais pas. Je ferais tout ce que je peux.

Elle se pencha ensuite sur la femme blessée, regrettant de ne pas savoir faire de magie de soin. Sa spécialité, c'était plutôt la chasse aux démons... Mais avec toutes ses préparations de plantes, elle pourrait certainement faire quelque chose. Elle enverrai Inu porter un message au Zelodien médecin le plus proche tout de même, dès que son "invitée" serait à l'intérieur et en sécurité. Elle prit le poule de la jeune femme, s'assurant qu'il battait encore, s'étonnant en passant de son absence d'oreilles et de queue de renard. Cassiopée n'avait jamais vu d'humanoïde non-Zélodien. Puis, après s'être assurée qu'elle supporterait le voyage, elle attrapa le bras de l'inconnue et le passa autour de ses épaules pour pouvoir la soulever sous le regard attentif d'Inu. Bon sang, elle faisait son poids ! Et Cassiopée était loin d'être une sportive... Elle se tourna vers la petite Zélodienne, lui faisant un sourire qui se voulait rassurant.

- Suis-moi.

Sans attendre de voir si elle avait été entendue et obéit - la situation était trop urgente pour qu'elle se le permette, elle elle attaqua la longue marche jusqu'à l'entrée de la demeure de sa tante. Elle jeta un regard vers son parterre de tournesols ravagé et couvert de sang - encore - et poussa un long soupire, les yeux humides.

Trop de gens avaient décidément souffert dans ses fleurs préférées. Elle en avait mal au cœur...

Elle était épuisée lorsqu'elle arriva enfin dans son salon sous le regard ahuri d'un domestique. Le Zélodien se glissa néanmoins promptement sous le second Bras de la blessée, rougissant violemment à la vue de sa poitrine nue, et ensemble ils la déposèrent sur un canapé couvert d'un tissu très doux. Inu vint sur le canapé avec la jeune femme et continua à pousser sa main de son museau pour tenter de la réveiller tandis que Cassiopée se jetait pratiquement sur un papier et une plume pour écrire une phrase très courte : "J'ai une blessée, j'ai besoin d'aide très vite". Elle approcha ensuite de son Shikigami pour lui glisser le mot entre les dents.

- Portes ça au plus proche médecin s'il te plais. Hâtes-toi...

La créature la regarda un instant dans les yeux avant de filer comme le vent pour sortir de la maison. Alors la Zélodienne put se concentrer sur sa patiente et commencer à nettoyer ses plaies avec la bassine d'eau et le linge propre apporté par le domestique, prévenant, pendant qu'elle écrivait son mot et confiait sa mission à son familier. Le domestique avait d'ailleurs quitté la pièce très rapidement, gêné par la présence d'une femme pratiquement nue dans la pièce. Ppour sa part, Cassiopée n'avait pas le temps de s'attarder sur ce genre de détails.
   

La renarde attendait avec impatience le retour d'Inu avec un médecin. La fillette semblait mortellement inquiète pour la blessée, et Cassiopée n'en menait pas large elle non plus. Elle avait finit de nettoyer les blessures les plus sérieuse et, lorsqu'Inu précéda le médecin de quelques minutes, elle eut tout juste le temps de tirer une couverture sur son corps presque nu. Sans demander d'explication, le guérisseur se mit à l'ouvrage, utilisant sa magie puissante pour soigner les blessures de la jeune femme sous le regard attentif et inquiet de la maîtresse des lieux.

Le temps passait, et bientôt l'ennui vint accompagner l'angoisse. Cassiopée repensa à ses tournesols ravagés, et elle ne put refouler ses larmes cette fois-ci. Des années d'entretien, et une bonne moitié était à présent déracinée et détruite par l'atterrissage catastrophique de son invitée. Elle chercha Inu du regard, et le Shikigami vint se blottir sur ses genoux pour la consoler de sa chaleur.

- P..Pina ...

Cassiopée sursauta en entendant la blessée prononcer ses premiers mots, mais elle semblait toujours trop faible pour faire plus que ça. En tout cas, cela sembla rassurer la petite Zélodienne d'entendre son amie parler. Restant à l'écart, la renarde solaire observait les soins en se demandant combien de temps il faudrait au médecin pour remettre la jeune femme sur pieds. Ce fut finalement au bout de plusieurs heures d'attente que la main de la blessée se tendit pour prendre le poignet du guérisseur.

- Ça va aller ... Merci ...

Sa voix était encore faible, mais elle semblait pouvoir prononcer une phrase complète, ce qui était déjà un net progrès. Cassiopée se leva de sa chaise pour approcher avec curiosité de la blessée tandis que le médecin reculait de quelques pas, visiblement épuisé. Avec reconnaissance, elle posa une main sur l'épaule de cet homme qui avait accouru pour sauver une vie et lui sourit.

- Reposez-vous, vous l'avez bien mérité... Si vous voulez dormir, je peux mettre une chambre à votre disposition, et si vous avez faim n'hésitez pas à demander, vous êtes mon invité et je vous dois un grand service.
- [color=crimson]Merci, mais je vais rentrer chez moi et y dormir tout mon soul. Appellez-moi en cas de problème...

L'homme secoua un peu la tête avec un sourire épuisé. Il était médecin, c'était son devoir de sauver des vies, tout comme c'tait le devoir de Cassiopée de défendre la ville des attaques des démons... Chacun son rôle, et le médecin venait de s'acquitter du sien avec un grand dévouement. Il adressa à la renarde un salut poli et s'en alla.

- Osu ... Désolée, j'ai dû .. causer une belle pagaille hein ? Je ne suis pas tombée sur toi hein ?

La Zélodienne secoua légèrement la tête avec un sourire tranquille. Effectivement, son invité allait mieux... Elle pourrait se remettre seule à présent. Elle avait causée une belle pagaille oui... Elle avait totalement dévasté ses tournesols, et elle saigné sur son canapé. Mais Cassiopée était tout à fait capable de passer outre tout ça... Elle ne 'avait après tout certainement pas fait volontairement. La Zélodienne tira deux chaises proche de la blessée, une pour la fillette et une pour elle-même, et s'installa sur la sienne d'un air dégagé.

- Vous ne m'êtes pas tombée dessus, et heureusement... Je crois que j'aurais été assommée pour le compte et que vous auriez mis un moment à recevoir des soins appropriés. Fort heureusement, mes tournesols sont les seuls à pâtir de votre atterrissage canon. Mais ce n'est pas grave... Vous vous sentez mieux ?

Alors que sa voix s'était faire pleine d'amertume lorsqu'elle avait abordé ses fleurs malmenées, cette touche sombre s'était immédiatement évaporée pour laisser la place à une inquiétude sincère. Elle s'en faisait réellement pour l'état de santé de la jeune femme. Elle s'en faisait d'ailleurs également pour l'enfant, qui était restée au chevet de son amie plusieurs heures et devait être fatiguée et affamée. La nuit était tombée depuis une bonne heure... Cassiopée se tourna donc vers la jeune Zélodienne.

- Si tu as faim, dis-le moi et je t'apporterais quelque chose. Si tu est fatiguée, n'hésite pas non plus, et je te trouverait un lit ou dormir. Tu dois être épuisée...
   

- Excuse moi pour ça ... Je ne contrôlais pas réellement ma chute. Je t'en ramènerais des graine de la Terre, y as beaucoup de champs de tournesol là bas ! Je pourrais t'emmener voir si tu veux ! Y as pas que des tournesols sur Terre, y as aussi pleins d'autres fleurs et de la bonne nourriture aussi. Ce qu'on mange ici est aussi super bon, mais pas aussi sophistiquer que là bas...

Cassiopée n'avait aucune idée de ce qu'était la "terre", mais elle n'insista pas. Son invitée n'était de toute manière pas en état de subir un interrogatoire poussé. En revanche, cela l'amusait de l'entendre changer de sujet presque sans s'en rendre compte pour parler de nourriture. Elle se sentit légèrement vexée lorsque la jeune femme dit que la nourriture de la "terre" était plus sophistiquée qu'ici, mais elle décida de ne pas s'en formaliser. Elle finit néanmoins par se taire, se rendant probablement compte qu'elle avait dérivé ou qu'elle s'était peut-être montrée indélicate. En tout cas, ce fut l'occasion pour Cassiopée de constater que la petite Zélodienne dormait déjà comme une souche.

- Elle ne bougera pas d'ici avent demain j'en ai peur, mais ce n'est pas grave, je n'ai pas tellement la force de me lever non plus ... Merci de m'avoir aider, je m'appelle Pan, Son Pan

Avec un léger sourire, la renarde se leva de sa chaise. Son Pan... Ce n'était certainement pas un nom courant, mais elle le trouvait joli. Court. Pratique, mais sonnant bien en même temps.

- Mais de rien, ce fut un plaisir. Personne d'autre ne perdra la vie dans mes tournesols...

Une ombre passa dans son regard, mais la sensation familière d'Inu venant se frotter à sa cheville ramena un sourire un peu timide sur ses lèvres. Elle se pencha, offrant sa main à la créature, et cette dernière grimpa pour se percher sur son épaule et enrouler sa queue autour de sa gorge pour être sur de ne pas tomber.

- Je me nomme Cassiopée. Enchantée de vous connaître.

Jugeant que Pan était peut-être un peu trop épuisée pour lui serrer la main, elle ne la tendit pas, préférant se dirigez vers un placard pour en sortir une lourde couverture de soie doublée d'une laine douce et épaisse. Elle déposa la couverture sur la jeune femme et sa protégée pour les gardes au chaud. Qu'elles prennent froid pendant la nuit, cela n'arrangerait pas l'état de la blessée...

- Peut-être voudrez-vous manger quelque chose avant de dormir ? Il se fait tard...

Elle réfléchit en attendant une réponse à ce qu'elle pourrait bien lui servir. Ainsi allongée, elle n'était peut-être pas le mieux installée pour se nourrir, mais la renarde se doutait qu'elle ne pourrait passe lever, déjà à cause de ses blessures, mais aussi de la jeune Zélodienne accrochée à son bras. On pouvait oublier tout ce qui était plat préparé avec de l'eau comme les soupes... Peut-être du riz en boulettes avec des algues, ou de la viande... Voir même des fritures. Les fritures semblaient une bonne idée.
   

Visiblement, la dénommée Pan était bien trop épuisée pour manger. Elle s'endormir comme une masse sur le canapé, et la Zélodienne la regarda un court instant avec amusement. Quel étrange personnage... Tombée du ciel, ne possédant ni les oreilles ni la queue de renard qui était l’apanage de tout Zélodien... Pour sur, elle aurait des question à lui poser. Mais avant elle voulait être certaine que son invitée serait reposée et en état d'entretenir une conversation. Ce serait en effet très malavisé de sa part de gêner sa guérison en la fatiguant de questions... Finalement, elle laissa là son invitée et regagna sa propre chambre pour faire une rapide toilette et se mettre au lit.

Le lendemain, elle se réveilla avec le soleil et se leva immédiatement. Elle aimait traîner au lit, mais elle ne pourrait pas se le permettre aujourd'hui. Elle devait s'occuper de son invité, et si elle ne rechignait pas à l'aide de ses domestiques, elle leurs laissaient tout de même simplement le soin de la maison, préférant se préparer elle-même sa nourriture et s'occuper seule de son jardin. Elle s'habilla rapidement et descendit les marches menant au salon. La maison se réveillait, les quelques domestiques s'affairant déjà à la préparation du pain - la partie de la cuisine que leurs laissait Cassiopée - et au rangement.

Lorsqu'elle arriva dans le salon, elle trouva Pan réveillée, et sa protégée toujours endormie contre elle. La Zélodienne adressa un grand sourire à la jeune femme, qui avait l'air d'aller beaucoup mieux que la veille. Plus alerte en tout cas. Pour un peu, elle aurait pu croire qu'elle avait surestimé l'importance de ses blessures, mais elle en doutait. Elle savait déterminer l'état de santé de quelqu'un. Elle prit la parole d'une voix douce et basse pour ne pas réveiller l'enfant qui dormait encore :

- Bonjour. Vous avez l'air de vous sentir beaucoup mieux, ça fait plaisir à voir. Vous avez bien dormi ?

A vrai dire, si elle en avait eu la possibilité, elle lui aurait bien préparé une chambre pour qu'elle puisse dormir dans un réel confort et se soigner le mieux possible, mais les événements s'étaient un peu précipités la veille et entre les soins et la fillette qui s'était endormie sur elle, plus son état de faiblesse qui l'avait empêché même de manger... Intérieurement, Cassiopée se promit de régler ce problème dans la journée et de faire préparer une véritable chambre pour Pan. Elle devrait aussi lui demander si elle voulait sa protégée avec elle, histoire de savoir s'il fallait préparer deux lits ou un seul... Elle désigna la petite fille.

- Elle devait être épuisée.

Elle reporta ensuite son regard sur Pan, prenant place sur la chaise de la veille qu'elle n'avait pas rangée après s'en être servi.

- Vous vous remettez drôlement vite. Vous avez peut-être faim ?

Ça devenait un peu redondant comme question, mais son invitée n'avait rien mangé depuis la veille et elle était arrivée épuisée. Elle avait certainement besoin de reconstituer ses forces pour guérir plus efficacement... Et puis Cassiopée devait bien admettre qu'elle avait elle-même assez faim, puisqu'elle n'avait rien mangé la veille au soir, occupée qu'elle était à se ronger les sang pour la jeune femme tombée du ciel.
   

Lorsque Pan se leva pour déposer l'enfant Zélodienne sur le canapé, Cassiopée détourna pudiquement les yeux en rougissant. La veille, elle n'avait pas eu trop le temps de s'en occuper, mais à présent que son invitée allait mieux elle se sentait gênée par sa nudité. Elle se passa une main dans les cheveux en portant son autre main, refermée en un poing pour masquer un raclement de gorge.

- Si vous avez besoin de vous laver je peux vous conduire aux bains... Ils sont toujours chauffés, on a de la chance de se situer au dessus d'une source d'eau chaude. Pour ce qui est de vos vêtements, vous n'aviez pas de bagages en arrivant... Je peux voir si j'ai des vêtements à vous prêter.

Elle jeta un regard en coin à Pan histoire de la détailler un peu, de voir sa taille, sa corpulence... Elle était un peu plus grande, et certainement plus massive. Peut-être que des vieux vêtements de Sirius feraient l'affaire. Même s'il était fragile, il restait plus grand qu'elle. Et comme il aimait comme elle les vêtements amples, elle en trouverait bien un qui irait à son invitée.

Lorsqu'elle réalisa qu'elle était en train de penser à son frère, elle devint soudain très pâle. Le souvenir de ses tournesols ravagés s'imposa à elle et elle tourna le dos à son invitée pour qu'elle ne voit pas les larmes briller dans ses yeux. Inu entra alors dans la pièce, comme interpellé par le malheur soudain de sa maîtresse, et la Zélodienne se pencha pour le prendre dans ses bras et le serrer contre son cœur.

- Venez... Je vais vous conduire aux bains et... vous chercher des vêtements...

Sa voix était légèrement chevrotante et elle se maudit de ne pas avoir mieux su la contrôler. Elle attendit quelques secondes que Pan finisse de se lever et, peut-être, de s'enrouler dans la couverture qu'elle lui avait prêté, puis elle prit le chemin de la salle d'eau d'un pas lent et mesuré. Plusieurs années, et le souvenir de la mort de son frère la faisait toujours autant souffrir. Elle soupira.

Lorsqu'elle arriva devant la porte de la salle de bain, elle la montra du doigt sans encore faire face à son invitée. Elle avait un peu pleurée, et elle ne voulait pas que cette inconnue ne voir son visage mouillé de larmes ni ses yeux rouges et humides. Cependant, lorsqu'elle reprit la parole, elle avait quelque peu recouvré le contrôle de sa voix et elle put donc s'exprimer d'un ton plus claire, plus posé :

- Vous trouverez de quoi vous sécher à l'intérieur. Le vais vous chercher des vêtements...
   

Laissant Pan à la salle de bain, la renarde prit le chemin de la cuisine. Habituellement, elle cuisinait elle-même sa nourriture, mais elle n'avait pas envie aujourd'hui. Déjà parce-qu'ils étaient deux et que son invitée aurait certainement très faim vu l'état dans lequel elle était arrivée, mais aussi... Parce-qu'elle voulait commencer à s'occuper de ses fleurs pendant que son invitée se lavait. Elle interpella l'un des domestiques - ils travaillaient tous pour sa tante, mais elle les lui avaient laissés - et lui demanda de préparer un petit-déjeuné copieux et une certaine quantité de volailles frites, car elle en avait envie depuis la veille, puis elle le remercia chaleureusement de son aide avant de partir vers le jardin... Vers ses tournesols.

Ils étaient réellement ravagés. Elle ramassa quelques brassées de ses précieuses plantes irrémédiablement brisées et les jeta sur le composte. Puis elle retourna dans le massif et examina soigneusement chacune des plantes pour vérifier son état. Plusieurs avaient des feuilles et des pétales pliées, et elle tenta de les redresser tant bien que mal. Elle se rendit alors compte que Pan, en tombant, avait laissé des taches de sang sur le sol et sur certaines plantes. En les voyant, elle se laissa tomber assise et soupira lourdement. Alors, enfin, elle se laissa aller aux larmes.

Elles inondaient ses joues, coulaient même sur son menton et s'écrasaient sur le devant de sa robe tandis que ses épaules s'agitaient de sanglots silencieux. Ces tournesols signifiaient beaucoup pour elle, et être présentée ainsi, sans la barrière de l'imagination, devant leur triste état alors qu'elle en prenait soin depuis maintenant plusieurs années la déprimait profondément. Jusqu'ici, depuis la veille, elle avait été occupée par son invitée et elle n'avait pas pu réellement voir l'état de ses plantes, mais maintenant qu'elle était au beau milieu... Elle se releva finalement, mais les larmes ne cessaient pas de couler. Elle ramassa les dernières fleurs détruites et prit un mouchoir dans sa poche pour essuyer soigneusement les traces de sang sur les plantes, les chassant littéralement.

Elle entendit les pas qui s'approchaient d'elle avant de voir arriver Pan, et elle lui tourna à nouveau le dos le temps d'essuyer ses joues d'un revers de la main. Lorsqu'elle fut certaine que son visage était débarrassé de toute trace d'humidité, elle se tourna vers son invitée qui semblait extrêmement joyeuse. Elle ne voulait pas casser sa bonne humeur, aussi força-t-elle un sourire à étirer ses lèvres en rangeant son mouchoir dans une poche de sa robe.

- Bon saaaaaang ! ça faisait tellement longtemps que je n'avais pas pris un bain aussi bon ! J'ai même pas souvenir d'en avoir déjà pris un en fait ! On avaient l'eau courante au Mont Paozu, mais ça n'a rien a voir avec une source thermal !
- Contente qu'elles vous plaisent... Et si nous allions manger ?

Elle avait encore les yeux rouges et était profondément déprimée, et c'est les épaules voûtées qu'elle reprit le chemin de la maison pour guider son invitée vers la salle à manger ou le repas les attendaient déjà. Deux assiettes, un saladier remplie d'ailes de volailles frites, une salade assez volumineuse aux racines râpées, et quelques pâtisseries - bien que Cassiopée ne soit pas friande de la nourriture sucrée, le domestique qui avait cuisiné leur petit-déjeuné avait du se dire que Pan apprécierait peut-être, et la renarde espérait qu'il n'avait pas eu tors. Elle l'invita à s'asseoir sur une chaise, puis prit place sur la seconde avant de commencer à garnir son assiette d'ailes de volailles. Dieux, que l'odeur de la viande grillée lui faisait envie...
   

Ola... Pan était en train de faire un sort au petit-déjeuné ! Abandonnant le morceau de volaille qu'elle était en train de manger, Cassiopée attrapa prestement le saladier pour se servir des racines râpées en salade avant que son invitée ne la fasse disparaître dans son estomac visiblement sans fin. Alors qu'elle se servait, la petite Zélodienne qui était arrivée avec pan arriva dans la salle à manger, visiblement encore embrumée de sommeil.

- Okaasan est une Saiyajin, les Saiyajin doivent manger beaucoup pour bien marcher sinon ils deviennent tout mou
- Une Saiya... Quoi ?

Mais l'explication semblait se suffire à elle-même puisqu'elle fut confirmée par Pan d'un grand hochement de tête. La petite louchait sur les pâtisseries, et j'allais lui dire d'en prendre une lorsque mon invitée me devança et en attrapa une pour la tendre à la renarde. Avec un léger sourire un peu paniquée, Cassiopée recommença à manger sa volaille frite tandis que Pan finissait la montagne de fritures entassées dans son assiette.

- J'adore vos fritures ! Elles sont aussi bonnes que celles que me faisait ma maman ! Je peu en avoir d'autres ?

La renarde hocha la tête en jetant un regard suppliant au domestique qui venait justement vérifier comment se passait le repas, et ce dernier, légèrement pâle devant la masse de travail qui s’annonçait, quitta la pièce après une légère courbette avant de partir en quête des autres domestiques de la maison. Il réunit tout ce beau monde sous sa férule - à savoir trois ou quatre personnes - et ensembles ils entreprirent de faire suffisamment de fritures pour un régiment dans la panique la plus totale.

Pendant ce temps, Pan enchaînait :

- Mon grand père me disait toujours que pour être une Saiyajin bien forte il fallait beaucoup manger, ça faisait pousser les muscles... Moi j'ai pas de muscles, du coup je me demande bien ce qui as put pousser...

Elle sembla réfléchir quelques instants avant de poser les yeux sur ses seins, et tandis que Cassiopée comprenait instinctivement le chemin suivi par les réflexions de la jeune femme, elle sentit ses joues rougir violemment. Elle étouffa sa gêne en prenant une nouvelle bouchée de sa salade et en mordant dans une aile de volaille, avec l'impression d'avoir beaucoup trop chaud. Elle allait peut-être monter dans sa chambre et mettre une robe plus légère... Quoi que... En repensant au regard de Pan, elle secoua violemment la tête, oubliant cette idée. Alors qu'elle s'abîmait dans la gêne, un domestique arriva avec un nouveau plateau de fritures.

Et ainsi le repas se poursuivit. lorsque la petite Zelodienne eut finit sa pâtisserie, Cassiopée en tendit une autre vers elle avec un sourire pour l'encourager à manger. Elle était son invitée au même titre que la... Saiya-quelque chose, et elle avait droit de manger autant qu'elle - enfin... Dans le sens figuré. Parce-qu'au sens propre, la renarde était face à l'une des plus grosses interrogations de son existence : Comment pouvait-on manger autant sans exploser ? Voila qui méritait une rédaction avec thèse, antithèse et synthèse, vous avez deux heures et c'est noté.

Enfin... Elle finit son petit-déjeuné, déjà copieux pour elle avec seulement cinq ou six ailes de volaille et un peu de salade, et elle posa ses coudes sur la table pour loger son menton dans ses mains et regarder Pan dévorer, et dévorer encore... et encore... et encore... et encore... Bon ca va devenir un sketch la !
   

La renarde se saisit de la main de Pan alors que celle-ci détaillait le nom de sa technique et l'endroit où elle l'avait appris. Tout cela ne parfait pas énormément à la jeune femme, qui ne connaissait pas le moins du monde la planète "Yardrat", pas plus qu'elle ne connaissait d'autre planète que celle où elle se trouvait, Zélod III. Le nom de la technique ne lui était pas familier non plus, et elle se dit qu'elle verrais bien... Et pour le coup ouais, elle a bien vu !

Pan finissait de parler lorsqu'il y eut un léger bruit qui fit un peu mal aux oreilles sensibles de la renarde, et elles se retrouvèrent, avec Pina... A haute altitude. Très, très haute altitude. Le ciel, bleu, s'étendait autour d'eux dans l'immensité la plus totale, même pas barrée du moindre petit nuage... Et pour cause, elles se situaient beaucoup trop haut pour pouvoir les voir autour d'elles... Ou plus haut d'ailleurs.

- Bienvenu sur Terre les filles ! Vous inquiétez pas si c'est un peu dur de respirer c'est qu'on est dans la tours Karin très haut en altitude. c'est là que sont cultiver les Senzu, c'est le médicament que je suis venue chercher ! Des que j'aurais ce que je suis venue chercher, on descend et on vas te trouver tes graines

Et en effet, il était assez difficile de respirer à une tel altitude, et elle avait l'impression que l'air lui manquait. Poussée par la curiosité, elle s'approcha des bords de la plateforme sur laquelle elles étaient, et elle put constater qu'elle se situait à une hauteur faramineuse au dessus de la cime des arbres en contrebas... Alors elle ne savait pas quel pouvait être la différence de taille entre les arbres d'ici et ceux de chez elle, mais si ils faisaient la même taille...

Elle sentit la tête lui tourner et elle se jeta en arrière avec un grand "WAAAAH" horrifié, puis elle se rapprocha de Pan et s'accrocha à son bras d'un air terrifié en zyeutant le bord de la plateforme comme si on allait l'attaquer

- C'est... c'est... Elle déglutit, tremblante, avant d'enfin réussir à articuler une phrase à peu près construite : C'est très beaucoup vachement haut...

Ses oreilles étaient couchées sur son crâne à cause de sa peur, mais elles se redressèrent en entendant un bruit émis par une autre créature qu'elle-même, Pina ou Pan. Un léger ronronnement. Elle tourna la tête dans un mouvement si rapide qu'elle en eut presque mal à la tête pour constater la présence d'une petite créature féline équipée d'un bâton qui les regardaient d'un air... Neutre on va dire. Ses yeux donnaient l'impression d'être clos, et son pelage blanc avait l'air soyeux au touché.

- Euh... B... Bonjour...

Elle avait eu peur pendant un moment que la créature ne décide de les attaquer - La hauteur la rendait réellement paranoïaque - mais apparemment, elle n'était animée d'aucune intention belliqueuse. Cela dit, Cassiopée refusa de lâcher le bras de Pan. Elle avait bien trop peur qu'une bourrasque ne la jette dans le vide... Oui, elle avait "un peu" peur du vide.
   

La Zélodienne observa avec une curiosité non feinte l'échange entre Pan et l'étrange gros chat. Ils parlaient de Senzu, ce fameux médicament que la jeune femme était venue chercher, de radis qui étaient censés être morts et finalement, la créature féline alla chercher une petite sacoche qu'elle donna à Pan en échange de la promesse de cette dernière de s'occuper de ce fameux radis-qui-était-censé-être-mort-mais-en-faite-non. Le problème avait l'air plutôt urgent, même si Cassiopée avait du mal à saisir en quoi une racine pouvait être dangereuse... Peut-être que sur cette planète, les légumes avaient mutés et étaient-ils devenus menaçants ? Elle avait cependant du mal à croire, mais après tout rien ici ne devait être comme sur sa planète d'origine... Alors tout était possible !

Finalement, Pan se tourna vers elle et sortit deux... haricots ? de la poche donnée par le chat pour les lui donner. D'un air curieux, la renarde se saisit des petits légumes et les tint dans sa main en coupe, les examinant longuement. Indéniablement, c'était des haricots. Mais elle ne reconnaissait ni leur variétés, ni leurs propriétés. Et si ça se cultivait, dans quels conditions, et avec quels prérequis ? Oubliant complètement la hauteur, elle examina les petites choses dont Pan disait qu'elles pouvaient soigner n'importe quelle blessure ainsi que certaines maladies et restaurer l'énergie et le "Ki", bien qu'elle n'eut aucune idée de ce que pouvait bien être cette dernière chose. Un haricot qui guéris... Il fallait absolument qu'elle apprenne à le cultiver. Avec une chose pareille, elle aurait peut-être pu sauver son frère... Elle serra fort les haricots dans sa main pendant quelques instant avant de les faire glisser dans sa poche, dans un petit réduit prévu spécialement pour les objets très précieux.

- ...père que tu aura moins peur sans sol sous tes pieds !

Soudain ramenée au présent, la renarde eut un sursaut et jeta un regard angoissé vers le vide. Pan voulait sérieusement l'emmener hors de cet endroit ? Mais comment allaient-elles s'en aller ? ...Sans le sol sous ses pieds !? Alors là, elle sentit carrément la panique la saisir. Il était hors de question qu'elle s'envole ! Elle tremblait carrément, hésitant presque à se planquer derrière Pina...

- Euh... Hum... On devraient peut-être s'occuper d'abord du problème évoqué parle ch... euh... Karin-sama non ? Comme ça ce sera fait, et on pourras faire ce qu'on voulait sans que tu n'ai en tête tes devoirs... Et puis... Moi je ne suis pas pressée tu sais... Je peux euh... t'attendre ici, là où j'ai les pieds sur quelque chose de solide...

Ce disant, elle louchait sérieusement sur le vide à deux pas d'elle, qui la faisait juste mourir de terreur. Bon dieu, mais dans quoi elle s'était embarquée elle encore ! Plutôt affronter une armée de démon que de se retrouver à nouveau perchée à une telle hauteur ! Et encore plus si on voulait la faire s'envoler ! Après, si Pan se servait de sa méthode de déplacement qui les avaient amenées ici, ce serait sans doute moins problématique... Joignant ses doigts devant elle, elle ne pouvait cependant pas s'empêcher de fixer le vide avec de grands yeux apeurés, le visage aussi blanc que de la craie.

- Sinon on peut utiliser ta méthode de déplacement qui nous a ammenés ici, ce sera beaucoup moins... dangereux...

Elle déglutit. En réalité, elle était au bords des larmes tant elle était terrorisée à l'idée de voler.