Ce jour là coulait une pluie impossible à cesser.

Ce jour-là, il s'était souvenu des innombrables épreuves qu'ils avaient dû subir. Lui était un parfait ignorant de ce genre de choses. Elle n'avait non plus aucune idée. Néanmoins, pour le bretteur, tant qu'il pouvait voir sa chevelure à la reposante couleur de la neige, il était prêt à subir toutes les différentes difficultés dont ils pouvaient faire face. Il y avait tout d'abord l'accord de ses parents. De ce qu'il s'en souvenait, ils étaient des personnes sans histoire. A part peut-être deux ou trois engueulades mensuels avec leur voisin de gauche. Uthyr ne savait pas véritablement quoi penser d'eux. Ils n'ont jamais été des enflures comme de bons samaritains. Ils avaient leurs goûts, leurs qualités et défauts.

Et aujourd'hui, il allait franchir pour la première fois depuis l'accident le portail de leur demeure. Pourquoi maintenant ? La réponse était pourtant évidente : Le poids était à un stade où rien que d'y penser était insoutenable. Il clôt doucement ses paupières, inspirant longuement. Il ne savait pas vraiment quoi dire, ni quoi faire une fois cette porte en bois ouverte. Il se disait qu'il allait improviser un petit quelque chose. Car il est vrai. Il n'avait donné aucun détail de la mort de leur précieuse fille, a griffonné l'endroit où maintenant elle reposait puis avait envoyé la nouvelle par courrier. C'était une des dernières choses qu'il avait fait avant son "départ".

Hésitant un long moment, il finissait par prendre la petite chaîne qui pendait à côté de la cloche et tira dessus. Cela fit pencher la cloche afin qu'elle tinte contre le battant. Il le fit une deuxième fois, avant de regarder autour de lui. Ce lieu était rempli de diverses plantes de diverses coloris. Esquissant un mince sourire, il se disait que cela aurait fait le bonheur du petit Arthur. Encore une attaque mémorielle pour lui faire souvenir de nouveau de la dernière fois qu'il avait foulé les pieds ici avec ses enfants. Cela s'était soldé par une réprimande des grands parents après qu'ils aient fait un bouquet de fleur à partir de leur jardin.

Il fallut guère que quelques secondes après le tintement pour sentir de l'agitation. Mais à un endroit où il ne s'en douterait jamais.

" .... Uthyr ? C'tuè mon caillot ? " Déclara unevoix tremblante, presque fébrile. Vu l'intonation de la voix,il ne faisait aucun doute sur l'identité de la personne. Uthyr inspire longuement en se tournant vers lui, tentant de prendre un air neutre malgré la tristesse apparente provoquée par la vision actuelle des choses.
" M... M... Madame. Je... " Commença à balbutier l'homme, avant de secouer doucement la tête. " J'aurai dû vous donner des nouvelles m-"
" Et si on causait de ço d'dans ? Y f'rait plus chaud. " Interrompit la propriétaire de cette voix, alors qu'elle avançait avec peine en direction de la porte. Le jeune s'écarta de son sillage, la laissant faire. A un moment, il avait pensé à tendre ses bras afin de l'aider en cas de problèmes. Mais les regrets d'un long silence finissaient par l'entraver dans une stase d'inactivité. Laissant le doux son d'une clé s'insérant dans sa serrure paire et déverrouiller l'accès, la dame poussa lentement la porte. Claquant des doigts pour faire réagir le jeune homme,ce dernier secoua la tête et accepta cette silencieuse invitation en s'engouffrant dans la bâtisse.

Le lieu n'avait aucune changé depuis le temps. Ce lieu était devenu comme un arrêt dans le temps. Il se souvenait du petit coucou qui agaçait la sieste des petits dont le beau-père n'a jamais voulu retirer. Il se remémorait de ce même papier peint à fleur qui faisait un bond de plusieurs décennies en arrière. Le loup solitaire ne pouvait oublier toutes ces petites choses qui faisait de ce lieu un lieu unique, hors de toute temporalité.