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 [Mission Solo] La légende de la Pierre Philosophale !

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Ryanne Hilaris

Ryanne Hilaris


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MessageSujet: [Mission Solo] La légende de la Pierre Philosophale !   [Mission Solo] La légende de la Pierre Philosophale ! Icon_minitimeJeu Jan 31, 2019 11:00 pm

De retour de Zélod III, plus en forme que jamais, j'étais prête à parfaire ma maîtrise des Runes pour, comme cela avait été convenu avec le Maître, venir en aide à ma Shinjin lors d'un certain Rituel. Il me restait à peu près une journée avant que les préparatifs soient terminées, et donc largement assez de temps pour me rendre bien meilleure dans un domaine qui m'était encore en grande partie nouveau !
Néanmoins, quelque chose n'allait pas dans les environs...
Ce n'était pas dû à l'horrible Malvon, pour une fois ! En mon absence, le Maître avait renforcé les sceaux qui maintenaient prisonnier mon détestable ancêtre, tout comme il avait pris soin de protéger ma lame des émanations maléfiques qui l'habitaient depuis que je m'en étais servie de catalyseur pour neutraliser le même fléau.
Bref ! Nous avions affaire à un souci d'un tout autre type.
J'avais rejoint le Maître au bord de la falaise, sur le côté Ouest. La brume qui entourait son domaine s'était désépaissie et offrait donc une bien meilleure vue sur le monde extérieur. Il paraissait petit et un peu triste, car les Montagnes Rocheuses s'étiraient au loin. Bien qu'il ne manquait pas de relief, le paysage manquait quand même pas mal de couleur !
Mais le problème n'était pas là ; il se trouvait non loin du domaine du Maître, sous la forme d'une inquiétante colonne de fumée...
Les incendies n'avaient pas vraiment lieu d'être dans un environnement aussi aride. En outre, les villages voisins n'étaient pas légion. Ils se comptaient même sur les doigts de la main !
Le Maître, impassible comme toujours, fixait la colonne de fumée...


- Un conflit fait rage en bas, soupira-t-il. Et la convoitise en est l'élément déclencheur.

J'arquai un sourcil mais ne pipais pas mot. Le meilleur moyen d'en savoir plus relevait de l'usage de la Perception. Je fermai les yeux pour focaliser mon attention sur la zone affectée par ce prétendu conflit et y découvrir que des énergies perdaient de leur vigueur...
Effectivement, ça sentait mauvais !
Je rouvris les yeux pour me rendre compte que le Maître me tendait la Caladbolg rangée dans son fourreau. Il émanait de mon arme quelque chose de froid, une sensation familière et pas très rassurante... Je la pris et fixais le tout à ma ceinture en Tisse-Rune, spécialement étudiée pour.
Je croisai le regard de mon mentor.


- Et que va bien pouvoir y faire la future Envoûteuse ? s'enquit-il.

- Résoudre un problème qui n'est pas censé la regarder, lui répondis-je avec un sourire. Et vous ? Cela ne vous tente pas d'y participer ?

C'était un peu culotté de ma part de lui demander ça mais bon : on ne fait pas d'omelette sans casser des œufs~

- Tu t'en sortiras très bien toute seule, fit-il tout en se détournant de moi. Et ces lieux ont besoin d'un Gardien à plein-temps. Tu le sais aussi bien que moi étant donné tous les secrets qu'il renferme, et dont nous n'avons fait que gratter la surface.

- Heureusement que l'âge ne peut pas vous rattraper.

- Ce n'est pas toujours un cadeau, répondit-il au tac ou tac. Je te conseille de te presser : le temps joue contre ceux à qui tu espères venir en aide.

- J'y cours, j'y cours !

Je n'étais pas du genre à me départir de ma bonne humeur pour si peu.
Appliquant deux doigts sur mon front, il ne me fallut pas plus de deux petites secondes pour atterrir au milieu du village... ou plutôt du champ de bataille !
Autour de moi, ça hurlait à tue-tête, ça courait, ça se bousculait... c'était le chaos complet ! Une modeste maison avait été incendiée, d'où la raison de cette colonne de fumée qu'on voyait depuis la montagne du Maître. L'endroit me disait vaguement quelque chose. J'étais même sûre d'y avoir déjà mis les pieds auparavant...
Puis cela fit tilt !
Par réflexe, j'abattis mon poing contre la paume de ma main.


- Bon sang mais c'est bien sûr !

J'étais passée par là il y avait de cela trois années, juste avant de subir l'entrainement draconien du Maître. Les gens s'étaient montré bien aimables avec nous, d'ailleurs ! Malgré l'apparence sinistre de mon mentor, lui qui portait son éternelle toge sombre accordée à son expression peu amène.

- Hé, toi !

Je sentais confusément quelque chose de dur me titiller le flanc droit avec une méchante insistance...
je tournai la tête en direction de la voix.


- Rejoins le reste du troupeau !

L'individu était armé. C'était avec le canon de son arme à feu que l'homme - vraisemblablement un bandit avec une veste de camouflage - me poussait.
Je levai les mains en l'air pour au moins lui donner un minimum de satisfaction.


- Pour quoi faire ?

Il eut un rictus morbide.

- Pour passer à l'abattoir ! Les femmes et les enfants d'abord à ce qu'on dit, nan ?

Je fronçai les sourcils à son attention.
Il n'en fallait pas tant que ça pour me contrarier, en fin de compte.




- Avance, je t'ai d-... ?!!

Le simple fait d'avoir éveillé mon aura fut suffisant pour le projeter en arrière !
Je fis un mouvement dans sa direction et, simplement avec la manche allongée de ma tenue de Tisse-Rune, lui arrachai son fusil des mains.
Il eut l'air soudain très ahuri, les yeux baissés sur ses paluches libres.


- Et moi je t'ordonne de te rendre ou sinon... *Crack !*

Une simple pression sur le fusil et il tomba en morceaux.
La manche de ma toge revint à son état initial, dévoilant la paume de ma main gantée.
Pris d'un mouvement de recul, le bandit au visage livide, toujours sur fesses, entreprit de se relever en trombe et de se carapater vers ses collègues. Ceux-là, préalablement occupés à escorter des habitants du village, finirent par tourner leurs regards menaçants vers moi !
Voyant leurs bourreaux déconcentrés, les villageois en profitèrent pour se cacher tandis que d'autres, curieux et tétanisés, furent pris d'une fascination que je ne pouvais pas qualifier de morbide étant donné ce qui allait s'ensuivre.
L'un de mes adversaires en devenir fit tonner son arme en tirant droit vers le ciel. Des cris de panique résonnèrent dans la foulée.


- Silence ! Silence ! rugit l'homme armé, en jetant un regard courroucé aux civils. Vos gueules, putain ! Et à terre, et fissa !

Les villageois se recroquevillèrent par terre, apeurés par l'horrible perspective de se faire trouer mortellement la peau.
Le tireur portait un cache-œil sur le côté gauche de son visage, avec sous cet accessoire une vilaine balafre ; on ne pouvait point imaginer qu'il l'avait récoltée par accident. En tout cas, cette blessure ne lui avait apparemment pas servi de leçon...
Il me toisa de son œil unique avant de me pointer du bout de son arme.


- J'sais pas d'où tu sors, gamine, mais ici, enfant ou pas, on fait feu quand ça nous arrange, grogna-t-il.

"Gamine", avait-il dit ? "Enfant" ?
…Je prenais ça pour un compliment. Mais ça n'allait certainement pas m'empêcher de lui filer la rouste de sa vie !
En levant un index dans sa direction, ma Télékinésie Zélodienne le débarrassa prestement de son arme. A défaut de me sentir capable d'immobiliser mon ennemi en l'air - une action plus compliqué à réaliser que sur Zélod III - j'avais trouvé le bon compromis.


- Putain de Dieu, souffla le borgne, stupéfait, son œil rivé sur l'arme volante. C'est quoi ces conner-

- Fais attention ! lui hurla l'un de ses camarades.

Trop tard~
Je m'étais précipitée sur le borgne et, depuis les airs, je lui adressais un grand sourire.


- Pas de blasphème.

J'attrapai son fusil semi-automatique au vol avant de lui en abattre la crosse au milieu du front !
Il fit une vrille avant de se retrouver par terre, cul par-dessus tête, dans une position très inconfortable.
Un de moins !
Pas mort pour autant, cela dit : j'avais dosé la puissance de mon attaque.
J'eus droit à un petit blanc sonore, très vite comblé par un « oooh ! » généralisé auprès des villageois abasourdis. Les bandits, quant à eux, se montrèrent beaucoup moins admiratifs.


- Fusillez-moi cette sale garce ! beugla l'un d'entre-eux.

Je bondis dans les airs afin qu'ils ne fassent pas de victime parmi les civils.
Les balles sifflaient dans mon sillage aérien mais les courbes et les loopings que j'y dessinais les empêchaient de m'atteindre. J'atterris aux pieds d'un tireur avant même qu'il ne puisse me voir arriver ! D'une balayette, je fauchai ses appuis en effectuant un petit tour sur moi-même. Mon élan permit de lui porter une deuxième coup pendant sa chute, en plein thorax, avec le plat du poing à la manière d'un coup de marteau !
Je passai immédiatement au troisième en me ruant sur lui.
La surprise commençait tout juste à se lire sur ses traits tendus et, à la vitesse à laquelle je me déplaçais, j'eus même le temps de voir au ralenti ses yeux rouler dans ses orbites.


- Trois !

Un coup de coude dans le creux de l'estomac et on ne l'entendait plus que produire des sons étouffés dans une posture presque aussi ridicule que celle de mon tout premier adversaire !
Je m'accroupis dans son dos, histoire de perturber davantage les autres tireurs qui venaient à peine de biter que je m'étais déjà débarrassée d'un deuxième de leurs paires.
Tracer la Rune Berkano dans ces conditions ne fut pas bien compliqué.


- C'est par ici que ça se passe !~

Ils braquèrent de nouveaux leur armes sur moi, mais pas assez vite pour m'inquiéter.
La Rune imprimée dans le creux de ma main tendue émit une brève lueur mauve avant de décharger sa matière végétale ! J'avais tiré trois projectiles ligneux. Trois qui firent mouche et qui, au contact de l'ennemi, se propagèrent comme un conglomérat de serpents.


- Merde ! Qu'est-ce que ces que ces saloperies ! AAAAAAAAH ! Au... au SECOURS !!

Ils lâchèrent leurs armes devenues obsolètes et se tortillèrent sur place comme des pantins à qui on aurait coupé les fils, jusqu'à ce qu'ils ne puissent plus esquisser le moindre mouvement, convertis jusqu'au cou en une sorte de statue de jardin colonisée par des plantes ligneuses.

- C-c'est d'la sorcellerie ! fit une voix choquée.

Sept brigands neutralisés, donc.
Je disparus du champ de vision des cinq autres restants pour apparaître subitement au milieu de leur groupe.


- C'est moi que vous cherchez ? souris-je en tapotant l'épaule d'un type baraqué.

Il sursauta et bondit en arrière. Malheureusement pour lui, la partie était déjà perdue ; sur son épaule avait poussé un graine à peine plus grande qu'un petit poids d'où jaillirent des cercles de ronces d'une magnifique couleur violette ! Ceux-là lui immobilisèrent les bras le long du corps avant de s'en prendre à ses jambes, pour finir par ses chevilles.
Plus que son cri de surprise, ce furent ses hurlements de douleur qui alertèrent ses compagnons d'armes.
Je sautai sous les yeux de deux d'entre-eux pour leur administrer à chacun un coup de pied en travers du torse, et plus précisément au niveau du sternum. Leurs pieds se décollèrent du sol à l'impact et tous deux s'écrasèrent contre un mur.
Alors que je retombais souplement sur mes jambes, le canon d'un fusil à pompe me menaçait d'une mort imminente. Tout en glissant sur le dos, je le repoussai en l'air avec la semelle de ma botte. Le coup retentit dans les cieux pile au moment où je m'étais introduite dans la garde de mon adversaire. Il eut le droit à un coup de poing ascendant en pleine mâchoire !
Le coup l'avait bien entendu sonné, mais je n'en avais pas fini pour autant avec lui.
Avant qu'il ne s'écroule sous son propre poids, je pris appui sur ses épaules et fis un petit salto avant. Je retombai derrière le bandit, qui commençait tout juste à plier les genoux. Avant qu'il ne puisse choir, je le projetai sur l'un de ses camarades à l'aide d'un petit « coup de pied » dans le bas du dos - plutôt une simple poussée avec la jambe.
Le choc eut lieu entre les deux individus et je pus me concentrer pleinement sur le dernier larron... pour découvrir qu'il tremblait de peur, le visage baigné de sueur.
Je m'approchai de lui d'un pas tranquille. Il laissa tomber son arme à ses pieds.


- J-Je me rends !

- Excellent ! Ça c'est de la jugeote ! le félicitai-je... avant que mes yeux ne luisent de malice. Mais je ne suis pas en mesure de pouvoir vous faire confiance. Trop de vies en dépendent.

Un pas rapide m'amena à sa hauteur, puis un petit coup du tranchant de la main suffit à l'expédier dans le doux royaume des songes.
Je tournai la tête en direction du bandit sur lequel j'avais projeté l'un de ses animaux d'ami.
Il s'était dépêtré de lui et, à ma grande surprise, avait dégoupillé une grenade pour me la lancer malgré la présence de son collègue qui gisait à mes pieds.


- Disparais, saleté ! jura-t-il.

Quel rustre...
Je pointai du doigt le projectile explosif qui tournoyait encore dans les airs, à plus d'un mètre de distance par rapport au sol. Du bout de mon appendice naquit une liane à la consistance visqueuse, qui se précipita sur la trajectoire de la grenade pour finalement la capter en plein vol !
D'une poussée de la main, j'invitai mon lien à s'étendre. Il décrivit une courbe ascendante, emportant à son extrémité la grenade à deux doigts d'exploser !
La détonation résonna au-dessus de nos têtes, mais pas suffisamment près pour blesser qui que ce fût.
Subjugué par ma prestation, le bandit qui l'avait lancée eut un léger temps d'arrêt.


- P-pas possible...T'es pas humaine, toi !

- Pas tout à fait.

D'un geste de la main, je rompis le lien que j'avais préalablement créé pour neutraliser la grenade.
Par crainte, le bandit leva son arme dans mon alignement et en pressa la gâchette !
Un bouclier de mousse aussi épais qu'un airbag poussa dans le creux de ma main, là où brillait la Rune Berkano. Les balles se logèrent dedans et ne me firent aucun dégât. Je restais ainsi le bras levé jusqu'à ce que j'entende les petits cliquetis produits par son arme - un bruit significatif de l'état alarmant de son chargeur.


- Plus de munition.

- Chiotte !

- Bonne nuit !

J'expédiai mon bouclier sur cet imbécile.
Embarqué dans ce qui ressemblait presque à un nuage mauve, l'impétueux personnage alla se coller contre la paroi d'une maison. La mousse végétale avait gagné en volume pendant le vol, si bien qu'elle recouvrait son prisonnier des pieds jusqu'au cou !
Je m'en frottais les mains.


- Et voilà une bonne chose de faite !

Quand soudain un cri m'interpella...

- Kyaaaaaaah ! L-lâchez-moi, je vous en prie !

Je tournai la tête pour aviser une villageoise entre les mains d'un bandit. Il avait un bras autour du cou de la femme et tenait un couteau à quelques centimètres de sa gorge.
Moi qui pensais avoir nettoyé le secteur... j'aurais dû songer à le vérifier avec la Perception !


- Ferme-la et tiens-toi tranquille ! lui ordonna le malfrat avant de me lorgner méchamment. Pas un geste, putain de monstre ! Éteins cette saloperie qui brille dans ta main et mets-toi à genoux, ou sinon...

Il porta la pointe de son arme tout contre le cou de la fille et fit perler un peu de son sang.

- Nooon ! gémit-elle, les larmes aux yeux. Pitié !

J'obéis au bandit sans rechigner. Berkano disparut comme elle était apparue tandis que je fléchissais sur mes jambes... prête à me mettre à genoux.
Le rictus mauvais du bandit s'élargit.
Rassuré par ma docilité, il commit alors la bêtise d'écarter un peu la lame du cou de son otage.
Je baissai alors la tête pour murmurer en catimini mon incantation.


- Gratia.

Bien que prononcés à voix basse, l'ensorcelé les entendit résonner partout autour de lui ainsi que dans sa tête.
Il fut pris d'un léger soubresaut. Quantité de symboles cabalistiques d'un violet malsain étaient apparu à même sa chair !
Ses yeux s'écarquillèrent.


- Qu-... ?!!

Je ne disposais que de deux petites secondes pour agir !
D'une poussée sur mes jambes, je me propulsai sur lui. Une taloche sur le dos de sa main lui fit lâcher le couteau. Il voulut agripper son otage mais je l'en empêchai en lui saisissant le poignet, avant de le lui briser net d'une simple torsion.
L'otage détala hors de portée du Malin.


- Gaaaargh !

La fille s'effondra par terre. Il n'y avait plus à craindre pour sa vie.
Le bandit surmonta la douleur et me balança un direct que j'esquivai sans préambule.


- Les types dans votre genre...

Je lui écrasai le pied avec le talon de ma botte - suffisamment fort pour que je l'entende craquer.
Il hurla de nouveau mais sans pouvoir répliquer cette fois-ci.
Après lui avoir agrippé la main, je le contournai en pivotant sur un pied.


- Me font horreur.

Un coup derrière les genoux et ils cédèrent à leur tour, au même titre que son épaule.
Je m'emportais un peu, oui, mais j'estimais que cet homme le méritait amplement.
Ayant d'abord chu sur ses articulation meurtries, le bandit s'apprêta à s'effondrer face contre terre.
Je le retins aussitôt par les cheveux, ce qui le fit crier comme une petite fille.


- Qui se trouve être à genoux maintenant, monsieur le donneur d'ordres ?

- A-arrête !

Il ramena une main au-dessus de sa tête pour essayer de briser ma prise. Je la raffermis, ce qui lui valut cette fois un râle tout aussi éloquent que son petit cri efféminé.

- Et le mot magique ?

- S-s'il te plait ! J-j-je m'ex-ex-cuse !

J'approchai mes lèvres de son oreille droite pour lui murmurer :

- Pour que j'accepte vos excuses, il va falloir que vous me renseigniez sur vos petits copains de jeu.

- Q-qu'est-ce que tu veux savoir ?! J'vais tout te dire ! Tout !

Une partie des villageois s'étaient approchés pour observer la scène. Ils me regardaient, l'air inquiet.
Je baissai les yeux sur mon locuteur tout en conservant une partie de mon attention sur les autres.


- Parlez plus fort et vous risquez fort de produire des sons encore plus aigus que les précédents.

Il déglutit et hocha la tête. Un geste qui lui arracha une grimace, vu que je le tenais par les cheveux.
Le bandit m'observait du coin de l’œil, la peur imprimée dans sa pupille.
Je le contemplais avec froideur afin d'entretenir le plus longtemps possible ses craintes les plus profondes.


- Combien en reste-t-il ? Qui est votre chef ?

- Une... une dizaine... ggh... et le gars qui nous a débauché... j'connais pas son nom.

Une légère pression sur son épaule démise le força à m'en dire davantage à son sujet.

- AAARRH ! S-Stop !... J'te jure que j'le connais pas ! P-p-par contre, je sais... qu'il peut faire apparaître des trucs,... u-un peu comme toi !

Une autre pression, un tout petit peu plus forte cette fois-ci. 'Pas que pour le plaisir, ne vous inquiétez pas.

- « Vous », impudent ! Nous n'avons pas élevé les cochons ensemble, je vous rappelle.

Même si j'aurais dû le lui dire plus tôt, mais soit !
Une larme roula sur sa joue. Presque assez attendrissante pour le faire passer pour une victime.
La peur se lisait aussi dans le regard des villageois. Il ne fallait pas que je m'éternise plus longtemps avec le bandit.


- Pourquoi avez-vous pris d'assaut cette petite bourgade ?

- P-pour... la pierre philosophale, geignit le torturé.

- Tiens donc ? fis-je en penchant la tête légèrement de côté.

- E-elle peut... apporter la richesse... à ses détenteurs. Le chef... dit que... c'est une... source sûre détenue... par le plus ancien de... cet endroit.

- Parfait ! dis-je. J'en ai assez entendu.

Je l'assommai d'un petit coup derrière la tête. La brute s'affala par terre.
J'ouvris la main pour souffler les quelques cheveux qui s'y étaient accrochés.
Les villageois n'avaient pas cessé de m'observer comme si j'étais sur le point de déraper d'un moment à l'autre.
Je me fis fort de les rassurer du mieux que je le pouvais.


- N'ayez crainte : je ne suis pas là pour vous nuire. Tout comme je ne suis pas venue ici dans mon propre intérêt.

Ma voix se fit légèrement plus forte, histoire qu'elle puisse se propager jusqu'aux oreilles plus plus reculées au sein de la place :

- J'ai besoin que quelqu'un me dise où je pourrais trouver le responsable de cette attaque.

Contre toute attente, une femme s'approcha de moi pour me prendre la main. Elle m'implorait littéralement du regard ! J'en fus quelque peu perturbée, pour le coup.

- Euh, oui ? J'ai... quelque chose sur le visage ?

- S'il vous plait... je vous en conjure ! Partez au secours de mon enfant ! I-Il y en a d'autres qui ont été enlevés et... j'ai bien peur qu'ils ont prévu de les exécuter si l'ancien ne leur donne pas ce qu'ils convoitent !

Elle fondit en larmes, s'accrocha à ma manche et me secoua désespérément le bras.
Je me sentis toucher par la détresse dans sa voix autant que par son attitude.
Un homme s'approcha de moi. Il me regardait d'une manière bien plus étrange que les autres, et je compris pourquoi dès qu'il ouvrit la bouche pour s'exprimer :


- Mais... je vous reconnais ! me dit-il. Impossible pour moi de vous oublier, avec des cheveux de cette couleur.

- Plait-il ? fis-je en abandonnant ma manche à la la femme qui était en train de l'inonder de larmes.

- Il y a trois ans de cela vous étiez de passage, n'est-ce pas ?

- Ah ! ...Effectivement. J'ai vécu là-haut il y a plus d'un an de cela, précisai-je en pointant du doigt le lointain domaine du Maître.

- Bonté divine ! s'exclama un autre villageois.

- On dit qu'une entité effroyable y réside ! intervint un autre, choqué.

- Ça explique ses prodigieux pouvoirs, déclara une habitante.

- Et son aura mystique, cracha quelqu'un d'autre que je ne voyais pas.

...C'est moi où je commençais à avoir le mauvais rôle, là ?
Je levai un index sentencieux juste devant mon nez. Ce simple geste les fit tous sursauter ! Tous sauf l'homme qui m'avait reconnu.


- Vous vous fourvoyez sérieusement si vous me supposez maléfique !

- Peu importe l'origine de ses pouvoirs, intervint l'homme sagace. L'important c'est l'usage qu'elle en fait.

- C'est on ne peut plus vrai ! Vous remarquerez d'ailleurs que je n'ai tué personne. Je me suis contentée de neutraliser ceux qui vous faisaient violence et je-

- Sauveeeeez-leeeees ! me pressa la villageoise accrochée à ma manche, alourdie par le poids de ses larmes. Je me fiche de ce que vous êtes réellement mais sauvez-les, je vous en conjure !

Un silence inconfortable s'était installé autour de moi. Les gens me jaugeaient du regard tandis que j'évacuai un soupir en considérant le qualificatif flou que la dame avait employé pendant sa supplique.
Était-ce péjoratif ? Dans un sens, moi-même j'avais encore un peu de doute sur ce que « j'étais réellement ». Mais de toute évidence, je n'obtiendrais des réponses qu'en dialoguant avec Mère.
Je me départis de madame Madeleine qui ne m'avait vraisemblablement pas entendu exposer ma toute première requête...


- C'est bien la suite de mon programme ! Maintenant dites-moi où se trouve le chef de vos agresseurs que je puisse opérer au plus vite...

Ce n'était pas une question idiote étant donné que je ne parvenais pas à détecter le vilain avec mes dons...
On m'indiqua enfin la voie à suivre, tout en m'apportant quelques précisions quant à la configuration des lieux qui n'avaient vraiment rien de grandiose. Selon toute vraisemblance, les habitants de cette bourgade ne se permettaient pas de largesse avec leur pierre magique.
Par contre, il me restait quelque chose à faire avant de filer aux trousses de leur tourmenteur.
Je m'avançais vers l'homme que j'avais scotché à un mur avec ma mousse violette. Il faisait partie du paysage maintenant.


- Tâchez de ne pas bouger, les prévins-je. Et ce qui va apparaître ne doit pas vous effrayer. Elle est parfaitement inoffensive, croyez-moi sur parole !

Je nouais alors un contact mental avec Yggdrasia.

…..
….....
Aheum ! Profitons de cet attente imprévue pour vous expliquer la raison qui me pousse à lui demander son soutien. Elle concerne tout particulièrement les quatorze lascars qui s'en étaient pris à mes nouveaux protégés. Il était fort probable que les derniers mentionnés daignent, à un moment ou à un autre, profiter de l'inconscience des vilains pour faire justice eux-mêmes.
Je ne tenais pas à ce qu'ils gâchent mon travail, et j'avais donc besoin par extension d'une gardienne susceptible de veiller à la sureté de tous, y compris des plus mauvais.
….
…...
…......
Je tapais impatiemment du pied, les bras croisés sur ma poitrine.
Puis, au bout d'un certain temps, l'Hamadryade prit forme à partir de la mousse végétale.
Un hoquet de stupeur frappa l'assemblée derrière moi tandis que mon amie des bois n'avait fait que matérialiser la moitié de son corps, dont la peau prenait à peine les couleurs de la chair humaine. La double et longue queue de cheval de mistinguette, verte comme la plante la plus pure, pendait au-dessus du sol.
Yggdrasia, un bras dans le vide et l'autre calé contre sa joue, m'observait avec un air bougon.


- Nan. 'Pas moyen, me fit-elle. Je ne t'aiderai pas. Pas cette fois-ci. Grumpf !

Derrière, j'entendis quelqu'un souffler « elle parle ! ».
Ignorant cette remarque, j'écartai les bras à l'attention d'Yggdrasia.


- Mais je ne t'ai encore rien demandé ! m'insurgeai-je.

Toujours derrière-moi, j'entendis une autre voix murmurer « Vous pensez qu'elle sont vraiment amies ? ».
Ce fut un poil irritant mais je ne voyais pas l'intérêt d'y répondre.
Le temps jouait contre moi en plus de ça !
Je remarquai d'ailleurs que ça ne choquait personne que mademoiselle l'Hamadryade avait ses petits seins à l'air depuis tout à l'heure...


- J'm'en fiche, ronchonna Yggdrasia. La dernière fois, je te rappelle tu as failli m'étouffer avec ta magie !

De nouveau, j'entendis quelques bribes de conversations en provenance de l'assemblée de villageois : « Mais de quoi parlent-elles ? » suivie par « Un jeu cochon qui aurait mal tourné, peut-être ? »
Je roulai des yeux au ciel avant de les river sur mon interlocutrice privilégiée.


- D'accord... Je m'excuse, OK ? Ce n'était absolument pas volontaire. J'ai commis une bêtise, je l'admets ! Mais tu ne peux pas me faire la tête pour ça, quand même ! Ciel, Yggdrasia ; nous sommes amies pour la vie, non ?

Elle ne me répondit pas tout de suite. Au lieu de ça, quelques secondes plus tard, elle descendit de son perchoir et adopta sa forme humaine complète, robe sur les épaules comprise !
Enfin un peu de pudeur ! Loués soient les Dieux !
Yggdrasia s'épousseta avant de couler un regard par-dessus son épaule.


- Bon... ça ira pour cette fois. Mais... tu m'as fait pousser sur de la mousse ? Et... qu'est-ce qu'il fait accroché là-haut, celui-là ?

- Pour faire court, c'est un vilain que j'ai neutralisé au même titre que douze autres de ses semblables. Si tu regardes bien, tu remarqueras qu'il sont tous éparpillés un peu partout sur la place...

Elle me regarda en plissant les yeux, l'expression peu amène.

- Et tu voudrais que je nettoie les lieux à ta place ?... Hé ! Ce sont tes jouets, pas les miens !

Elle secoua une main devant son visage, révulsée par cette idée.
Encore une fois - ça devient lassant, je sais ! - quelqu'un fit une remarque désobligeante dans mon dos : « C'est quoi, ça ? Une querelle de couple ? »
J'expirai fortement par les narines.


- Écoute... j'ai à faire dans les parages et j'ai besoin de quelqu'un pour veiller sur les tocards que je viens d'assommer, tu comprends ? J'ai besoin de quelqu'un en qui j'ai une totale confiance et qui saurait me faire gagner du temps ! C'est pourquoi je te le demande à toi et à personne d'autre. S'il te plaiiiit !

Je lui fis des yeux de chat, priant intérieurement pour que cela fonctionne. Malheureusement, elle resta campée sur sa position et croisa même ses bras sur sa poitrine menue.
Frustrée par cet échec en devenir, je me mordis la lèvre inférieure...
Pan, tu m'excuseras mais c'est une mesure d'urgence !
Je saisis Yggdrasia par les bras. Un geste audacieux qui lui fit entrouvrir la bouche. Puis je l'embrassai dans la foulée sous les yeux de tout le monde !
Un « oooooh ! » sonore retentit derrière moi.
Enfin, alors que je me doutais bien que la langue vierge d'Yggdrasia profitait de ce baiser, je retirai la mienne pour lui souffler littéralement dans les bronches ! Lorsque je me départis de l'Hamadryade, elle se mit à tousser comme une perdue, les mains pressées autour de sa gorge.
Je sais : c'était un coup bas de ma part ! Mais tant pis~


- P-pourquoi *kof kof * tu m'as fait ça ?

- Parce que tu n'as pas hésité à y mettre la langue, gredine !

Les poings sur les hanches, je lui adressai un clin d’œil taquin avant de reprendre :

- Et comme tu t'étais plainte d'avoir manqué d'air lors de notre dernière rencontre, j'ai voulu faire d'une pierre deux coups. Maintenant je compte sur toi, camarade ! Veille à ce que personne ne dérange nos amis villageois en mon absence~

Je pus enfin tourner les talons et me diriger l'esprit allégé vers le lieu de mon prochain affrontement.
Yggdrasia n'allait pas me refuser ça, j'en étais certaine ! Tout comme elle n'allait plus me bouder à l'avenir.
Sur mon chemin, j'entendis une poignée d'hommes et de femmes me lancer des ovations.
Après ce que tout ce que j'avais fait pour eux, ils m'en devaient bien une !
...J'avais un goût de sève de pain sur la langue. Agréable, certes, mais également synonyme de culpabilité.
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Ryanne Hilaris

Ryanne Hilaris


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[Mission Solo] La légende de la Pierre Philosophale ! Empty
MessageSujet: Re: [Mission Solo] La légende de la Pierre Philosophale !   [Mission Solo] La légende de la Pierre Philosophale ! Icon_minitimeJeu Jan 31, 2019 11:00 pm

Cette fois-ci, je ne m'étais pas téléportée au milieu de la foule pour la simple et bonne raison que je risquais de provoquer la mort d'une dizaine de civils en agissant à la hâte.
Arrivée sur les lieux, à savoir devant une maison bien plus spacieuse et jolie que ses voisines, je m'étais dissimulée à la vue des derniers bandits. J'en dénombrais dix plus ou moins semblables de part leur tenue vestimentaire. Ils portaient tous pour la plupart un gilet sans manche renforcé ainsi qu'un pantalon de camouflage surmonté de bottes sombres. Debout et fixes comme des statues, avec un fusil ou un pistolet à la main, ils gardaient un œil sur une ligne parfaite d'otages. Ceux-là avaient manifestement l'obligation de rester assis par terre. Dans le lot, on trouvait en bonne majorité des femmes et des enfants.
Un peu plus en retrait, un type à la musculature exagérément travaillée contemplait de haut les pauvres civils apeurés. Celui-ci, chauve comme un œuf, ne portait pas d'arme à feu ni aucune protection à la poitrine : seulement un treillis et une lourde hache à deux mains dont l'impressionnante tête reposait par terre. Un masque en cuir noir avec un motif en tête de mort dissimulait sa grosse mâchoire, le rendant plus effrayant encore qu'il en avait l'air, son absence notable de sourcil y aidant grandement.
Pour résumé, on aurait dit la caricature d'un bourreau.
A mon grand soulagement, il n'avait pas encore fait de victime, à moins bien sûr que les corps et le sang aient été effacés avant mon arrivée - ce dont je doutais fort.
Un autre membre de cette sinistre assemblée attisa ma curiosité. Il s'agissait vraisemblablement du fameux « magicien » dont m'avait parlé le bandit que j'avais interrogé à la dure. A vrai dire, l'individu avait plus des airs de sorciers avec son crâne de squelette en forme de casque et son sceptre gris sombre dont la tête était encerclé par des ailes de chauve-souris. L'homme avait sur le dos une toge d'un noir de jais. Seul le revers de son col, d'un rouge sanglant, donnait un peu de couleur à cet ensemble des plus lugubre.
Je l'entendis qui se mit à parler à un homme âgé et à la calvitie prononcée.
Sans doute l'ancien du village.


- Je perds patience, vieillard. Et quand ça arrive, les morts autour de moi se comptent à la pelle...

- Vous seriez prêt à tuer tout un tas d'innocents pour un... mythe ?

- Ne me prend pas pour un idiot, l'ancien ! tonna le sorcier en frappant le sol de sa canne. Sans la Pierre Philosophale et ses pouvoirs, ce village n'aurait jamais su prospérer. Alors cesse de te payer ma tête et sois raisonnable en me la donnant. Sinon il se pourrait bien que ta conscience s'alourdisse...

Il échangea un regard avec ses hommes, qui hochèrent la tête de conserve avant de lever leurs armes et de les pointer sur la rangée des habitants de cette bourgade.

- Q-Quels monstres...

L'ancien baissa la tête, grimaçant de désespoir. Il était sur le point de craquer mais s'en abstint.
Sans la Pierre, pas d'avenir. Mais sans villageois, le futur ne serait pas rose non plus...
Il espérait probablement qu'un miracle se produise car il sortit un chapelet de l'intérieur de sa veste et se mit à prier sous le regard agacé du sorcier.


- Nous allons bien voir si ta misérable foi sera suffisamment puissante pour faire barrage à ma grande ambition.

J'étais sur le point d'intervenir, une main hésitante posée sur le manche de la Caladbolg, quand quelque chose d'inattendu me figea sur place.
Autour de moi, le temps parut s'arrêter et tout devint noir. Je crus d'abord que c'était un coup du sorcier, mais j'eus le temps de m'aviser de son état et de comprendre qu'il n'y était strictement pour rien dans ce curieux phénomène.
Une voix désincarnée, fantomatique même, brisa le silence qui s'était installé dans cet univers de ténèbres.


- Utilise-moi, fit-elle.

Les ténèbres s'étaient très modérément éclaircies, rendant visible un étouffant panorama composé essentiellement de nuages orageux à l'intérieur desquels crépitaient des arcs électriques d'un violet sombre.
Mais dans quoi j'avais mis les pieds, moi ?!


- Si tu me dégaines, je te débarrasserai de tes ennemis, reprit la voix.

Elle provenait de mon fourreau -non, que dis-je : de la garde de la Caladbolg !
Ce visage que je pensais être une simple décoration me fixait de ses prunelles mauves. Le reste de ses yeux était noir au lieu d'être blanc comme chez les êtres humains. Je sentis un frisson me traverser l'échine.
L'épée s'adressait à moi par la pensée car les lèvres du fameux visage ne bougeaient pas.


- Tu peux... communiquer avec des mots ? lui demandai-je avant de tourner la tête dans toutes les directions possibles. Qu'est-ce que tu viens de me faire, au juste ? Et depuis quand as-tu ce pouvoir ?

- N'aie crainte. Dans cet espace, le temps ne s'écoule pas comme dans la réalité. Et il m'est impossible d'y recourir à loisir. Je pense même que ce sera la seule et unique fois que nous pourrons dialoguer de la sorte.

- « Penser » ? « Dialoguer » ? répétai-je, clairement perturbée par tout ceci. Attends une minute... Serait-ce à cause de l'énergie que j'ai piqué à Malvon et que j'ai scellé en... toi ?

Je parlais à mon épée. Je lui PARLAIS, nom de Dieu !

- C'est exact, me répondit-elle en toute sobriété.

- Raison de plus pour que je ne te fasse pas confiance...

- Tu me diabolises, Maîtresse. Ce avant même de m'avoir utilisée. J'étais, je suis et je resterai la lame que j'ai toujours été. Peu importe le type de magie qui circule en moi.

C'était vite dit ça...
Je secouai la tête.


- Brise cette illusion, veux-tu ? Je ne suis pas encore prête à te prendre en main. Plusieurs vies sont en jeu et je ne peux pas me permettre pareil coup de poker ! Aussi j'estime pouvoir sauver tous ces gens sans recourir à tes services.

- ...Tu hésites à prendre la vie à ceux qui les menace, devina-t-elle. Mais une telle barbarie te révulse et il se pourrait bien que tu les tues tous sans le vouloir. Le doute est le début de la sagesse, mais aussi l'ennemi de l'épéiste dans le feu de l'action.

- Je refuse de faire justice moi-même, c'est vrai, avouai-je. A plus forte raison quand cela s'avère possible. Juste par curiosité... comment t'imagines-tu capable de venir à bout de ces hommes sans les tuer ?

- Simple : Je m'en prendrais à leurs armes et non pas aux mains qui les manient. Celles-là, je te les laisse volontiers.

- ...

Je n'avais aucune garantie, mais Caladbolg ne m'avait jamais déçue par le passé.

- Tu veux me faire croire que le simple fait de te brandir résoudra tous mes problème d'un seul coup ?

- Non. Mais je te créerais une ouverture dont tu sauras tirer profit pour neutraliser tes adversaires aussi nombreux soient-ils. J'ai foi en ma Maîtresse, car je sais ce qu'elle vaut et parce que je sais de qui elle tient.

Elle faisait très certainement référence au Maître. Malvon aurait préféré se consumer entièrement dans les flammes de l'Enfer plutôt que de le tarir d'éloges.
J'observai ma lame pendant un temps qu'il m'était impossible de déterminer dans cette étrange dimension spirituelle...


- Un mot. Un seul. Tire-moi hors de mon fourreau tout en le prononçant et ton vœu sera exaucé.




- Fractio.

Caladbolg m'avait finalement convaincue et son intervention eut le mérite de me surprendre !
Alors que les bandits étaient sur le point de fusiller les civils, ma lame brandie s'allongea de façon fulgurante, déchirant l'air comme la plus rapide de toute les flèches pour sectionner tous les outils de mort sur son chemin. Oui, sous mes yeux ahuris, ma lame s'était fractionnée en plusieurs morceaux reliés par une sorte de câble constituée d'éclairs mauve foncé.
Aux pieds des bandits choqués gisaient les vestiges de leurs armes à feu. Le bourreau et le sorcier s'interrompirent pour me couler un regard, là où le tranchant magique de la Caladbolg s'était rétracté.


- Qui diable a osé ?! rugit le bourreau. Montre-toi, que ma hache s'abreuve de ton sang !

J'avais attiré l'attention de tout le monde, provoquant du même coup l'immunité momentanée au danger à tous les villageois présents.

- C'étaient vos armes ou vos têtes, déclarai-je en m'approchant des costauds. Alors, tous autant que vous êtes, estimez-vous heureux d'être encore en vie.

J'activai le Cœur de Glace et les symboles cabalistiques apparurent immédiatement à la surface de ma peau, me conférant un aspect pour le moins surprenant.
Inutile de leur donner l’occasion de répondre ou de s'attaquer à leurs otages avec des armes de poing ! Le premier voyou sur mon chemin se plia en deux, le bras et le flanc frappés simultanément par le coup de pied fouetté que je lui avais envoyé. Le suivant, qui se trouvait à un peu moins de deux pas de lui, leva son poing en vue de me le balancer à hauteur du visage.
Tandis que le premier hurlait de douleur, je saisis le poignet du bras encore valide de ma dernière victime pour le lui ramener vivement dans le dos. Ce qui le força à se cambrer et à se recevoir le crochet à ma place.
Je ne comptais pas les tuer, certes, mais je n'allais pas les ménager pour autant !
Mon pantin de fortune tomba dans les vapes. Je grimpai sur ses épaules pile à l'instant où ses genoux claquèrent contre le sol pour m'en servir de tremplin et porter un coup de pied sauté en pleine tête du bandit qu'il avait voulu m'en coller une ! Il chuta sur l'un de ses camarades qui se trouvait être bien trop près de lui.
Les sept autres ne commirent pas la même bêtise : ils contournèrent leurs équipiers pour essayer de m'encercler. Cependant, je fus bien trop rapide pour eux ! Avant de me ruer sur un autre combattant, je lançai la Caladbolg dans les mains de celui qui se trouvait sur ma droite. Il l'attrapa par réflexe, loucha dessus et eut un violent sursaut en voyant la paire d'yeux diaboliques qui le toisait. Connaissant mes intentions, mon arme le frappa avec le plat de sa lame, l’assommant de cette manière-là sans que j'eus besoin de le lui dire.
Entre-temps, mon poing droit ganté se planta dans un estomac avant que son opposé s'abatte sur le sommet du crâne exposé du même personnage, ce dernier s'étant plié en deux les mains sur le ventre après avoir encaissé ma première frappe.
Deux de ses compagnons voulurent le venger en me prenant en tenaille. Je ne me servis que du haut de mon corps pour esquiver leur attaques, qui devinrent très vite successives.


- Arrête de bouger, bordel ! s'emporta l'un des deux gus.

- Sale... morpion ! enchaîna l'autre.

Au beau milieu de leur échange, tout en continuant d'éviter les percussions je sus leur distribuer à chacun un petit coup du plat de la main tout juste assez fort pour les repousser légèrement en arrière.
Ils se rétablirent sans trop de peine mais ce léger laps de temps me permit de préparer la contre-attaque : mes deux manches en Tisse-Rune s'allongèrent pour s'enrouler autour des deux poings déjà prêts à me tabasser.
Un bond en avant me permit de les éviter tout en ayant le dos tourné, alors que leurs virulents propriétaires se firent une violente accolade ! Un troisième larron, pris dans son élan, ne put guère s'arrêter à temps et s'écrasa contre ses paires. Lui qui était bien parti pour me prendre en traitre, ce n'était que justice !
Derrière le trio, la Caladbolg dansait dans les airs à la manière d'une épée fantôme, accaparant l'attention des trois vilains bougres qui craignaient sans doute de se faire trancher par elle.
Hormis ceux-là, il n'en restait plus qu'un encore debout. Il s'agissait de l'homme accidentellement renversé par son allié que j'avais mis au tapis avec mon coup de pied sauté. Ses yeux brûlait d'une haine féroce !
La brute dégaina un couteau de chasse attaché à sa ceinture et me fonça dessus. Ses foulées étaient admirables, très précises, car il fit bien attention à ne pas marcher sur ses collègues sans pour autant perdre de la vitesse.
J'avais eu le temps de rapatrier mes manches, mais l'une d'entre-elles était encore un peu longue. A dessein, vous l'aurez compris, car je m'en servis à cette autre reprise pour agripper une botte de mon assaillant et le faire chuter sur les trois autres qui commençaient tout juste à se redresser sur les coudes, encore un peu sonnés.
Le couteau de chasse tomba à mes pieds tandis que ma manche revint à son état initial.


- Dommage ! Vous êtes pourtant doué à la marelle.

Je traçais la Rune Berkano dans les airs mais pour cette fois je n'interrompis pas les mouvements de mon index après son activation. Ceci de sorte à pouvoir matérialiser de façon précise un filet suffisamment large pour capturer les quatre bandits d'un seul coup !
Une fois tissé, je les en recouvris rapidement par le biais de la Télékinésie Zélodienne.
Mes prisonniers se débattaient ardemment, si bien que je dus resserrer les mailles de mon filet pour les compacter efficacement et, par conséquent, leur interdire de gesticuler à loisir.
Le quatuor enfermé protestait de tout son saoul et m'insultait de tous les noms possibles.
Cela ne me faisait ni chaud ni froid.
Merci le Cœur de Glace !


- Je ne qualifierais pas ça de belle prise.

Je levai les yeux sur mes adversaires restants - les trois vilains qui en avaient toujours après ma lame - alors que les otages semblaient avoir repris espoir.
Ils m'encourageaient sous le regard froid et attentif du sorcier et de son homme de main porteur de hache. Pour le moment, ces deux-là refusaient de bouger comme s'ils cherchaient à définir mon niveau...
Je ne comptais pas les décevoir.


- Je l'ai ! glapit l'un des bandits, qui avait fermé les mains sur le manche de mon épée. Tu ne m'échapperas pas !

Je n'étais décidément pas la seule à m'adresser à mon épée. C'était assez réconfortant de l'apprendre.
Je secouai un index à leur attention tout en esquissant une petite grimace tordue.


- Très mauvaise idée, si vous voulez mon avis.

Je croisai le regard de mon épée vivante avant de souffler le mot magique - Fractio !
Sa lame se scinda en plusieurs morceaux, tous reliés par un flux d'énergie de nature électrique, et s'abattit avec le plat sur le postérieur de l'homme qui pensait pouvoir tenir bon. Il abandonna sa prise au bout de la troisième fessée, ce qui forçait un peu le respect !


- Caladbolg ! fourreau.

Elle m'obéit sans broncher, réintégrant aussitôt sa précieuse geôle.
J'adressai un grand sourire aux trois truands, puis je levai une main pour leur faire signe de venir m'affronter au corps à corps.


- Trois adversaires, trois secondes, dis-je. Qu'en pensez-vous ?

Ils rugirent de concert et se jetèrent sur moi comme les derniers des amateurs.
Sous les effets du Cœur de Glace, ma vitesse était telle qu'elle me permit de les éviter tout me donnant maintes occasions de leur porter un coup.
L'un d'entre-eux s'effondra sur la face, les bras le long du corps. Celui qui se trouvait au centre fut projeté en arrière et, après avoir effectué une vrille assez impressionnante, il s'immobilisa sur le dos, la langue pendante.
Quant au troisième, il se tenait debout, dans mon dos, légèrement penché en avant...


- P-pas... possible.

Il s'écroula subitement, ses jambes flageolantes ayant fini par céder sous son propre poids.
Alors que les villageois n'avaient pas fini de m'acclamer, je coulais un regard au sorcier et à son armoire à glace de collègue.


- A qui le tour ?

L'ancien m'observait avec des grands yeux, encore sous le choc de m'avoir vu éliminer tant d'adversaires en si peu de temps.

- …Dieu à répondu à mes prières, souffla-t-il.

- Tss ! siffla le sorcier, exaspéré par le vieil homme.

Le colosse à la hache fit un pas en avant et se frappa le torse de sa main libre, l'autre soutenant le poids de son énorme hache.

- Laisse-la moi ! gronda-t-il. Moi, Werro, vais apprendre à cette vermine inconsciente qu'il ne faut pas nous mettre dans le même sac que cette pitoyable piétaille.

- Reste sur tes gardes, lui conseilla le sorcier. Ce n'est pas une amatrice.

- Je m'en fous, répondit-il en levant son arme d'une main. Ma hache va la fendre comme une buche ! DOOOORYAAAAH !

Il était si massif que lorsqu'il chargeait, chacun de ses pas faisait trembler le sol autour de lui !
Je me tournai dans sa direction en espaçant un peu plus mes pieds.
La hache s'abattit au sol dans un grondement de fin du monde alors que je m'étais faufilée lestement hors de sa trajectoire.


- J'te tiens ! fit-il, du triomphe dans la voix.

Il ne s'était servi que d'un seul bras pour me frapper de sa hache, l'autre m'attendant au tournant - celui que j'avais « malencontreusement » emprunté.
Je pliai mon bras droit. Protection qui rencontra son épais biceps aussi gros qu'une cuisse.
Le choc ne suffit pas à me faire vaciller puisque j'avais pris mes précautions avant d'entreprendre mon esquive.


- Nop, rétorquai-je. JE te tiens~

- Quoi ?!

Je saisis son poignet et pivotai sur moi-même à deux reprises, emportant dans mon sillage la caricature de barbare avant de la projeter plus loin dans la continuité de mon mouvement.

- Gruaarrh !

Il s'écrasa par terre en dessinant une petite tranchée avec son épais menton.
Je venais d'abimer son beau masque en cuir qui servait vraisemblablement à dissimuler aux yeux de tous son effroyable dentition.


- Oh ! fis-je, écœurée. Surtout, ne dites pas « cheese ! »

- Grr... espèce de...

Il se redressa sous les yeux écarquillés de nos spectateurs.
J'avais excité la morgue de mon stupide adversaire, ce qui le rendait beaucoup moins dangereux qu'il semblait le croître.


- SALE PETITE TEIGNE !!!

Pour la seconde fois, il se rua sur moi ! Le manche de sa hache serrée entre ses gros doigts, il voulut me faucher de toutes ses forces en frappant à l'horizontal.
Je bondis au-dessus de lui avec toute l'extraordinaire souplesse d'un lièvre. Puis je lui retombai sur le dos, les pieds joints, en profitant du fait que je portais une Tenue en Tisse-Rune dont le poids est modifiable selon mes caprices. Malgré son impressionnante carrure, Werro, le bandit dont le nom sera très vite oublié, imprima sa silhouette dans le sol et sombra dans l'inconscience.
Dans le doute, je portais une main à son cou pour tâter son pouls.
Il battait toujours.
Fait étrange : autour de moi, c'était le calme plat. Je levai donc les yeux vers les villageois. Ils étaient stupéfaits. Avant même qu'ils ne puissent m'inonder d'acclamations, j'entendis le sorcier m'applaudir.


- Excellent ! Vraiment grandiose ! Tous ces types n'étaient que des pions, mais quand bien même...

Je haussai un sourcil interrogateur, l'air de dire « Où veux-tu en venir, fripouille ? ».
Son regard se fit malicieux, presque pervers.


- Je ne vais pas y aller pas quatre chemins, me dit-il en tendant la main. Joins-toi à moi ! Avec la Pierre Philosophale en notre possession, nous ne deviendrons pas seulement les plus riches de ce monde : nous serons également les plus puissants de la création ! Le monde nous appartiendra, et il ne tiendra qu'à nous d'y instaurer nos lois.

- Alors vous dans le genre rentre dedans..., soupirai-je.

- Dois-je comprendre par là que cette idée ne te plait pas, magicienne ?

- Mieux : elle me révulse. Le pouvoir ne m'intéresse pas, et c'est encore plus vrai s'il s'agit de me retrouver à vos côtés, vous qui auriez pu prêter main forte à vos hommes au lieu de vous servir d'eux pour vous faire une idée de mes capacités. Vous êtes d'une lâcheté crasse, pour ne pas dire une sacrée raclure !

- Tant pis... Il va donc falloir que je me débarrasse de toi, petite sotte.

- Je n'attends que ça.

- Tu t'imagines vraiment capable de me battre ?

- C'est peu dire, répliquai-je. Vous permettez un instant ?

Question rhétorique.
Je lui tournais le dos sans le moindre scrupule pour m'adresser aux villageois.


- Filez d'ici en vitesse ! Rejoignez les autres sur la place et emportez-les à l'écart de ce village. A mon grand dam, je ne peux pas me porter garante qu'il ne fasse pas les frais de notre affrontement.

Quand la magie s'oppose à la magie, les dégâts qui s'ensuivent de tous côtés sont imprévisibles. Je n'avais pas non plus la moindre idée de ce que me réservait le sorcier. Ces mesures de précaution vis-à-vis des habitants de cette bourgade n'étaient pas du tout exhaustives.

- Tu oses me tourner le dos ?! s'insurgea mon ennemi.



Au moment où je sentis sa magie fluctuer dans l'air, je me tournai vers lui.
L'air se rafraichit subitement au point de former des cristaux de glace noir comme du charbon. Le tout se condensa en une sorte de javelot que le sorcier me balança à l'aide d'une impulsion magique en provenance de son sceptre.
Je tendis le bras pour invoquer mon Praesidium - ma protection fétiche à l'aspect vitreux, essentiellement composée d'alvéoles mauves. L'arme conjurée par le Sorcier se fracassa dessus, laissant une simple rayure sur ma barrière magique.
Les villageois n'avaient toujours pas bougé.


- Pressez-vous ! C'est pour vous porter secours que je suis venue jusqu'ici. Vos proches vous attendent !

Ils se hâtèrent enfin de m'obéir pendant que je gardais à l’œil mon impitoyable adversaire.
Curieusement, il n'avait pas l'air plus disposé que ça à les empêcher de quitter les lieux...
Par contre, il plaqua la paume de sa main sur le front de l'ancien. Ce simple geste me fit comprendre mon erreur.


- Le vieux n'en avait rien à faire d'eux de toute façon. Ils ne savent rien sur la Pierre Philosophale, j'en ai maintenant la certitude. Contrairement à lui.

- A-A l'ai-d-d-d-de ! grelotta l'ancien...

Tout tremblant, il fut expédié dans sa demeure que le sorcier enveloppa tout entier dans un épais carcan de glace noire !

- Il n'en mourra pas. Du moins... pas tout de suite.

Je me mis en garde, les lèvres pincées.
L'oxygène viendra à manquer, ou bien le froid finira par terrasser le prisonnier.
Cet imbécile allait regretter de m'avoir ainsi poussée à bout !
J'inspirai un grand coup pour ne pas entrer dans son jeu.


- Maintenant que j'ai vu de quoi vous êtes capable, vos petits tours ne fonctionneront pas sur moi.

- L'expérience fera la différence !

Il m'exposa sa main libre, manche retroussée et paume redirigée vers lui, rendant visible un gantelet doré et incrusté de gemmes noires. Chacune d'entre-elles contenaient un peu de sa magie, probablement conservée dans l'attente d'un jour comme celui-ci.
En tout cas, sa puissance magique venait soudain de tripler !
Le sorcier hurla une incantation et de sombres arabesques se dessinèrent tout autour de ma position à même l'air. Elles devinrent de plus en plus nombreuses, jusqu'à s'allonger et se convertir en une véritable tempête de ténèbres !
Soudain, je m'aperçus que j'étais comme prisonnière de l’œil d'un cyclone.
A travers de ce rideau de ténèbres mobiles, je vis les doigts de l'incantateur se refermer lentement.
Sa voix se fit étonnamment puissante par rapport au vacarme que produisait son sort.


- Succombe donc à mon Terrible Blizzard !

- N-Non ! m'écriais-je.

Je devinais un sourire mauvais sur son visage.
Il ferma alors les poings et les ténèbres glacées me compressèrent comme un citron !


- Meurs ! Muah ah ah ah ah ! Je ferais de ton cadavre congelé une statue pour mon futur palais ! Ah ha ha ha ha ! HA HA HA HA HA !

Les doigts légèrement engourdis avec un peu de givre noir sur mon vêtement magique, le Shunkan Ido aidant, j'étais apparue dans son dos pour lui chuchoter ceci :

- Il est encore trop tôt pour crier victoire, imbécile ! IYAAH !

Un coup de pied en travers du dos et le sorcier fut expédié dans sa propre tempête ! Toutefois, il ne fit que la traverser, la vitesse à laquelle je l'avais projeté lui permettant d'y survivre.
Connaissant le sens du vent, je m'en servis pour le rejoindre aussi vite que possible ! Cette action me propulsa dans les airs, et j'eus donc pleine vue sur le champ de bataille. Je vis que les maisons alentour avaient gelé, avant de me concentrer sur le véritable point noir de cette histoire.
Le Sorcier roula sur le dos et se releva malhabilement sur les coudes, ses yeux braqués sur moi.
D'un geste à la volée, il me tira une salve de javelots noirs avec son sceptre qu'il n'avait pas lâché. Je descendis en piqué tout en esquivant ses longs projectiles. L'une de mes mains était restée en retrait et luisait d'un petit éclat menaçant...


- Vous avez perdu !

J'atterris juste au-dessus de lui alors qu'il essayait de se reculer.
En vain, car je ne lui en laissai pas l'occasion !


- Satteles !

Ci-tôt conjurée, la sphère de magie violette rencontra son gantelet et sa canne qui volèrent en éclats ! Le sorcier poussa un cri de douleur quand mon énergie lui grignota les avant-bras. Par charité, je fis disparaître mon Satteles avant qu'il n'explose.
Tout en me passant un revers de manche sur les lèvres, je me dressai fièrement au-dessus du vaincu.


- Satisfait, crapule ? crachai-je. As-tu eu ton compte ?

Je considérais la partie comme terminée et à raison : l'aura de mon concurrent s'était volatilisée.
Je pris donc cela pour un signe de début de reddition... sauf que l'homme, la tête basse, refusait de me répondre. Je l'entendais marmonner des choses inaudibles.
Les poings sur les hanches et un sourcil arqué, je dus le relancer.


- Eh bien ? On fait de l'asthme ?

Quand soudain je sentis une vague d'énergie muette me traverser, très vite suivie par une autre ! Sous nos pieds, le sol se mit également à vibrer, d'abord doucement puis de plus en plus fort.
Les épaules du sorcier se mirent à tressauter légèrement, synonyme de son hilarité contenue. Il releva la tête au dernier moment en esquissant un sourire lugubre sous son étrange couvre-chef.


- Tu aurais dû te débarrasser de moi quand tu en as eu l'occasion !

- Que... ?

Non, il ne se fit pas explosé, pas plus qu'il ne chercha à me transpercer avec une arme secrète ou l'un de ses horribles javelots. Mais le paysage autour de nous vira au rouge, comme si le soleil avait pris une teinte cramoisie et qu'il nous inondait de ses puissants rayons. Les secousses redoublèrent d'intensité avant de se calmer et de refaire leur apparition.
Tout semblait instable dans ce village !
Sous les fesses et les mains du sorcier, le sol se mit à fondre tandis qu'à d'autres endroits il se confondait à celui d'une terre volcanique. Je crus tout d'abord à une illusion surréaliste, comme ce fut le cas avec l'appel de la Caladbolg tout à l'heure.
Mais il n'en était rien !
Aussi absurde que cela puisse paraître, j'en arrivais à la conclusion vaseuse que ce petit village tranquille se mélangeait avec un autre univers... ou plutôt une autre dimension ? Une aura profondément malfaisante - infernale même ! - allait en s'étendant tandis que les vagues d'énergie, toujours intermittentes, proliféraient.
Je vis même des éléments du décor - la toiture d'une maison, l'un de ses murs et même une boite aux lettres - changer du tout au tout, remplacés par une surface en roche volcanique noirâtre ou par une petite fontaine de lave... tout aussi ténébreuse ?
Ma stupéfaction affichée ne fit qu'accroître la bonne humeur du sorcier.
Guère réconfortée par tous ces changements dans le paysage, je raffermis mon regard pour mieux l'interroger :


- Qu'est-ce que vous venez de nous faire, pauvre fou ?

Sur sa tête, les orbites préalablement vides du crâne squelettique s'étaient mis à luire d'un feu maléfique.
Était-ce une sorte d'artefact ?
Plus que du sorcier lui-même, il en émanait maintenant une puissance proprement effroyable !
Je me sentis gagner par un bien mauvais frisson...
Sous les pieds du mystificateur, des motifs cabalistiques enfermés dans de grandes formes géométriques avaient faire leur sinistre apparition. Le tout rougeoyait ! On aurait dit que du magma bouillonnait sous le sol et que la croûte terrestre était sur le point de se fissurer de toutes parts.
Le sorcier ricanait. Je me demandais s'il s'était rendu compte que les nerfs de son visage affleuraient dangereusement à la surface de sa peau... En tout cas, il avait une tête à faire peur !
La voix contaminée par la magie noire, il prononça en un claquement de langue un dernier mot pour terminer sa sinistre incantation.
La température avait grimpé en flèche là où il se tenait à genoux, aussi dus-je reculer de quelques pas afin de ne pas commencer à fondre comme les petites portions de terre autour de lui.


- Qui ose déranger mon sommeil ? tonna une voix désincarnée, qui me donnait tout fois l'impression d'émaner du fameux crâne. Qui cherche à m'invoquer ?

Je vis l'air se contracter autour de l'occultiste. Ce dernier ne put retenir un gémissement douleur. Il serra les dents et me garda en visuel, les lèvres retroussées et le souffle court.
Ses yeux irradiaient d'une telle haine que j'avais l'impression qu'il me jugeait responsable de sa folle décision, et qu'il se refusait de penser le contraire par crainte de faillir dans cette opération.


- Vous le savez déjà... Ô Firhost, Chimère des Terres Infernales, répondit le sorcier, qui fut aussitôt pris d'une nouvelle crise de souffrance.

Il luttait contre le pouvoir ? ou bien outrepassait-il ses limites au risque d'y perdre jusqu'à sa vie simplement parce que j'avais contrarié ses plans ?
Je posais ma main droite sur la poignée de mon épée, prête à la dégainer d'un instant à l'autre quand je sentis une présence invisible, écrasante et d'une férocité à nul autre pareil émerger du néant.
Par tous les Dieux ! Même avec le Cœur de Glace pourtant actif, cette présence diabolique à elle-seule me faisait transpirer dans ma tenue. C'était chose inédite pour moi, car même l'aura du Maître ne m'avait jamais autant affectée.


- Trop faible, gronda la voix maudite. Sais-tu ce qu'il en coûte, pour les individus de ton espèce, de me conjurer de la sorte ?! As-tu la moindre idée de ce qu'il faut qu'ils sacrifient pour pouvoir faire appel à moi ? pour pouvoir... libérer ma puissance ?!

Le sorcier n'eut pas le temps de répondre. Il poussa un cri terrifiant et plaqua la paume de ses mains contre ses joues, avant d'y enfoncer ses ongles jusqu'au sang ! Sa peau était striée de veines prêtes à éclater, et leur couleur atypiques était avant coureur de quelque chose d'incurable.
Le chef des bandits avait commis une sacrée bêtise... Pour lui, le chemin de non-retour était vraisemblablement atteint !
Et moi qui avais eu la gentillesse de l'épargner...
Au moins cela montrait bien que j'étais devenue maîtresse de la technique du Cœur de Glace et non pas l'inverse.
Rester optimiste, quoi qu'il advienne !
Les vagues d'énergie se firent plus oppressantes et plus intenses, tandis que le grondement de la terre allait crescendo. Au milieu de ce vacarme de fin du monde, la voix revint à la charge :


- Ambitions. Rêves. Désirs. Raison. Tu viens de renoncer à tout ceci, impudent Mortel ! Tu n'as donc plus ta place dans ce nouveau monde sur lequel j'ai déjà la main mise.

Sur la tête du sacrifié en devenir, le casque de squelette déploya des crochets qui s'y enfoncèrent. Le sorcier se jeta violemment en arrière et se cambra à s'en rompre l'échine ! C'était à se demander comment il faisait pour tenir encore sur ses pieds, son corps tordu comme une arche. Il poussa un rugissement à en fendre les cieux avant que sa peau ne vire totalement au noir. Une puissante odeur de souffre émanait de lui et de sombres volutes filtraient par-delà les pores de sa chair torturée.
Hébétée, j'assistais à une véritable possession... voire à la Réincarnation d'une entité démoniaque !
Sentant le danger croître, je bondis en arrière.
Une petite explosion eut lieu, emportant des pans du sol ainsi qu'une poignée des bandits les plus proches de nous que j'avais assommés de ma main.
Finalement, le fait de les avoir épargnés ne leur aura été d'aucune sauvegarde...
Je sentis la colère monter en moi, mais je dus la contenir afin de ne pas me jeter trop vite dans les flammes. Sans avoir connaissance des capacités de l'ennemi, c'est un coup à se brûler jusqu'aux os.
Les secousses et les vagues d'énergies successives s'étaient tues.
La poussière et la fumée finirent par se dissiper. Ce que je vis à leur place me pétrifia sur place.
C'était une sorte de dragon d'au moins six mètres de haut !
La bête mythique avait deux braises rougeoyantes à la place des yeux, insérées dans les orifices d'un casque en os presque aussi imposant qu'une voiture et doté d'une menaçante paire de cornes. De ses naseaux jaillissaient des colonnes d'une fumée noire à fortiori toxique. Sur le dessus de son cou, plus épais qu'un tronc d'arbre, trônait une crinière plus ou moins semblable à celles des chevaux ; comme si cela ne suffisait pas, les poils roux et drus rajoutaient de le menace au portrait.
Le reste du corps de ce que le sorcier avait baptisé "Chimère des Terres Infernales" ressemblait à un étonnant croisement entre le lézard et l'équidé. Un mélange de cuir et d'écailles brunâtres composait la couche supérieure de cette carcasse de cauchemar ! Ses pattes avants, à mi-chemin entre la main et la griffe, tiraient davantage vers le reptile tandis que ses membres arrières se terminaient par un assemblage de trois sabots d'un noir d’obsidienne. Enfin la présence d'une queue aussi longue que le reste du corps essayait de conférer un équilibre supplémentaire à cette monstruosité ambulante. Elle se terminait par une pointe de la même composante que les sabots.


- Si jamais j'avais su que je tomberais sur une créature pareille en arrivant ici..., laissai-je échapper, les yeux levés sur la créature démoniaque.

Tout comme elle, je fus alertée par des cris de terreur. Ils appartenaient aux bandits survivants. Les six couraient comme des dératés, hurlant au monstre ou au cauchemar éveillé !
J'avais moi aussi l'impression de me trouver dans un monde situé à mi-chemin entre le songe et la réalité...
Soudain, un courant d'air profondément maléfique me força à raffermir ma position.
Firhost - le nom de cette « Chimère » - en était le responsable. Le simple fait d'entrouvrir la gueule lui avait permis de délester les âmes en fuite de leur vitalité ! Alors que je sentais une violente crampe me serrer les entrailles, je vis un feu mystique quitter les corps des bandits pour se perdre dans l'antre gutturale du démon chimérique.


- Hungh...

Je luttais contre mes maux pendant que monsieur le lézard hybride se faisait un festin !
Au loin, les cadavres des malfrats disparurent, happés par une mare magmatique en voie d'expansion.
Le son que j'avais malencontreusement laissé s'échapper redirigea l'attention de Firhost sur moi.


- Oh... Tu n'es pas semblable à ces cafards, fit-il de sa monstrueuse voix tout en s'avançant d'un pas. Un simple Mortel aurait déjà succombé à mon souffle, y laissant âme et corps. Alors qu'es-tu donc, petite femelle ?

Je fis de mon mieux pour me tenir droite et vaincre le mal qui m'accablait en continu.
Jugeant judicieux de déployer mon aura à des fins purificatrices, j'obéis à mon instinct ; sa flamme mauve me recouvrit de la tête au pied tandis que les tatouages sur ma peau luisaient d'une manière identique.
Avec cet adversaire-là, les demi-mesures ça n'existait pas !
C'était la première fois que je recourais à un usage aussi poussé du Cœur de Glace. La chaleur ambiante me parut tout de suite plus supportable, à l'instar du mal qui émanait de la bouche de cet ersatz de dragon.


- Je m'appelle Ryanne Hilaris et je suis... majoritairement humaine. Quant au reste de ma nature, vous n'avez pas besoin d'en avoir connaissance. Cette aura de mort qui émane de vous, Firhost, n'a rien à faire en ce monde. Je vais donc devoir le défendre en payant le prix de votre annihilation.

- Hu Hu Hu.... Gu Ha Ha Ha ! Que de belles paroles pour une semi-humaine. Mais je veux bien t'accorder le bénéfice du doute, créature inférieure ; fais-moi reculer et nous verrons bien si ton monde mérite réellement de continuer à exister...

Pour ponctuer ses dires, il abattit sa patte griffue au sol, provoquant une secousse et la naissance d'un réseau de fissures d'où de la lave noire débordait à gros bouillons.

- Dans le cas contraire, la dimension dont je suis originaire ira en s'élargissant et dévorera l'intégrité de tes terres. A toi et à tout ceux que tu essayes de protéger !

Je fis craquer mon cou au même titre que mes phalanges avant d'adopter une garde basse, la Caladbolg en main.

- Qu'il en soit ainsi. Je vais vous montrer qu'il ne faut pas nous prendre à la légère, nous autres terriens !
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Ryanne Hilaris

Ryanne Hilaris


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[Mission Solo] La légende de la Pierre Philosophale ! Empty
MessageSujet: Re: [Mission Solo] La légende de la Pierre Philosophale !   [Mission Solo] La légende de la Pierre Philosophale ! Icon_minitimeJeu Jan 31, 2019 11:01 pm




Ne baisse ta garde à aucun moment, Maîtresse, me conseilla la Caladbolg à travers notre canal spirituel. Cette Entité n'a absolument rien de comparable avec tout ce que tu as affronté jusqu'ici, sauf si l'on prend en compte le duel avec notre Maître. Sache cependant qu'il ne s'est pas donné à fond ce jour-là...
J'ai fini par m'en rendre compte toute seule, merci ! Mais tu as raison : je ne défaillirai pas. C'est une question de vie ou de mort.
A mes pieds, le sol se mit alors à bouillonner comme dans une gigantesque marmite.
Je ne pris pas mon temps pour me projeter dans les airs, le visage éclairé par un ciel aussi rouge que le sang. En bas, une détonation eut lieu et de petits ilots de terre encore à peu près intacts flottaient dans un bassin magmatique d'une couleur goudronneuse. La maison de l'ancien, recouverte par la glace noire, refusait de tomber. Il m'était impossible de venir au secours de son résident malgré la fonte du glacier. Au moins l'ancien ne risquait-il pas de manquer d'air... en théorie. J'avais bien mes réserves à ce sujet mais...
Ne te laisse pas distraire ! me rappela la Caladbolg.
Et elle eut bien raison : depuis la terre ravagée, Firhost fit feu ! Il me bombarda de boules noirâtres et visqueuses. Du magma noir, sans doute aucun !
Je fis de mon mieux pour les éviter avec de rapides déplacements latéraux. Cependant, je remarquai que les missiles projetaient des gouttes acides dans toutes les directions. Recourir au Praesidium fut indispensable ! Ma protection alvéolée et légèrement bombée accusa les petits éclaboussures puis disparut une fois l'orage passé. Elle ne m'était plus d’aucune utilité étant donné que la lave noire commençait à la ronger.
J'avais donc survécu à ce premier assaut, tout en sachant à peu près à quoi m'atteindre pour la suite.


- Bien ! Dans ces conditions...

Le regard de Firhost me toisait durement.
Je ne succombais pas à la pression, concentrée sur le traçage rapide de Ferhu et de Ferhu Inverse sur le dos de mes mains. Aussitôt fait, les tatouages cabalistiques virèrent au rouge flamboyant et mon aura s'embrasa d'autant plus.


- Une Runiste, reconnut la chimère. Tu auras beau briller autant que tu veux que tu ne pourras jamais m'atteindre, petite femelle ! Tu manques encore de puissance.

- C'est ce que l'on va voir !

La Caladbolg en lévitation dans l'air à mes cotés, je tendis les deux mains en avant pour produire deux Satelles qui se gorgèrent instantanément de Feu Primordial ! Les deux sphères de magie pourpre finirent par gonfler à tel point qu'elles ne firent plus qu'une.
J'avais déjà utilisé le Super Sattelles auparavant, mais jamais sous l'influence de mes Runes.


- Avale-moi ça avant de critiquer à tout-va !

Mon astre émit une lueur d'avertissement avant de fondre sur sa cible massive !
Elle explosa avec fracas, propageant son souffle dans tout le village. La lave noire alentour fut aussitôt combattue par les quelques résidus de Feu Primordial issus de la confrontation de ma grosse sphère avec Firhost.
A travers la poussière dégagée, je voyais vaguement la forme effilée de ses cornes.
Comme je m'y étais attendue, mon attaque ne l'avait pas atomisé. Pire encore : elle ne lui avait fait aucun dommage !
La Chimère Infernale s'était servie de sa queue pour contrer mon attaque. L'étrange matière qui en recouvrait la pointe l'avait vraisemblablement immunisée contre mon feu magique.
J'eus un petit rire jaune en récupérant ma Caladbolg.


- Faire mouche ne va pas être tâche facile.

Les yeux de Firhost brûlèrent plus fortement qu'à son apparition.
Il se ramassa comme un lézard, provoquant une rupture encore plus nette du sol sous lui, puis...


- A mon tour !

Bien que massif, le démon ne manquait absolument pas de vitesse ! Il se catapulta sur moi comme une étoile filante et je fus relativement étonnée de parvenir à l'éviter...
Sa queue ! me fit remarquer la Caladbolg.
Bon sang !
La pointe me fila sous le nez, déchirant le devant de mon haut sans pour autant me couper les chairs. Néanmoins, Firhost revint aussitôt à la charge en prenant cette fois-ci appui sur le toit d'une maison, qui tomba en morceaux juste après son départ !
Dans l'urgence, je positionnai mes bras en croix tout en prononçant l’incantation d'immobilité absolue - ou le Cœur de pierre inversé - : Gratia.
Cela ne fut pas suffisant pour interrompre son attaque. Alors, à défaut de recevoir une corne en travers des entrailles, je fis la rencontre avec un crâne plus solide que l'acier ! L'impact m'envoya valdinguer plus haut dans les airs, où je parvins tant bien que mal à me stabiliser après une petite série de vrilles.
J'avais les bras tout engourdis et les manches en lambeaux.
Quelle puissance absurde !
C'est celle d'un Authentique Démon, ajouta la Caladbolg.
On se sentait tout de suite plus rassurée !
Étant retombé à terre, le monstre voulut réitérer son assaut, adoptant sa posture de départ.
Je ne lui en laissai pas l'occasion. Porter deux doigts à mon front suffit à me téléporter juste à côté de lui ! Son œil droit capta ma présence. Trop tard, cela dit ! Je le saisis par la queue en la coinçant sous mon bras et, irradiant de puissance, le fit tourner avant de le balancer contre une rangée de maison qui se convertirent toutes en un monticule de gravats informe suite à son passage fracassant !


- Caladbolg !

Elle vint aussitôt à la réception, tournoyant vers notre ennemi commun à la manière d'une hélice.
Firhost enfonça ses pattes dans la terre pour interrompre sa course forcée. Il ne délogea que sa griffe droite pour bloquer le coup en taille porté par ma lame.


- Fractio ! sifflai-je en rejoignant l'espace de combat.

Obéissant à mon incantation, Caladbolg se fractionna en plusieurs morceaux et, tel un serpent, s'enroula autour des bras du démon. Par ailleurs, il entailla modérément son cuir et ses écailles brunâtres, mais pas assez profondément pour faire couler abondamment le sang.
Firhost grogna en me voyant arriver sur lui.
Il me tira une salve de magma noir que je pus éviter en faisant des vrilles. Les éclaboussures rongèrent un peu ma tenue en Tisse-Rune mais il en fallait bien plus pour la détruire complètement !
Mes mains luisaient d'un Ki flamboyant.


- Discidium !

En double !
Je frappai le thorax de la Chimère en décroisant vivement les bras devant mon visage.
Ce coup-ci, le monstre le sentit passer. ! Il poussa un rugissement et m'éclaboussa le visage de son sang... avant d'entrer dans une rage folle.


- Assez !

En insérant sa queue entre l'épée et sa chair meurtrie, il parvint à briser ses chaînes magiques sans que je puisse intervenir. Caladbolg revint à son état initial, repoussée par l'aura de Firhost. Ce dernier voulut me rendre la monnaie de ma pièce avec un puissant coup de griffes mais je parvins à éviter de justesse en me contorsionnant. Le second - deux fois plus rapide - traversa mon aura enflammée pour me taillader le flanc droit.

- Outch ! fis-je en me reculant sur un pied, un œil fermé.

- Insolente ! Oser me trancher, moi ?!

La Caladbolg revint à la rescousse mais le monstre l'expulsa d'un violent coup de queue, à tel point que mon arme alla se ficher dans un mur encore debout.
Hormis cet élément du décor, absolument tout autour de nous était en train de se désagréger ou de fondre. Des cendres et des débris volaient dans tous les sens, attirées par nos puissances respectives.


- Vous avez fait pareil alors de quoi vous plaignez vous ?! geignis-je, une main sur ma plaie.

- Qu'une Demi-Mortelle puisse me blesser ainsi... l'idée est des plus risible !

- Il y a un commencement à tout et je suis bien contente d'être la première ! lui lançai-je, irritée par la douleur.

- Je vais te remettre à ta place, misérable insecte !

Il plongea les griffes dans le sol alors que je m'apprêtais à lui porter un coup droit.
Son aura obscure mais non moins brillante rencontra la mienne et des étincelles crépitèrent tous azimut.
Je ne comprenais pas l'intérêt d'enterrer ses bras dans la terre avant de me rendre compte, par le biais de l'Aperception et du bruit des pierres sifflantes, que des stalactites de lave noir s'étaient condensées tout autour de nous !
Il avait remué ses griffes en catimini afin qu'ils nous encerclent ? Plutôt fourbe pour une brute sortie de je ne savais quel jurassique !
Dans un élan de survie, je dus réagir au quart de tour :


- Discidium ! Praesidium !

La combinaison des deux qu'il m'eut été possible d'utiliser uniquement grâce au Compartimentage de l'Esprit ! Pour l'occasion, je pris exemple sur Elwen, donnant naissance à des gantelets garnis de lames de Ki. Je pus donc, à l'aide d'un mouvement rotatif, détruire les pics qui me menaçaient d'une mort imminente !

- Meurs !

Mais il enchaina par un coup d'estoc lancé avec l'extrémité de sa queue.
Impossible pour moi de l'éviter au vu de ma position guère avantageuse.
Pour une question de survie, j'allais devoir renoncer plus rapidement que prévu à l'un de mes atouts majeurs : à savoir la Rune Ferhu toujours active. Mes gantelets disparurent aussitôt.
Usant de la propriété magique de ma Rune qui consiste en une transformation de l'énergie en matière, je convertis mon aura de Feu Primordial en une robuste géode ! Je ressemblais ainsi à un poussin coincé dans un œuf. Du moins jusqu'à ce que l'attaque perforante de mon ennemi ne fasse éclater sa coquille et ne me propulse au loin, à travers les maisons ravagées.
Je terminai ma course à deux pas d'un bassin de lave noire, toute aura éteinte.
L'épuisement commençait à me gagner, l'usage intensif de Ferhu et de son opposée n'ayant vraiment pas aidé à me faire économiser mes ressources, à défaut de m'avoir rendue momentanément plus puissante.
Alors que j'étais étendue par terre, du sang plein ma tenue et une main appliquée sur ma plaie, je sentis le Cœur de Glace s'éteindre et la peur me gagner...
Un soupir m'échappa alors que je contemplais le ciel rougeoyant.
J'aurais tant voulu balancer un Purgatio entre les gencives de ce monstre mais je le voyais au loin qui commençait à s'avancer, chacun de ses pas faisant vibrer la terre et danser la lave.


- Gggh...

Je ne disposais ni du temps ni de la concentration nécessaires pour soigner correctement ma blessure.
Pour moi, la fin de cette rencontre s'annonçait particulièrement salée...
Mourir n'est pas la fin de tout.
Sauf que je risquais de me faire avaler mon âme aussi, et donc pas de résurrection possible tant que la Chimère ne l'aurait pas recrachée. Ça et aussi le destin du monde si jamais je venais réellement à échouer : Firhost ne se contenterait pas de cette bourgade. Il tuerait tout ce qui se mettra en travers de son chemin, en commençant très probablement par Yggdrasia et les villageois.
A cette pensée, je sentis la flamme de mon esprit combatif s'embraser de nouveau.
Mourir n'est pas une option !
Il me restait une Rune encore active - Ferhu inversée - et donc un maigre espoir de remonter sur le ring. Elle dégageait de la chaleur et je me fis fort de l'augmenter autant que je le pouvais sans me convertir en torche humaine !


- Tes actes sont vains, dit la Chimère, plus très loin de moi.

Le monstre prenait son temps, probablement persuadé de m'avoir déjà vaincue quoi que je puisse tenter d'autre.
Je choisis de l'ignorer à mes risques et périls, le temps d'appliquer mon poing contre ma blessure en vue de la cautériser aussi vite que possible !
Cette action m'arracha un cri mais je tins bon, le visage trempé de sueur.
Le sang s'était arrêté de couler.
Et maintenant ?
Je levai les yeux sur Firhost. Celui-ci se tenait à quelque pas de ma position et avait cessé d'avancer. Il me toisait de toute sa hauteur, ce qui le rendait très impressionnant à regarder.
Une autre que moi ce serait sans doute fait dessus.
Je remarquai qu'il tenait quelque chose de familier entre ses griffes.


- Mais je me dois de te féliciter pour ton parcours, fit-il en jetant négligemment la Caladbolg à mes pieds. Une Runiste doublée d'une utilisatrice d'Artefact Vivant. Je suis à peu près sûr que tu n'as pas ton pareil en ce bas monde.

- Peut-être bien... mais l'expérience me fait défaut, avouai-je en haussant les épaules. Cela dit... ne m'enterrez pas trop vite.

Je ramassai la Caladbolg avant de me relever, une expression de pure détermination sur le visage.
La lame « maudite » me parla par le canal de la pensée.
Maitresse...
Elle avait perdu de son énergie à en croire le volume de sa voix spectrale.
Ne t'en fais pas pour moi, lui dis-je. Profite de cette étincelle de magie que je vais te prêter pour récupérer.
Sous le regard intrigué de Firhost, je rangeai ma lame dans son fourreau qui, pour le coup, fut secrètement infusée de mon pouvoir.


- Qu'est-ce que cela signifie ? s'enquit-il de sa voix terrifiante.

Espérant que son interrogation ne faisait pas référence à la seule stratégie viable qu'il me restait, je répondis en toute sobriété :

- Que je continuerai de vous tenir tête quand bien même vous me réduiriez en pièces. Que je me relèverai toujours et que si jamais je faillis à cette promesse, alors je m'opposerais à vous en allant jusqu'à ramper s'il le faut !

Je me fendis d'un petit sourire en penchant légèrement la tête de côté.

- Qui sait : peut-être que vous reviendrez sur votre décision après ça ?

A ma grande surprise, je réussis à le faire sourire - ou du moins je crus voir sa bouche s'ourler en un très léger rictus.

- Tu rêves toute éveillée, petite femelle.

- Ça ne coûte rien d'essayer.

- Ta défaite ici marquera la f-

- Envoyée des Dieux ! intervint une voix qui m'était presque familière.

C'était celle de l'ancien. Je ne l'avais entendue qu'à trois reprises mais elle m'était malgré tout revenue en mémoire.
Firhost tourna vivement la tête en direction du bruit, et par définition vers la maison qui avait miraculeusement survécu à notre combat, échouée aux abords de la mer de lave noir.
Le vieillard, la main gauche en porte-voix, brandissait quelque de chose de scintillant dans sa main droite.


- Attrape !

Très adroit pour son âge, il me balança l'objet magique sous les yeux flamboyants de la Chimère.
Je le saisis au vol sans hésiter un seul instant car j'avais compris de quoi il était question.
Dans le creux de ma main droite brillait un artefact de légende : la fameuse Pierre Philosophale !
Il me faisait autant confiance ? suffisamment pour me la confier dans une situation aussi périlleuse alors qu'il était cerné par un bassin de lave ? Le faisait-il pour sauver sa peau ?
J'avais reconnu en lui un homme très croyant, et cette impression n'avait fait que croître vu la manière dont il m'avait appelée.


- …D'accord, fis-je avec un petit sourire empli d'espoir.



Je serrai la gemme dans mon poing et Firhost, pour qui le vieillard n'était pas une menace pesante, porta son regard sinistre sur ma personne.

- Je délesterai ce trompe-la-mort de son âme une fois que je t'aurai destitué de la tienne !

Il brandit l'une de ses énormes griffes et frappa violemment le sol devant lui. Une chaîne de pics, de gros stalactites, s'étendit dans ma direction en vue de me happer !
J'abattis mon poing comme venait de le faire mon opposant -  mais certainement pas avec la même idée. Mon instinct de magicienne me soufflait que les pouvoirs de la Pierre associés à ma propre magie pourraient me permettre ce petit miracle... Eh bien, il se réalisa !
La terre à mes pieds mua en un geyser d'eau pure au milieu d'une terre colonisée par une lave démoniaque.


- Quoi ?!

En contrebas, son attaque fut aussi efficace qu'un coup d'épée dans l'eau.
J'avais récupéré de l'aplomb même si ma transformation avait pris fin ! Et Firhost put en avoir un bel aperçu quand je descendis vers lui comme une tête chercheuse.
Il voulut me faucher au vol d'un coup de griffes hâtif mais échoua, surpris par ma vitesse. Bon, ma taille aidait un peu aussi, je devais bien l'admettre ! La bête était infiniment plus massive que moi et ce contraste me rendait quelque peu difficile à atteindre dans des circonstances aussi favorables que celles-ci.
Après avoir passé le barrage de ses griffes acérées, je me posai souplement sur le long museau caparaçonné de la Chimère.


- Chaud devant !

J'écrasai mon poing porteur de la gemme entre ses deux yeux ! Une onde magique se répandit à travers toute la protection qu'était son casque. Mes velléités n'étaient pas purement offensives, car je me savais incapable de transpercer à mains nues le cuir et les écailles mystiques du monstre.
J'avais plutôt dans l'idée de l'affaiblir autant que possible avant le grand final !
La matière sombre de son casque se liquéfia et devint aussi transparente qu'une vitre.
Je fis un salto-arrière pour retomber hors de portée de l’effroyable colosse tandis que l'acide que je venais de transmuter lui rongeait le visage - et surtout les yeux.


- GRAAARGH ! Qu'est-ce qu'... RUUUAARGH ! IMP-IMPOSSIIIBLE !

Il secoua la tête en hurlant avant de se labourer les muscles du visage avec ses griffes tant la douleur lui était insupportable.
La Pierre Philosophale résonnait dans ma main. Elle était imprégnée des espoirs de l'ancien et de ses proches. Je les sentais à travers sa surface usée par de fréquentes utilisations. Cette force n'était pas la mienne : elle leur appartenait à tous et j'allais exaucer leur vœu. Oui, j'allais répondre à mon devoir envers tous ces gens : Celui que je m'étais donné de les protéger avant même qu'ils ne me le demandent.
Je l'ignorais encore mais j'avais fini par développer une capacité plus poussée encore que le Cœur de Glace. Passer du désespoir à l'espoir m'avait permis de tailler en moi une nouvelle pierre symbolique : l'Améthyste, sensé apporter la clarté d'esprit à ses détenteurs.
Mon aura réapparut en un coup de tonnerre, et avec elle d'autres nuisances de violet et de rouge dont j'ignorais naguère l'existence.
J'avais bel et bien atteint un nouveau palier de puissance.
Un état de Concentration Supérieure : le Cœur d'Améthyste !
Il était maintenant temps d'en finir avec la Chimère !
Son visage recouvert par d'horribles scarifications et baigné de sang noir, elle parut se figer, les narines palpitantes. Firhost humait le danger. Malgré la rage qui m'habitait, il ne put s'empêcher de me poser la question :


- Q-Qui ?! Qu'es-tu réellement ? Comment tu... GRRAAAH !

Son hurlement fut si puissant qu'il fit s'élever à lui tout seul la lave autour de nous ! Comme si nous nous trouvions à la surface d'une étoile, des protubérances semblables à des éruptions solaires se soulevèrent partout au-dessus du bassin démoniaque.
Le démon était à la fois en train d'intensifier son feu diabolique et d'étendre son territoire !
Épaulée par ma toute nouvelle puissance, je sacrifiai ma dernière Rune - Ferhu Inversée – dans l'espoir de freiner un peu le processus de destruction. L'énergie qui se dégageait du feu liquide noirâtre redevenait de la matière brute, à savoir des blocs de terre, pour essayer de recouvrir ce cataclysme qui n'avait de cesse de gronder sous nos pieds !
Pendant que nos sortilèges s'affrontaient, je me mis en position : à savoir une jambe reculée par rapport à l'autre et la main droite juste au-dessus du manche de la Caladbolg.


- Une Envoûteuse qui n'a pas fini d'apprendre, lui répondis-je.

Je passai alors à l'attaque en dégainant la Caladbolg pendant ma course !
La lame irradiait d'un Ki si puissant que des arcs d’apparence électrique dansaient sur toute sa longueur. Magnus Discidium était lancé !
Alors que je dépassais la Chimère enragée, mon revers fendit l'air dans un sifflement mystique, produisant un slash lumineux qui disparut en un éclair.
Firhost, en proie à une terrible cécité, ne me vit ni me sentit frapper.
Il fut pris d'un soubresaut avant de se figer complètement, la gueule entrouverte, les yeux écarquillés et les bras à demi-pliés.


- Ghrrm...RRrH... KuuuAaaaRRh !

Du coin de l’œil, alors que j'avais encore le bras tendu sur le côté suite au revers que je lui avais infligé, je le vis se pencher en avant et vomir une gerbe de sang épais. Ses mains de reptile étaient pressées contre son poitrail d'où le même liquide s'écoulait abondamment, depuis une large entaille oblique qui reliait la naissance de sa hanche droite à celle de son épaule opposée.

- Ku... Hur Hur Hur !... Bien sûr... Je... J'ai compris.

Il... riait ?
Son énorme tête pivota vers moi avec une lenteur caractéristique de son état de santé profondément dégradé.


- Oui... J'ai fini par comprendre... de qui tu tiens cette aura...

Je me détendis et lui coulai un regard interrogateur.

- Pardon ?

Il ne m'en dit pas plus mais je me doutais bien que cette créature-là avait un passé bien chargé et un CV probablement aussi long qu'une Bible. Je m'étais dit que le Maître pourrait s'en doute éclairer mes lanternes à son sujet.

- N-ne crois pas... t'être débarrassé de moi... à tout jamais ! ..Gghrroorrh... Nous nous... reverrons. Dans ce monde ou dans... un autre !

Avec cette ultime promesse, le corps de Firhost se désagrégea en une processions d'étoiles noirâtres. La lave qui était apparue avec lui subit le même sort, laissant de profondes tranchées dans le sol, si ce n'étaient pas carrément des précipices à certains endroits.
Le ciel reprit sa teinte originelle - celle d'un bleu azuré. Quelques volutes de fumée se dégageaient du sol et des maisons pour la plupart détruites. Je constatais à regret que notre combat avait laissé des traces qui ne sauraient être effacées sans une aide magique.
Je chus sur les fesses, l'adrénaline s'évaporant avec l'annonce de ma victoire. Me jugeant trop épuisée pour la porter davantage, Caladbolg réintégra d'elle-même son fourreau. Mon aura se volatilisa à peu près au même moment.
L'ancien se pressa de me rejoindre en agitant joyeusement ses bras au-dessus de son crâne dégarni.


- Que les Dieux soient loués ! Vous avez su empêcher l'Apocalypse de se répandre au-delà de nos terres ! Ceci en utilisant les pleins pouvoirs de la la Pierre Philosophale ! Soyez-en remerciée !

Transporté par la joie et par la foi, il alla jusqu’à me prendre les deux mains tout en pliant un genou, la tête baissée.
C'était un peu embarrassant...
Je grimaçai, pour une fois incapable de trouver mes mots.


- Vos cheveux, me fit-il remarquer.

- Quoi ? dis-je en levant stupidement les yeux vers mon front.

- Ils sont devenus blanc.

Quelle mouche l'avait piqué pour qu'il blasphème ainsi sur la somptueuse couleur de mes cheveux ?
Un peu paniquée par la nouvelle, je me pris la fange pour mieux la contempler.
...AH ! Malheur ! Il disait vrai ! A tel point que j'avais l'impression d'avoir hérité des cheveux chenus du Maître !


- Q-Quoooooooooiiii ?!

Ignorant ma fatigue, je me redressai vivement dans l'optique de partir en quête d'un miroir ou d'une surface réfléchissante quelconque quand l'ancien me lança un regard chargé de curiosité, dans le genre insistant.
Il se mit même en travers de mon chemin pour me contempler de plus près.


- Q-Que vous arrive-t-il ?

Ce type avait décidément le chic pour me mettre mal à l'aise.
Il me lorgnait maintenant comme un bibelot d'une grande rareté qu'il aurait trouvé dans une boutique d'antiquité.


- La Pierre, souffla-t-il.

Ah, oui ! Il voulait dire SA Pierre Philosophale.
J'ouvris la main pour la lui restituer, et par la même me débarrasser de lui, quand je me rendis compte qu'elle avait disparu. Curieux... j'étais pourtant sûr de ne pas l'avoir fait tomber !
L'ancien lut mon incompréhension et secoua vigoureusement la tête.
Quand je fus sur le point de lui dire d'arrêter ça histoire de préserver ses cervicales, il me coupa l'herbe sous le pied en m'expliquant ceci :


- Non ! VOUS êtes la Pierre. Ou plutôt vous en avez absorbé les pouvoirs ! M'étant liée à elle depuis fort longtemps, je ressens encore sa signature à travers vous... c'est fascinant ! Jamais je n'aurais cru cela possible...

Son regard changea mais je n'y décelai aucune peur.

- Vous n'êtes pas humaine, si j'ai bien compris ? ...Forcément ! pour avoir terrassé une bande entière de brigands avant de vous être chargée à vous seule de cette bête immense !

Je secouai la tête à mon tour.

- Non, rétorquai-je. Je ne l'ai pas emporté par mes seuls moyens. Vous m'y avez aidé. Vous mais aussi les villageois car la Pierre Philosophale contenait vos vœux de protection ainsi que tous les leurs.

Je retirai mon gant pour mieux inspecter ma main et n'y trouvai absolument aucune trace de la pierre magique ?

- Je suis désolée de l'avoir assimilée... Ce n'était pas prévu.

- Ah, ça ! Je veux bien vous croire... Sans elle, C'en est fini de notre village. Elle était notre seul moyen de survie dans ces terres arides.

Devant ma mine penaude, il reprit gaiement :

- Mais ne vous en faites donc pas : elle était à double-tranchant ! Ce n'est pas la première fois que les bandits nous ont lancé un raid, vous savez ? Pas de cette envergure, en tout cas. Alors ne soyez pas triste, mademoiselle... ?

- Ryanne.

- Ryanne ! répéta-t-il. Ravi de vous connaître ! Quant à moi, je m'appelle Sullyvan. Considérez les pouvoirs de la Pierre comme une juste récompense. Vous qui pouvez la défendre la méritez amplement ! Nous vous sommes tous éternellement reconnaissants pour l'aide que vous nous avez apporté.

Il m'adressa une petite courbette et je lui souris.
Yggdrasia choisit cet instant pour arriver en trombe ! Elle sautait par-dessus les fossés, les ravins, les nids-de-poule et autres cratères du genre pour finir par me plonger dessus tout en criant mon nom avec un infini soulagement.


- Whow ! Du calme, hé ! Protestai-je.

Elle inonda mon haut déchiré avec ses larmes.

- Pardonne-moi de ne pas être venue à ta rescousses, Ryanne ! geignit-il tout en levant des yeux de chat sur moi. Quand j'ai vu le ciel devenir rouge et les flammes noires sortir de terre, j'ai préféré fuir avec les habitants du village ! J-j-j'ai... Elle renifla. J'ai eu peur de me convertir en un petit tas de charbon alors je t'ai laissée seuuuuuuuuuuuuuuuuule ! Bouhouhouhou !

Rouge de honte, je la saisis par les épaules pour l'écarter de moi. Elle se frictionna les yeux avec ses poignets, accablée par un profond sentiment de culpabilité.

- Cesse de pleurer, Yggdrasia ! lui ordonnai-je. Tu as agi comme je l'entendais et c'est bien mieux ainsi, crois-moi ! Tu n'as donc aucune raison de t'excuser puisque grâce à toi nous avons sauvé tous les habitants de ce village qui pouvaient encore l'être. C'est plutôt à moi de te remercier, car sans toi tout ne se serait pas aussi bien terminé.

Elle releva la tête pour me fixer de ses grands yeux humides.

- C-c'est vrai ? Tu... le penses vraiment ?

Son attention se porta sur mes cheveux.

- Je ne savais pas que tu te teignais les cheveux, supposa-t-elle.

Je roulai des yeux au ciel... avant de tiquer.

- Attends une minute... me « teindre », as-tu dit ?

Mue par la curiosité, je ramenai une mèche de mes cheveux sous mes yeux et vit qu'ils reprenaient lentement mais sûrement leur couleur d'origine.
Jugeant s'être un petit peu trop avancée, Yggdrasia porta une main à sa bouche.


- Oh !...Ils redeviennent comme avant ? s'enquit-elle.

Je devais sûrement ce changement à un effet secondaire du Cœur d'Améthyste.
Yggdrasia me lorgnait toujours, cette fois-ci en plissant les yeux.


- Tes pupilles ont jauni, me fit-elle remarquer.

D'aaaaaccord ! Tout cela avait définitivement un lien avec le sang que mon mentor m'avait fait ingurgiter. Il y avait beaucoup trop de points communs entre nous lorsque j'activais ce pouvoir-là...
Je balayai ce commentaire d'un geste évasif après m'être redressée.


- Elles aussi reviendront comme avant, ne t'inquiète pas, la rassurai-je, tout en me rassurant du même coup. Maintenant, passons : j'ai une petite idée pour permettre à nos sinistrés de se reconstruire une vie sans plus jamais craindre de subir une attaque similaire à celle d'aujourd'hui.

Yggdrasia me suivit du regard en poussant un « Ah ? » tandis que je m'avançais pour m'entretenir avec Sullyvan.
Au bout de quelques minutes de discussion, nous passâmes un accord comme quoi je l'autorisais lui et ses paires à rebâtir leur village au pied de la montagne du Maître.
 Ainsi bénéficieraient-ils tous sans distinction aucune de sa protection, car la seule présence de mon mentor avait pour effet d'éloigner la plupart des terriens bellicistes tels les bandits et consort. J'estimais les risques d'une possession générale par l'influence de Malvon beaucoup trop minimes, ce dernier ayant été scellé en plusieurs partie aussi bien dans le Temple que dans mon épée.
Je comptais simplement sur l'éloquence et la sagesse de mon interlocuteur pour convaincre son peuple entier que mon maître n'était pas et ne sera jamais une menace envers eux. La différence raciale d'Yggdrasia et sa présence bienfaitrice aideraient à les en persuader.
Mais avant cela, j'en avais d'ailleurs profité pour l'interroger sur ce qu'elle avait bien pu faire des bandits que je lui avais demandé de surveiller. Elle me confia alors les avoir ficelés en une grosse botte pour que je puisse décider de leur sort par la suite.
Les livrer aux autorités compétentes me paraissait être la solution adéquate.
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