La forme la plus faible que j’arbore n'est pas très impressionnante, elle ressemble étrangement à un Homme, mais un en très mauvais état, masquant ce qu'il peut de son visage sous une capuche blanche, le corps meurtri. Mes autres formes sont plus imposantes, laissant apparaître un crâne bestial en tant que visage ainsi qu'un corps empreint de mal, monstrueux et difforme.
Ces formes rappellent immédiatement la peur qu'inspirent les démons, tout paraît menaçant, même quand je tente de ne pas l'être.

La rancœur, la peur, la haine, la colère, la tristesse, la solitude et le désespoir, les sept facettes composant mon esprit, non pas que je m'en vante, bien au contraire, ne pouvoir ressentir que ces émotions est un supplice sans fin, une torture qui pousse à la folie, une folie qui elle-même me pousse à vouloir la mort et la destruction sans distinction, aucune. C'est une chose très bien vue cher les démons, cependant, peu d'entre eux sont comme moi, ils sont plus vaniteux que destructeurs, dans mon cas, le pouvoir ne compte que pour mieux observer tout le reste brûler, mourir, disparaître. Malgré tout, la plupart des événements ne m'affectent pas, la folie destructrice qui m'habite couvre toutes les autres facettes de mon esprit... Pour l'instant... Je ne suis pas méchant. Je suis chaotique.  

Savez-vous comment naissent les dieux ? Non ? Et bien, je vais commencer par là. Dans notre Monde, quelque part dans le domaine des dieux se trouve un arbre immense, si grand que ses branches se trouvent au paradis et ses racines en enfer. Cet arbre immense donne, dans des cas extrêmement rares, des fruits, ces fruits sont en quelques sortes des œufs se divisant en deux catégories : les rouges, donnant naissance à des Kaïos et des dorés donnant naissance à des Kaïoshins. Seulement, l'arbre est si grand que parfois, l'un de ses fruits tombe dans le Makaï, la dimension dans laquelle vivent les démons et dans laquelle se trouve "l'enfer", et lorsque cela se produit, alors naît respectivement un Makaïo si le fruit et rouge et un Makaïoshin si le fruit est doré. Le fruit m'ayant offert la vie était doré et ce dernier est lentement tombé dans la Makaï, libérant l'être au corps meurtri que je suis.

Dès la naissance, les Makaïoshins déploient une énergie considérable, ainsi ma naissance ne passa pas inaperçue, de nombreux démons vinrent à ma rencontre, la plupart montrant quelque chose de rare cher cette race maléfique : du respect. Ils étaient intimidés par le ki maléfique pur qui émanait de moi. D'autres, plus maléfiques essayaient de démontrer leur supériorité en me défiant dans un combat singulier, ceux-là, je les ignorais, évitant simplement leurs coups en attendant qu'ils ne se calment ou que d'autres le fassent pour eux. Le temps passait doucement et je pouvais lentement apprendre de ce qu'il se passait autour de moi, je pouvais y observer une hiérarchie basée sur la force, physique comme magique, les démons se battaient les uns contre les autres pour savoir qui était digne de commander qui. Et c'est pendant cette analyse que j'entendis pour la première fois le nom de Dabura. Il ne s'agissait pas d'un démon, mais d'un Makaïo très puissant, il avait conquis le monde des démons en démontrant sa force et son ingéniosité. J'étais curieux à son propos, après tout, il était comme moi, tombé du ciel pour atterrir dans ce trou puant où les démons essayaient de paraître plus imposants qu'ils ne l'étaient vraiment...
Alors que j'étais encore très jeune, le Roi des démons voulut me rencontrer, curieux de mon origine, c'est ce jour que je le rencontrais pour la première fois et je fus déçu. Il était certes puissant, mais pas impressionnant, il ne faisait rien, les Ducs et Hauts-démons étaient ceux qui me donnaient envie, ils étaient pour beaucoup aussi puissants que le Roi, mais avaient des formes physiques bien plus impressionnantes. J'avais, à cette époque envie de devenir l'un d'eux, de siéger avec les Hauts-démons afin de, un par un, les détruire, les consumer pour finalement être seul devant Dabura. Je voulais voir celui que les démons appellent "Roi" me montrer un visage terrifié, que j'entende ses suppliques avant de le détruire ou de le soumettre. Cette simple idée m'a fait grandir, chaque fois que je détruisais une créature, je savais que je me rapprochais de mon ultime ambition...

Mais c'est un jour pendant la conquête d'une planète que je fus pour la première fois, non pas impressionné, mais émerveillé, alors que j'observais les combats, les évitant grâce à ma capacité de transportation instantanée, je voyais alors des milliers de soldats et de civils périr sous un feu meurtrier, ils hurlaient, ils gémissaient, tout était magnifique, la planète elle-même semblait souffrir, le ciel sombre, rougi par les flammes dans son atmosphère, la terre tremblant sous les millions de bombes de ki qui la frappait, j'entendais dans les sons de la guerre une magnifique et inénarrable ballade qui commentait ce tableau aussi beau qu'imposant. C'est ce jour-ci que je compris, j'étais né pour voir le monde brûler dans les flammes, les êtres vivants périr violemment dans une guerre sans fin, et c’est pour ça que je voulais devenir puissant, pour être certains que jamais cette guerre, cette musique de souffrance, de peine et de haine ne s'arrête.

"Je suis Oti, le makaïoshin de la mort et de la souffrance, les gémissements et hurlements de vos proches sont un hymne à ma gloire."

Une simple phrase dictant des siècles de conduite et d'ascendance dans le monde démoniaque, plus les planètes mourraient ou étaient conquises, plus je devenais puissant, forgeant ma magie et mon ki dans le torrent de flamme qu'étaient ces batailles, en ressortant chaque fois sans la moindre blessure, évitant chaque coup avant d'en apposer des milliers, cependant, jamais de coups mortels, je voulais entendre leurs suppliques, leurs gémissements, pourvoir sentir leur douleur en les écoutant avant que finalement, lentement, la vie ne les quittes. Et chaque fois, ils étaient témoins de leur successeur, me défiant avant de tomber au combat, et chaque mort était une œuvre d'art dans ma galerie des horreurs...
J'évoluais lentement, développant de nouvelles formes divines, représentant de mieux en mieux ma nature, des formes monstrueuses avec lesquelles j'étais plus impressionnant, mais surtout, chaque fois, j'étais plus rapide, plus discret, plus meurtrier, et mes victimes vivaient de moins en moins longtemps, je les détruisais spirituellement avant de détruire leur corps, d'un simple contact physique ils étaient soit corrompus, soit morts.
Je n'étais alors plus un guerrier de l'armée des démons, mais bien une créature étrange et mortellement fascinante, les démons eux-mêmes avaient peur d'une confrontation avec mes dernières formes, cessant ainsi de me défier dans des duels inutiles...

Et finalement, Dabura me convoqua de nouveau.
Je savais ce qu'il voulait, il voulait savoir pourquoi ses soldats refusaient d'être dans la même escouade que moi, il savait qui j'étais et voulais sûrement voir ce qui faisait si peur aux démons, pourquoi ils réagissaient ainsi... Et la réponse était simple, à chacune de mes missions, il ne restait pas le moindre survivant, alliés comme ennemis, je les tuais tous, n'en jugeant aucun apte à suivre la folie destructrice qui me contrôlait, le peu de cœurs impurs que je soumettais obéissaient au doigt et à l’œil, ce n'est pas ce que je voulais, je ne voulais pas des esclaves, au contraire, je voulais des soldats qui résiste à ma magie, qui ne se laisse pas contrôler même sous le joug de la maginification.
Dabura devait le savoir, car c'est ce jour-ci qu'il me proposa un poste différent, au lieu de simplement tuer des paysans et de faibles soldats, il voulait que j'assassine directement les têtes de nos rivaux, il connaissait mes capacités et voulait, semble-t-il, les exploiter à leur maximum. Sans perdre de temps, j'acceptais ce poste, sachant pertinemment qu'il allait m'aidait à progresser encore plus vite, et avant même qu'ils ne s'en rendent compte, les ducs allaient tous gagner une auréole, et Dabura, je voulais faire de lui une marionnette...

Malheureusement, avant même que mon plan ne puisse être mis en action, des démons inconnus firent irruption dans le Makaï, certains étaient d'une puissance ahurissante, le monde des démons dans son intégralité en fut chamboulé, et même si je pus grâce à ces bouleversements obtenir une place importante dans l'empire de Makyo, le fait qu'un conseil dirige maintenant le Makaï était pour moi une immense épine dans le pied... Je ne pouvais pas juste m'occuper de Dabura, maintenant, les seigneurs démons posaient d'autres problèmes, et même en tant que seigneur de la mort, je n'étais pas de taille à affronté un être de la taille de Vajra ou même Astosh... Lui aussi le savait très bien...
Maintenant, je devais être encore plus discret qu'auparavant, devant continuer de grimper lentement en puissance jusqu'à pouvoir soumettre chaque membre du conseil sans qu'aucun ne se doute de mes actions... Il était donc logique que la première cible était devenue Vajra, si j'arrivais à manipuler le seigneur de la possession les autres seraient soumis en un temps plus que rapide.
Ce nouvel objectif en tête, je revêtais mon apparence originelle avant d'avancer vers ma prochaine cible, la fédération n'allait pas tomber toute seule après tout...