Ce fut en quelque sorte de courtes vacances bien méritées !
Avant d'y prendre part, Ceruly et moi avions réintégré nos vêtements d'origine, laissant à Chronoa le soin de réparer nos armures d'héroïnes pour un éventuel futur usage.
Cette petite visite de Coton City avait bien su nous reposer - surtout après cette rude expédition dans l'enfer sur terre qu'était devenu l'univers de Pan et Ceruly.
Pouvoir circuler tranquillement dans une petite ville prospère, sans risquer de se faire arracher la tête des épaules par une démon ailé, suffit à me remonter le moral ! Ce sentiment de sécurité y était pour beaucoup, mais il y avait aussi le fait de voir autant de gens de toutes sortes - artisans, marchands, combattants, policiers du temps et j'en passe! - et de toutes races dialoguer, négocier, troquer en toute quiétude...
Je ne pus m'empêcher, en compagnie de Ceruly et Yggdrasia, d'y effectuer quelques emplettes !
On y trouvait vraiment de tout ! que ce soit au niveau des vêtements, des accessoires et même des capsules...
Pour ma part, j'avais trouvé mon bonheur... eh bien... un peu partout ! Hé hé hé !
Autant vous en raconter quelques épisodes mémorables, non ?
Ceruly m'avait même assistée lors de mes achats. Quant à Yggdrasia, son aide fut moins prononcée. Sauf peut-être du côté des consommables, où elle avait coupé l'herbe sous le pied du marchand que j'avais préalablement interrogé sur le nom d'un articule en particulier.

- Ça sent le Konia, m'avait-elle dit après avoir soulevé la petite bourse joliment ficelée.

- D'accord. Et qu'est-ce que c'est, très exactement... ?

- Un remède soignant les blessures mineures par application directe, et qui revitalise un peu aussi.

- On en trouve sur Terre ?

- Pas seulement, j'imagine, avait répondu Ceruly, qui n'avait pas manqué un traitre mot de la conversation.

- Tu t'en es déjà servi auparavant ? avais-je aussitôt demandé à notre Hamadryade de compagnie.

- Oui, avait-elle acquiescé. Sur certains animaux blessés. Et avant que tu me le demandes : oui, c'est assez efficace.

J'avais donc acheté deux petites bourses de Poudre de Konia auprès du marchand, ce qui n'avait fait qu'entamer que très légèrement mes fabuleuses économies.
Après cet achat, nous fîmes un détour pour zieuter d'autres comptoirs animés.
Bien sûr : je ne pus m'empêcher d'essayer quelques tenues au passage, ce en faisant un peu saliver - malgré mes intentions premières, je précise! - une Yggdrasia au regard baladeur.

- Comment vous me trouvez, là-dedans ?~ m'étais enquis auprès de mes amies non sans avoir pris la pose.

Il s'agissait en l’occurrence d'une tenue assez banale qui se résumait à une jupe mauve, ni trop courte ni trop longue, accordée avec un haut couleur perle - dont le décolleté n'avait rien de osé. Des bottes et des gants noirs et montants accompagnaient le tout. Selon le vendeur, l'ensemble ne craignait ni les coups les plus rudes ni les flammes les plus ardentes.
Ceruly avait hoché la tête d'un air appréciateur, les lèvres pincées.

- Plutôt pas mal.

Yggdrasia, quant à elle...

- Je ne sais pas, minauda-t-elle, les joues rosies d'excitation. Et si tu te mettais à tourner un peu sur toi-même que je puisse...

- Essayer de te rincer l’œil ? la coupai-je. Non. Ce n'est pas la peine~ Tes yeux m'ont déjà répondu. Entreprends plutôt de les maintenir en place ; tu vas finir par les fatiguer à force de faire l'ascenseur avec !

Ladite tenue finit donc dans nos bagages. Au même titre qu'un trio de Scouters (vert, rouge et violet); ils m'avaient tapé dans l’œil quand j'étais passé devant l'étal qui les proposait à la vente.

- Tu vas vraiment acheté ça ? m'avait repris Ceruly, mitigée sur mes choix. Ça ne te servira à rien, pour toi qui maîtrise la Perception.

- Certes, certes ! Mais ne les trouves-tu pas géniaux ? avais-je répliqué. Moi si ! Ils sont classes - déments, même ! Et puis ces lunettes colorées... rouge, vert et violet ! Ne sont-ce pas là nos couleurs ? Hé hé ! Allez. Essaye-moi celui-là~

Sans que notre amie Ceruly puisse s'y soustraire, je lui avais accroché l'engin à l'oreille.
Ses doigts n'avaient pas mis longtemps à le trifouiller.

- Quelques petits réglages s'imposent...

- On s'en fiche de ça !~ N'as-tu pas dit que sa fonction n'avait pas d'intérêt pour nous ? Ce qui importe, c'est que ça te donne un air de guerrière de l'espace !

- Je préfère les bonnes vieilles boucles d'oreilles, commenta Yggdrasia, qui attira aussitôt mon attention.

Elle avait reculé d'un pas et plié les bras après m'avoir vu fixé mon regard sur elle.
Du bout du doigt, avec un sourire quelque peu vicieux, je lui montrai le Scouter à lunette verte.

- Non. Vraiment... Sans façon. La technologie et moi, ce n'est pas une grande histoire d'amour, bredouilla-t-elle.

- C'est pourtant grâce à elle que tu as vu le jour, petit fleur, avais-je rétorqué, une lueur maligne dans les yeux. Tends-moi l'oreille avant que je décide de venir la chercher !~

Elle se les avait couvertes avant de faire volte-face et de se mettre à courir !
J'eus la sagesse de payer les trois articles avant d'initier la poursuite. De cette agitation s'éveilla quelques "Bip". Dans mon dos, Ceruly nous observait au travers de sa lunette fonctionnelle.
Je l'entendis dire :

- Tiens ! Je détecte l'énergie d'une peureuse qui s'éloigne de nous à toute vitesse. Son niveau de puissance nous prouve qu'elle n'est pas fan du produit.

- Fais-moi confiance : elle va apprendre à l'aimer ! lui avais-je crié dans la foulée.

Je pourrais tout aussi bien vous conter cet épisode avec les fioles de Saibamen ou, plus amusant encore, ce moment où j'avais eu le loisir de tester le fameux Pistolet à Ki maaaaaaiiiis... il est préférable que nous nous arrêtions ici.
Nous en reparlerons peut-être un autre jour, de cette devanture de magasin qui a explosé et de la maladresse prononcée d'Yggdrasia avec les armes à feu aliens.
Bref !

Après avoir rapatrié la destruct-... douce Yggdrasia dans sa précieuse forêt - non sans lui avoir confié mes achats avec pour simple mission de bien les ranger -, nous étions donc de retour sur Zelod III !
Sous un ciel rosé, vide de tout nuage sombre, en compagnie du clapotement de la rivière, du bruissement des arbres et du gazouillis des oiseaux, Ceruly et moi découvrîmes Pan, en chair et en os, en plein milieu d'un entraînement absurde pour le quidam terrien. La Kami, qui exécutait des pompes à la verticale avec un gigantesque rocher posé en équilibre sur ses pieds, lui-même surmonté d'une petite Pina apparemment très en joie, semblait très bien se tenir depuis notre triste départ.
Cette vision me fit chaud au cœur ! J'avais l'impression de ne pas l'avoir vue depuis des années, si bien que je ressentis un mal fou à contenir mes émotions. J'aurais peut-être éclaté en larmes (de joie) si le Cœur de pierre n'avait pas pu jouer son rôle avant pareilles retrouvailles.
Les poings calés sur les hanches, admirative, je m'étais arrêtée à quelques pas de Pan, les yeux braqués sur elle avant qu'ils ne suivent le mouvement de l'énorme rocher qui lui servait de poids d'entraînement.

- Hello ! Je vois que ça n'y va pas de main-morte par ici, constatai-je avec grand sourire. Navrée de vous interrompre, toutes les deux. Vous parliez de quoi ? Que de belles choses, j’espère ?~

Je posais cette question tout en me demandant ce qui avait bien pu changer chez ma compagne. Chronoa nous ayant prévenu à ce sujet, cette dernière n'en demeurait pas plus informée que nous sur l'impact qu'avaient pu avoir nos actions sur la personne que nous devions à tout prix préserver des griffes démoniaques.

HRP:

Une discussion joyeuse et innocente, donc. Décidément, Pina avait reçu une éducation conforme aux goûts de sa jolie maman ! Complicité, joie et gourmandise se mélangeaient de façon harmonieuse dans leur délicieux foyer. Je m'estimai terriblement chanceuse d'assister à pareil spectacle. Oui, un spectacle qui me permettait de passer au second plan cette histoire de changements, car après tout nous avions tout le temps pour les découvrir, non ? Au moins jusqu’à ce que la prochaine menace galactique pointe le bout de son nez, me diriez vous !
D'ici là, il fallait en profiter. En tout cas, moi je TENAIS à en profiter. En espérant que Ceruly partageait aussi cet état d'esprit. Parfois, elle pouvait se montrer imperméable à toute forme d'analyse tant elle était douée pour dissimuler ses émotions.
Enfin, présentement, c'était Pan sur qui je focalisais toute mon attention. Bon, d'accord, je l'admets... Pan mais aussi la petite frimousse tout mignonne qui l'accompagnait dans la vie de tous les jours !~
Je soulevai Pina du sol pour la prendre dans mes bras, contente de la savoir dans un bien meilleur état d'esprit que lors de notre dernière visite sur cette merveilleuse planète.


- Alors comme ça la petite princesse a déjà fait son choix ? Pour des Katsudons qui plus est ?

J'eus un large sourire à son adresse.

- J'approuve cette idée ! déclarai-je avec un franc hochement de tête. C'est une repas bien complet qui promet. Surtout en considérant la sainte présence de notre prodigieuse Kami derrière les fourneaux~

Je me tournai vers Pan, sa fille adoptive toujours entre mes bras.

- Pas de souci en ce qui concerne le poids des produits : je prendrai simplement la portion la plus adaptée à ma personne, décidai-je, faisant ainsi bonne mesure. Bien qu'ayant une sacrée faim de loup, je ne risque pas de faire la fine bouche !

Tout en laissant la petite Zélodienne s'extraire de ma chaleureuse étreinte, j'adressai un sourire enthousiaste à la cuisinière en chef. Par ailleurs, ce coup d’œil affamé me permit de constater le premier changement qu'avait opéré chez elle. C'était comme si l'ombre, cette pointe glacée, qui naguère pesait sur Pan s'était considérablement adoucie. La Demi-Saiyajin avait l'air moins sur le qui-vive, même s'il n'y avait pas à douter qu'elle écraserait quiconque désireux de la prendre en traître. En tout cas, de son être se dégageait une certaine tranquillité. Le trouble, la tension autrefois perceptible, n'était plus qu'un lointain souvenir.
J'espérais secrètement que ce n'était pas qu'une simple impression de ma part.
On ne jauge pas les gens sur un simple coup d’œil, à plus forte raison quand ils ont été supposément affecté par des événements temporels.
Je laissai Pan entretenir la conversation avec Ceruly avant d'y ajouter mon grain de sel :

- L'air Zélodien est bien trop saint pour que je puisse m'en passer, répondis-jesobrement. Mais plus que la magie qui le compose, c'est l'aimable personnalité à laquelle je fais face qui m'attire en ces lieux !

Je me tournai ensuite vers Ceruly, qui avait l'air un peu mitigée quant à la proposition que Pan lui avait faite.

- C'est loin d'être une mauvaise idée, si tu veux mon avis ! Je pourrais te construire une jolie chaumière avec mes pouvoirs, le temps qu'on te dégote une maison aux fonctionnalités terriennes.

A l'aide de la Pierre Philosophale et de mes Runes, une petite journée - voire même une poignée d'heures - me suffiraient pour lui bâtir un petit palace bien sympathique ! Mais, d'un autre côté, je me disais que Ceruly n'était pas du genre à vivre dans un trop grand espace. N'oubliez pas qu'il faudrait quelqu'un pour entretenir tout ça ! Et sans magie, quelle plaie ce serait !
Mon attention bascula de nouveau sur Pan lorsque cette dernière me fit une proposition de prime abord pas si étonnante que cela... si l'on en omettait la fin, dont le message implicite tenait plus de mon caractère que du sien.
Ah ! Et il y avait son regard. Un regard qui accrocherait quiconque pourrait le comprendre - moi la première, en l’occurrence.
D'ordinaire, c'était moi qui allumait la mèche. C'en était presque désarmant !
La stupéfaction se lisait presque sur mes traits - loué soit le Cœur de pierre qui rendait cette émotion bien moins prononcée qu'elle aurait du être.

- Il faudrait vraiment être fou pour dire non~

Surtout dans ma position.
Je me réarmai d'un fabuleux sourire !

- Mais je dois tout de même imposer quelques limites à cette hospitalité. Ce n’est pas l'envie qui me manque de passer du temps avec toi - beaucoup de temps, de préférence ! Toutefois, je me dois de garder un œil - pour ne pas dire un pied - sur la Terre. En cas de danger de nature ésotérique, il lui faut un pratiquant capable de la défendre. Même si je suppose que je ne t'apprends rien étant donné l'étendue de tes connaissances, ma chère Pan.

Je m'avançai vers elle tandis que mon sourire se faisait plus fin, et je ne m'arrêtai que lorsque je fus à près de deux pas de sa personne. Face à elle et à nulle autre.

- Alors, pour reformuler ta proposition, je dirais plutôt que "Je resterai tant que je le pourrais" me semble plus approprié.

Je jetai un coup d’œil en direction de Ceruly. Ce coup-ci, en se fiant à sa seule expression, j'aurais juré qu'elle était en train de se poser bien des questions au sujet de Pan, de son état d'esprit.
Mes yeux revinrent s'ancrer dans ceux de ma dulcinée.
Il était temps que j'aborde un sujet qui me tenait beaucoup à cœur.

- Et pour en revenir à notre bonne vieille Terre, tu sais parfaitement de quoi je parle puisque tu t'es chargée de sa protection avant celle de Zélod III - certainement bien plus longtemps que moi.
L'expérience, c'est ce qui fait toute la différence.
Maintenant, après t'avoir énoncé ce petit discours, je peux en venir aux faits...

Je pris une petite inspiration, dans le genre discrète, avant de me fendre d'une petite courbette.

- Fais-moi l'honneur d'accepter un petit sparring. Ici et maintenant, contre moi. Ceci afin que tu puisses, à l'instar du Maître, jauger mes capacités ! Voir si je suis en mesure de protéger tout ce à quoi je tiens.

J'avais parfaitement conscience qu'il me restait tout un tas de choses à apprendre, de techniques à développer, de réflexes à acquérir. Mais je me sentais obligée de passer par cette épreuve, simplement parce que Pan elle-même avait suivi le chemin périlleux que j’empruntais.
Ça mais peut-être aussi parce que cette petite mise au défi ferait certainement plaisir à l'heureuse descendante d'une race guerrière.

C'était donc un "oui" ; le volte-face de la guerrière n'avait rien avoir avec un refus.
Pan avait créé de la distance entre-nous pour mieux se préparer à l'affrontement. Son aura blanche jaillit autour d'elle mais sans produire un vacarme de tous les diables. Semblables à des fées, de petits points lumineux accompagnaient la flamme produite par son être entier. Quelques éclairs, plutôt discrets, agrémentaient cette vision d'une guerrière assagie.
Elle n'avait pas du tout l'air prête à me foncer dessus pour m'en coller une belle !
A croire que sa rage s'était envolée, ou que Pan la contenait bien mieux qu'à son habitude...

- Merci, soufflai-je avec un demi-sourire.

Une brève courbette plus tard, je m'étais mis en garde, un pied reculé par rapport à l'autre et le buste tourné de sorte à ne pas exposer mes points vitaux. J'avais bien entendu plié et levé les bras, avec une main à proximité du visage tandis que l'autre se trouvait à hauteur de taille.
Entretemps, Ceruly s'était chargée d'éloigner Pina de la zone. L'amie de Pan allait elle aussi pouvoir profiter de cette rencontre et de son statut de spectatrice pour mieux comprendre ce qu'il était réellement advenu de notre merveilleuse héroïne.

- Bien.

Je pris une courte inspiration avant de libérer mon Ki comme l'avait fait Pan avant moi. Il se mit à flamboyer d'une énergie mauve tout autour de moi, soufflant au passage quelques brins d'herbe dans toutes les directions ! Son sifflement caractéristique m'emplissait les oreilles avant qu'il ne finisse par se condenser, se lisser et se stabiliser. Le Cœur de pierre, toujours actif, me permettait en outre de le fluidifier avec davantage d'aisance.
Les pieds bien ancrés en sol, passive seulement en apparence, j'étais déjà en train de préparer la première offensive avec ma main la plus en retrait. Je n'avais pas besoin de m'assurer d'un coup d’œil du bon traçage du motif magique, que mon index formait dans l'air avec de fins mouvements, pour la simple et bonne raison que j'étais sûre de mon coup. Par ailleurs, le Compartimentage de l'Esprit produisaient des merveilles de ce côté-là ; avec son utilisation en arrière plan, je n'avais pas besoin de focaliser mon entière attention sur ledit dessin. Ainsi, mes yeux étaient encore et toujours rivés sur Pan.
Avant que la Rune n'émette le moindre rayonnement évocateur de son bon fonctionnement, je m'en emparai et l'enfouis dans le creux de ma main gantée. Aucune volute de magie ne me fila entre les doigts. En revanche, au niveau de mes appuis, sous terre, quelque chose était à l’œuvre...
Fin prête, j'abattis mon pied au sol avant de me projeter en direction de Pan !

- Me voilà !

Ou pas ?
Subitement, je déviai très largement de ma trajectoire, dessinant ainsi une courbe ascendante... pour ne pas entrer tout de suite en contact avec ma chaleureuse adversaire ?
En me voyant faire, on pouvait très bien croire que je n'étais pas disposée à me battre au corps à corps, mais il n'en était rien : j'avais pris soin de déposer une "mine" dans mon sillage, et le compte à rebours était déjà lancé depuis le top départ~
En l'occurrence, il ne faut jamais négliger ce moment où une magicienne, capable d'affecter la terre uniquement en la foulant, frappe le sol du pied ! Les pouvoirs de la Pierre Philosophale, déployés en catimini avec un écart temporel calculé, m'avaient donc permis de faire s'élever la terre sous les pieds de Pan.
Résultat : l'intéressée, isolée sur un cercle d'herbe, se trouvait maintenant propulsée en hauteur sur un grand pilier de terre !
Elle m'était offerte sur un joli plateau~

- Praesidium !

J'avais cessé de me diriger en hauteur pour pouvoir la cueillir au vol avec mon poing droit. La protection mauve et alvéolée - qu'on aurait pu croire à tort faite de verre coloré - épousait parfaitement la forme de ma main pour donner naissance à une véritable droite de titan !

Percussion avortée ! Pan avait réagi au quart de tour en détournant efficacement mon attaque d'un geste avisé. Cette esquive ultra-rapprochée ne signifiait rien de bon pour moi ; la contre-attaque allait être salée, et je ne mis pas longtemps pour prévenir cette dernière, notamment en glissant mon main gauche entre nous deux. Pile à l'instant où je l'ouvris, la magique runique qu'elle renfermait se libéra et donna naissance à un coussin de mousse pourpre.
Je serrai les dents à l'impact.

- Humpf !

Je sentis malgré tout une partie de l'impact du coup de genou qui m'était destiné traverser ma main et se propager jusque dans mon épaule. Rien de grave cela dit : j'avais évité le pire, et le mince éclair de douleur ne pouvait que me pousser à passer un cran au-dessus en matière de dynamique de combat !
La main de Pan avait quitté mon dos et son genou frappeur s'était judicieusement retiré.
Je profitai alors de cette étroite fenêtre de tir pour libérer ma magie sous la forme d'un champ de force. Un contre-enchainement rapide mais qui, en plus de manquer de précision, ne provoque pas grand dégât : seulement une onde répulsive suffisamment puissante pour projeter en arrière quiconque se trouvant dans un rayon de trois mètres environ. L'idéal pour repousser un adversaire ayant ouvert sa garde !
Je ne pouvais que remercier muettement Elwen de m'avoir expliqué les secrets de la Télékinésie Zélodienne. Il existe bien des façon d'en tirer profit, et restreindre les mouvements d'une cible n'en représente que l'utilisation la plus standard. Ici, comme vous avez pu le constater, ça n'avait pas été le cas.
Je demeurais donc seule au sommet de ma petite plate-forme verdoyante.
L'édifice n'avait pas été créé pour durer.
Ne pas en tirer pleinement profit reviendrait à le gâcher.
Les yeux rivés sur Pan, je ramenai mon poing gauche en arrière tandis que la mousse pourpre issue de la Rune Berkano avait colonisé mon bras jusqu'au coude. Entretemps, mon Praesidium sous sa forme de gantelet se dissipa aussi facilement qu'il avait vu le jour, libérant ainsi ma main droite pour un usage immédiat.

- On reprend !

Je tapai du bout du pied en cadence, sollicitant pour la seconde fois la Manipulation Minérale Magique laissée en suspens. Le pilier de terre, qui avait cessé de bouger depuis le premier impact avec Pan, se mit alors à trembler. Après quoi, mu par l'influence que j'exerçais sur lui, il se scinda en plusieurs rondins.
Je quittai mon socle par simple lévitation. L'ensemble sur lequel je trônais deux secondes plus tôt se décomposa, ébranlé par le contact rompu entre mes bottes et la terre - qui signifie par ailleurs le coup de sifflet final pour la Manipulation Minérale Magique.

- Haaaa !

J'écartai les mains et les doigts pour déployer la toile de télékinésie invisible que j'avais mentalement tissée.
Rappelé à l'ordre, ce pouvoir, jusqu’alors laissé en standby, se substitua dès lors au précédent. Autour de moi, le champ de force Télékinétique s'était encore remis à l’œuvre au point de se répandre dans l'air de façon astucieuse. La bulle s'était considérablement élargie, englobant ainsi une partie non-négligeable de ma colonne de terre, sa base s'écroulant sous son propre poids.
Les fameux rondins, découpés dans le pilier et laissés en suspension dans l'air, sous mon commandement, se propulsèrent sur Pan comme autant de missiles balistiques tirés par un canon anti-aérien !
Je n'avais qu'à remuer les doigts pour les rediriger sur ma bien-aimée adversaire.
Grâce à la magie omniprésente en ces lieux empreints de pureté, il était bien plus facilement de se servir de ce pouvoir sur Zélod III que sur Terre !

Mes disques de terre explosèrent les uns après les autres contre les kikohas de Pan. Ce n'était pas terrible comme feu d'artifices, et sûrement que cela aurait rendu mieux avec une petite touche de mauve supplémentaire.
Tout en remuant les doigts et les mains, je suivais du regard chaque collision. Absolument aucune de mes créations ne filtra à travers la défense de mon vis-à-vis. Force était de constater que ce n'était pas de cette manière là que j'allais pouvoir éprouver efficacement la défense de la Kami de Zélod III.

- Pas vraiment une surprise.

Je n'étais pas déçue - bien au contraire !
Le coup de feu final ne visait pas les disques, d'autant qu'il ne m'en restait plus aucun à disposition ; Pan me prit pour cible. J'avais déjà les mains levées, alors je n'eus qu'à concentrer mon Ki et tirer de sorte à ce que mon projectile énergétique entre en collision avec le sien. Il n'était pas question de gaspiller beaucoup d'énergie, aussi avais-je pris la peine de viser juste. Du moins suffisamment pour faire en sorte de dévier la décharge qui m'était destinée.
Des étincelles mauves et jaunes s'éparpillèrent au point d'impact, mais aucune véritable explosion n'eut lieu. Et - surprise, surprise ! - derrière cette pluie d'étincelles, qui pouvait donc bien se cacher ?
Pan, bien évidement.
Elle fonçait sur moi à toute berzingue ! Si vite que je n'aurais pas eu le temps, avant qu'elle ne parvienne à moi, de tracer la moindre Rune. Du moins... Pas de façon traditionnelle.
L'heure était venue de mettre pleinement en pratique les connaissances du Maître !
Tout en conservant mon sang-froid, je me déviai un chouïa sur le côté avant d'opposer ma force à celle de Pan. Je ne comptais pas rompre la distance de sitôt, quitte à douiller un peu au cours de cette confrontation. Ce n'était pas comme si le Maître avait oublié de me filer quelques raclées pendant mes trois années de formation ! Sans oublier les coups que j'avais encaissés pendant mes diverses aventures. Entre l'automate moitié antiquité, le Destructeur et l'impitoyable Firhost...
Toujours est-il que l'issue de ce duel n'allait pas se résumer à un simple échange de coups. Mon bras gauche, en l’occurrence, humait la magie runique à plein nez ! Et ma main droite, si elle ne le montrait pas, mobile comme elle était face à Pan pour mieux parer ses coups, voire les dévier in-extremis, se tenait prête à user elle aussi de magie.

Je me mis, au bout d'un temps, à réaliser un enchaînement millimétré avec un certain acharnement ! Dans le sillage de mes poings, la magie s'était mise à couler sous forme de rayures luminescentes. Et ces mêmes-rayures formaient maintenant une Rune rouge. Ferhu, pour l'occasion. C'était assez cocasse d'avoir su la tracer ainsi, elle, la fameuse Rune du mouvement !
Je fis un petit bond en retrait pour me retrouver derrière celle-ci. L'activer ne fut qu'une formalité, et c'est d'autant plus simple quand ladite Rune entre en contact direct avec la première - Berkano.
De mon bras gauche jaillit alors plusieurs extensions en Tisse-Rune, le végétal ayant laissé place à cette matière entièrement malléable !
Je me fendis d'un petit sourire.

- Désolée ! Je n'ai pas su me contenter de mes deux poings~

Car d'autres virent alors le jour, tout de Tisse-Rune, élastiques mais non moins robustes. Conçus pour frapper mais aussi pour saisir. En tâche de fond, le Compartimentage de l'Esprit était encore à l’œuvre, me permettant de les contrôler tous à la fois au même titre que mes propres membres.
Pan devait donc faire face à une véritable grêle de poings extensibles !
Ils n'étaient pas plus gros que les miens, à vrai dire. Je les voulais plus vifs que larges, ce pour une meilleure maniabilité. Je me battais en tant que magicienne ET combattante. Comme une Envoûteuse digne de ce nom, quand bien même il me restait énormément à apprendre à ce sujet.

Tout ne s'était pas déroulé comme prévu.
La Pan que j'affrontais se démenait merveilleusement bien face à mon armada de poings magiques, mais elle finit par céder au point de se faire mitrailler de coups... seulement en apparence !

- Bah ?

Illusion, image rémanente... appelez cela comme vous le voulez ! Toujours est-il que ledit mirage se volatilisa sous mes yeux ébahis pour ne laisser qu'un vide juste devant moi.
J'aurais pu m'extasier devant la beauté du paysage zélodien et de son magnifique ciel rose si je n'avais pas senti, l'instant d'après, quelque chose de vif et de dangereux faire irruption non loin de mon flanc droit.
J'eus le réflexe de changer mon axe de frappe et de lever le bras droit dans la direction concernée. Pour le coup, ce fut la manche de ma tenue en Tisse-Rune qui s'était allongée dans l'espoir de repousser mon adversaire. Sauf queeeeeeeeeee... encore une fois, elle n'était pas réelle, la bougresse !
Cette seconde image de Pan se dissipa, comme vaporisée par mon ample extension en Tisse-Rune qui revint auprès de moi. Trop tard, cela dit. A l'instar de moi-même, car je sentis la masse de la guerrière choir sur mes épaules avant que sa jolie lame de Ki argentée ne vienne me chatouiller le cou.
C'était sans appel : Pan me tenait en respect.
Cocasse comme situation, si on considérait le fait que je lui avais fourni les bases de cette technique avant qu'elle apprenne à sa manière à en faire usage.
Je levai la tête pour croiser le regard de la solide guerrière.

- Je l'admets ! C'est joliment mené tout ça, sifflai-je joyeusement.

Cette joie n'était pas feinte. Ma réjouissance provenait principalement du fait qu'il me restait encore bien des choses à voir.
Ces déplacements foudroyants de Pan ? C'était quelque chose d'inédit pour moi ! Certes pas impossible à mettre en pratique mais ça tenait vraiment de la nouveauté.
J'enveloppai mes doigts dans une gangue de Ki protectrice avant de décaler prudemment la pointe énergétique de ma vaillante partenaire.

- Sacrée toi, va ! repris-je d'un air taquin. Tu n'aurais pas pris un peu de poids, par hasard ? Ah ha ha ! Blague à part. Descends de mes épaules, s'il-te-plait ! Même si je ne doute pas un seul instant que ça doit être assez confortable là-haut~

Lorsqu'elle cessa de me narguer avec son joli popotin, je pus me résoudre à désactiver les Runes dont j'avais invoqué les pouvoirs élémentaires. Les poings en Tisse-Rune se résorbèrent d'abord, ensuite la couche végétale qui l'a précédée fit de même, réintégrant la rune Berkano qui disparut à son tour.
Au cours de ce petit sparring, j'avais enchaîné les sortilèges. Pourtant, en agissant comme je l'ai si bien fait, ma consommation en terme de magie était tout à fait risible. L'assimilation des Runes me permit de récupérer l'énergie dépensée pour leur conception et leur utilisation, tandis que la télékinésie à laquelle j'avais eu recourt ne m'avait quasiment rien coûté. C'est ça de puiser de la magie dans l'air plutôt que dans ses propres réserves ! Seule la Manipulation Minérale Magique les avait quelque peu réduites.
Rien de bien méchant cela dit. J'aurais pu encore arracher bien des tours à la terre avant de tomber en rade d'énergie.
J'époussetai ma jupe avec le plat de ma main avant de m'étirer de tout mon long.

- Il faudra qu'on en fasse plus, des affrontements de ce genre ! m'exclamai-je en me tournant vers mon interlocutrice privilégiée. Je me rends compte que ton style de combat m'est encore bien étranger. Ce qui n'est pas très étonnant : là seule fois où nous nous sommes affrontées fut le jour où cette sorcière m'a utilisée. Je tiens à souligner que c'est très désagréable comme sensation, d'ailleurs...
Enfin bref ! dis-je en frappant du poing dans le creux de ma main gantée. Quand est-ce qu'on mange ?~

Bah, quoi ? Le sport, ça donne faim ! Autant que de produire des éclairs, ou des poings en Tisse-Rune. J'adressai un clin d’œil entendu à la cuisinière en chef avant de rebondir sur ce nouveau sujet :

- Je demande pour une bonne raison ; je tiens à mettre la main à la patte~

En bonne perdante, mais pas seulement.

Ma tenue si particulière était donc devenue l'objet de curiosité d'une petite Zélodienne toute excitée par la victoire de sa mère adoptive. Je souris à cette vision, laissant l'innocente enfant découvrir la texture mystique du Tisse-Rune, à défaut de pouvoir en évaluer toutes les fantastiques propriétés simplement en y touchant.

- La magie parcourt chacune de ses fibres, lui expliquai-je avec bonhomie. Et sa structure est bien plus complexe qu'on ne le croit. J'ai dû me regarder un nombre incalculable de fois devant le miroir en tournant dans tous les sens pour en mémoriser tous les petits détails. Sans ces connaissances, il m'aurait été impossible de la manipuler selon mon bon vouloir.

Ça résumait à peu près la chose. Je ne comptais pas lui vendre le produit, après tout ! Seulement expliquer à cette petite tête bien remplie les grandes lignes d'une tenue dont le commun des mortels ignorait jusqu'à l'existence.

Conformément à ma proposition, Pan me proposa de partir en quête d’œufs terriens. Pina, qui gardait les oreilles dressées, manifesta son envie de participer à cette petite excursion. Elle était juste... deux fois plus excitée qu'à la suite de la victoire de sa maman ! J'étais contente de constater qu'elle gardait de bons souvenirs de la Terre. C'était d'ailleurs sur la planète bleue que nous nous sommes rencontrées pour la première fois, en compagnie d'Arcadia.
Ce qui me fit penser que j'ignorais où cette dernière se trouvait en ce moment même ?
Probablement à proximité d'un hôpital, où elle pourrait apporter des soins salvateurs aux méritants.
Le regard implorant de Pina me sortit de ma réflexion.
Elle avait le don pour réduire la résistance des adultes à néant.
Il m'était impossible de refuser sa compagnie, et ce fut avec grand plaisir que je répondis à l'intéressée :

- Très bien, dis-je. J'accepte cette mission et la fidèle aide de camp qui m'est assignée.

Non sans bien sûr lui adresser un petit clin d’œil complice et de la prendre par la main.

- Maintenant cherchons la fameuse balise...

J'avais déjà un lieu en tête. Il ne me restait plus qu'à trouver un repère fiable, qui en l’occurrence se départît du reste du monde. Suffisamment fort et reconnaissable pour me garantir un aller sans catastrophe.
Je mis quelques secondes à localiser l’élément prometteur, mon index et mon majeur collés au milieu du front.

- Trouvée ! m'exclamai-je avant de lever la main en un au revoir. On revient vite, promis !

Nous disparûmes aussitôt pour apparaître, main dans la main, à proximité d'un champ cerclé par des barrières en bois. Elles côtoyaient un grand chêne, et fixé à l'écorce de ce dernier se trouvait une cible branlante.

- Aaaah-YAAAAH !! s'écria une voix d'enfant.

Pina fut prise d'un léger sursaut. Nous tournâmes la tête de conserve vers la concernée, qui n'était autre que la jeune fille que j'en étais venue à considérer comme un membre à part entière de ma famille : Marisa !
Comme de coutume la petite rousse portait sa robe de fermière, et elle ne manquait pas d'énergie. Elle ne nous avait pas encore remarquée.

- Aaaaaaaah..., inspira la concernée en rejetant lentement son bras en arrière.

Elle était vraisemblablement en plein entraînement.
Pina, muette, n'osait pas la déranger. Ses queues de renardes s'étaient un peu hérissées à l'écoute du premier cri. Elle se préparait mentalement au second, qui n'allait plus tarder...

- Marisa ? intervins-je juste à temps.

- Y-WAAAAH ?!

Lorsqu'elle ramena sa main en avant, Marisa, frappée à son tour par la surprise, perdit l'équilibre et manqua basculer en avant !
Je remarquai du coin de l’œil que son geste, à première vue gâché, avait diffusé un courant d'air suffisamment puissant pour secouer les branches de l'arbre qu'elle avait pris pour cible.
Ho-oh !
La pile électrique riva ses prunelles bleutées sur ma personne.
Ses yeux s'ouvrirent en grand !

- ...Ryanne ?! C'est toi ?! Waaaah ! Ça fait si longtemps que t'es pas passée nous voir ! Qu'est-ce qui t'amène ? Comment ça va ? T'as changé de tenue ? T'es super jolie comme ça, dis donc !

Pina faisait la grimace. Elle avait porté ses petites mains à ses oreilles tant son vis-à-vis roux ne lésinait pas sur les décibels.

- Pourquoi est-ce qu'elle crie comme ça ? s'enquit-elle fiévreusement.

Marisa parlait bien plus fort qu'à l'accoutumée, il était vrai.
Son attention bascula sur la Zélodienne.

- Oh !! Elle a des oreilles d'animal ! Trop mignon~ Elle vient d'où ? Comment elle s'appelle ?

Même moi je devais bien admettre que ça faisait beaucoup de questions en si peu de secondes.

- Pina, lui répondis-je. Et c’est la fille de Pan, si tu veux tout savoir.

- Quoi ? fit-elle en tendant l'oreille. Je vois tes lèvres remuer mais j'entends rien ! J'ai les oreilles qui sifflent un peu, je crois. Juste un instant et...

Elle bascula la tête d'un côté puis de l'autre. Son regard parut s'éclairer.

- Ah ! Ça y est. J’entends les oiseaux pépier au loin ! ...Tu disais ?

De nouveau, je fis les présentations :

- Voici Pina, la fille de Pan. Pina, voici Marisa, ma petite sœur adoptive survoltée !

- Ça explique tout, me glissa la petite Zélodienne à l'oreille, avant d'en revenir à Marisa : Enchantée ! Qu'est-ce tu fais pour arriver à te rendre pratiquement sourde ?

- Je m'entraine, sourit la concernée. Et je suis ravie de faire ta connaissance~ T'es si mignonne qu'on dirait une peluche !

Pina me coula un regard mitigé ; elle ne savait pas trop comment prendre cette comparaison.
Je repris le flambeau de la discussion pour l'orienter vers un sentier plus favorable.

- On peut savoir à quoi tu t'exerçais, précisément ? demandai-je, passablement intriguée. A produire des rafales de vent, peut-être... ? m'avançai-je.

- Nan ! fit-elle en secouant vivement la tête. Je veux que mes mains crachent le feu. Comme j'ai appris à voler, je me suis dit que je pourrais faire d'autres trucs tout aussi formidables.

Elle baissa la tête et reprit piteusement.

- Mais j'ai pas vraiment l'impression de m'en sortir, soupira-t-elle. J'ai même essayé de soigner les animaux par imposition des mains. Un échec ! Je me suis même pris un coup de sabot dans l'épaule. Regarde ! Ça m'a fait un joli bleu.

Elle était en train de tirer sur le col de sa robe pour me montrer sa blessure de guerre quand je lui fis comprendre que ce n'était pas la peine, que je la croyais parfaitement.

- D'accord, d'accord !... Bon, alors ? Pourquoi vous êtes là toutes les deux ? T'es venue me présenter une partenaire de jeu, c'est ça ? Trop cool !

Pina ressentit une puissante envie de s'enfouir dans le cocon protecteur de ses neuf queues. Je le sentis tout de suite à ses petites tremblements. L'entrain et la joie de Marisa pouvaient effectivement avoir quelque chose d'effrayant pour les non-habitués.
Je secouai la tête avant de reprendre la parole.

- Malheureusement, ce n'est pas la raison première à ma venue. Peux-tu me dire où se trouve Valéria ? J'aurais besoin qu'elle me confie quelques œufs et-

- Oh ! Tu comptes les faire éclore ? me coupa-t-elle.

- Du tout, repris-je aussitôt. Pan a besoin d'ingrédients pour son plat.

- Ah bon ? s'enquit-elle, un peu déçue. Et c'est quoi comme plaaaaat ?

Mon dieu... Décidément, j'en avais pas terminé ! Je me prenais pour une grande pipelette, mais là j'étais complètement surclassée !

- Un Katsudon.

- Et c'est quoi, un "Katsudon" ?

Même Pina s'impatientait. Son regard parcourait les champs mais je devinais son empressement à la pression qu'elle exerçait sur ma main.

- Une délicieuse surprise à laquelle tu pourrais bien goûter si jamais tu parviens à obtenir le feu vert de ta sœur après que je lui en ai parlé~

- Vrai de vrai ?! s'extasia la petite rousse. Alors qu'est-ce qu'on attend, à rester plantées là comme des radis ? En avant ! Sus à Valéria !


Nous fûmes donc escortées jusqu'à la chaumière de la grande sœur - portrait craché de Marisa, mais avec une poitrine bien plus imposante que la mienne - en un temps record !
Pour une raison qui échappe à beaucoup de monde, j'avais dans le creux de ma main droite une poignée de terre toute fraîche, récupérée en cours de route, à l'insu de ma bavarde de guise.
Valéria se présenta sur le palier. Elle avait l'air en pleine forme, elle-aussi.

- Ryanne, fit-elle, une leur intelligente dans les yeux. Heureuse de te revoir. Tu es venue nous passer le bonjour ? Pile au bon moment. Peut-être pourras-tu convaincre Marisa d'arrêter de défeuiller notre pauvre chêne ? Le pauvre va finir par se déraciner à supporter pareil traitement à longueur de journée.

- T'inquiète pas pour lui, grande sœur : c'est une cible solide !

Valéria poussa un gros soupir.
J'étais en train de me dire que sa petite sœur mettait vraiment du cœur à l'ouvrage lorsque l'aînée croisa le regard de Pina.

- Tu as amené de la compagnie, à ce que je vois ? fit-elle tout en se penchant légèrement en avant, les mains posées sur les genoux. Comment s'appelle-t-elle ?

Je détournai les yeux de son décolleté au risque d'en avoir pleine vue.

- Pina, répondit Marisa avant même que je ne puisse remuer les lèvres.

- C'est une Zélodienne, ajoutai-je sobrement.

- La fille de Pan, surenchérit bravement la petite rousse, comme si elle tenait à compléter le moindre de mes mots. Dis, grand sœur ! Ryanne a besoin d’œufs pour que Pan puisse concevoir un... "Katsudon", je crois. J'ai même été invitée, dis-donc ! Alors sois chic et donnes-lui en.

- "Invitée" ? répéta Valéria, guère rassurée par ce détail qui ne lui était pas passé inaperçu.

- Tu l'es aussi, répliquai-je. Quel genre de sœur oublierait son aînée ?

- Navrée mais je décline l'invitation. Je ne peux pas laisser la ferme sans surveillance. J'ai dû chasser un renard l'autre jour. Il a bien failli emporter l'une de mes poules...

- Vraiment dommage, répondis-je, très sincèrement. Elles se portent bien depuis ?

- Plutôt bien, oui.

- Alors ? Tu lui en donnes ou pas ? demanda Marisa, qui ne tenait vraiment plus en place.

- Je crois qu'il m'en reste juste assez pour nous mais...

Elle paraissait hésitante. Je ne pouvais pas lui en vouloir : Valéria ne courrait pas sur l'or. Malgré tout, elle trimait à longueur de journée pour assurer sa subsistance et celle de sa jeune sœur.
C'est la raison pour laquelle je lui découvris la paume de ma main. Celle où, un peu plus tôt, se trouvait de la terre fraîche. Je l'avais secrètement transmutée en pépites d'or pur.

- J'en ai vraiment besoin, soulignai-je. Ah ! et j'ai trouvé ceci sur le chemin qui mène jusqu'ici. Va savoir comment c’est arrivé là ? Peut-être qu'un petit gisement dort sous ton allée ?

- Mazette ! s'exclama Valéria, époustouflée par ma "trouvaille"... avant de plisser les yeux à mon attention. C'est toi qui les a trouvées. Ces pépites te reviennent.

- Nenni, réfutai-je. Elles te reviennent de droit puisqu'elles se trouvent sur ta propriété. Mais si ça te gène que je te les cède, tu peux toujours me donner quelques-uns de tes œufs en échange ?~

- ...Avec ce que tu me propose-là, tu pourrais t'en acheter tout une brouette auprès d'un autre éleveur, tu sais ?

- Je le sais. Mais tu fais partie de la famille. Tes œufs n'ont pas de prix à mes yeux. Et ils sont sans doute plus savoureux que tous ceux que je pourrais obtenir ailleurs. C'est à peine si je les mérite !

- Ah ! Arrête, fit-elle en récupérant son dû. Je vais vraiment finir par rougir en t'écoutant me faire ces éloges.

- On est d'accord ?

- Juste un instant. Je pars te les chercher.

- Et moi ? s'enquit Marisa. Je peux venir avec Ryanne ? Hein ? Dis ? S'il te plait, s'il te plait ! Alleeeeeez !

Pina avait trouvé sa concurrente. Les prunelles bleues de la petite rousse brillaient d'un fol espoir.
Valéria poussa un autre soupir de son cru avant de capituler :

- Seulement si tu me promets d'être sage et d'écouter Ryanne.

- Hé ! J'suis plus une gamine. Bien sûr que je suis sage. Et je ne vais pas contredire ma seconde sœur, hein ! Elle est trop géniale pour ça~

Le compliment m'arracha un petit sourire.
Les pépites en poche, Valéria récupéra les œufs et me les confia dans un boîte où ils ne risquaient pas de se briser.
Après quoi Pina, Marisa et moi sortîmes de la maison non sans avoir remercié la fermière en chef. Ci tôt fait, nous repartîmes pour Zélod III grâce au Shunkan Ido, qui arracha un petit cri de surprise à la non-initiée.

Nous étions donc de retour sur Zelod II, les précieux œufs qu'avait réclamé Pan en notre possession. Je lâchai la main de Pina la survoltée ainsi que l'épaule de Marisa la...

- Wouaaps !

...Déséquilibrée ?
Ma sœur d'adoption manqua s'étaler par terre et dut se rattraper avec deux foulées chaotiques, très espacées, pour éviter d'avoir à goûter bien malgré elle de la bonne herbe - je devine : n'allez pas croire que je m'y suis essayé! - Zélodienne.
Notre transport lui avait semble-t-il filé quelques tournis.
Ce petit spectacle burlesque fit remonter dans ma mémoire des souvenirs peu ragoûtants. Lors de mes laborieux débuts, j'avais connu pires symptômes à la suite d'une téléportation - aussi douce puisse-t-elle être - ; parmi eux se comptaient d'effroyables vertiges, de puissantes nausées et d'irrépressibles vomissements.
Ainsi donc, en comparaison avec moi et pour sa première fois, l'on pouvait dire que Marisa supportait plutôt bien le voyage !
Alors que Pina était partie trouver sa juste récompense pour s'être bien comportée pendant notre brève expédition, je tapotai amicalement le dos de Marisa qui avait vraisemblablement jugé plus prudent de ne pas trop s'éloigner de moi, au moins le temps que le monde cesse de tourner autour d'elle.

- Bonne assiette que tu as là, la soutins-je non sans esquisser un petit sourire amusé. Avec un estomac solide, à ce que je constate ! A ta place, j'aurais sûrement fini dans l'herbe la tête la première. Mais tu verras, va ! le retour sur Terre sera bien moins perturbant~

Obéissant aux désirs de Pan, je déposai les ingrédients tant convoités sur l'espace qu'elle s'était aménagée pour préparer notre merveilleux repas.
Marisa se secoua la tête comme pour se remettre les idées en place. Elle n'avait déjà plus besoin de moi pour se tenir debout sans avoir à dessiner de petites cercles avec son bassin.
En plaquant l'une de ses mains sur son ventre torturé, elle leva enfin ses magnifiques yeux bleus pour les poser sur Pan, qui lui avait demandé comment elle allait.

- ...J'ai l'impression que ça pourrait être pire, à en écouter Ryanne, éructa-t-elle en me coulant un regard. Mais c'est comme si mon estomac m'était remonté dans la gorge. Drôle de sensation !

L'intonation de sa dernière phrase soulignait qu’elle avait repris du poil de la bête en un rien de temps ! La petite fermière continua aussitôt sur sa lancée :

- Enfin bon. Maintenant je sens qu'il est redescendu, donc tout baigne ! sourit-elle, droite comme un "i", en levant au-dessus de sa tête chevelue le poing de la victoire. Je me porte comme un merle dans un champ où foisonnent les graines !

- Très poétique comme comparaison ! remarquai-je avec un petit hochement de tête.

- Pas mal, hein ? me fit-elle avec un clin d’œil. J'ai lu quelques bouquins depuis. Valéria s'est un peu ruiné pendant un temps maaaaaiiiis elle m'a dit que c'est bon pour l'esprit, du coup je me suis instruite~ !

- Des débuts très prometteurs ! Je pourrais presque faire de toi ma disciple, tiens~

- Vrai de vrai ?! s'exclama-t-elle, toute excitée à cette idée.

- C'est tout à fait possible, fis-je en me retournant. Nous en discuterons plus tard. J'ai quelques... "travaux" en vue.

Je fis un geste vague en direction des vestiges écroulés de ma tour de terre, sur lesquels Marisa eut un remarquable haussement de sourcils. Je devais bien admettre que dans son état, ma piteuse création gâchait le somptueux paysage zélodien. Il était de mon devoir de ranger mes jouets après usage. Une bonne action qui n'allait pas me prendre trop de temps et qui en outre offrirait un peu d'intimité aux deux connaissances...

- Profites-en pour aider Pan ! Je suis sûre que vous avez beaucoup de choses à vous dire depuis le temps.

- Ça marche ! convint-elle avant de se tourner vers la concernée. Alors ? Quoi de beau ? Je vois que tu as changé de look... et de couleur, surtout. Ça te va drôlement bien, le rouge foncé ! Ça se marie bien avec le noir aussi, faut dire !

Elle détaillait Pan des pieds à la tête, fascinée par tous les petits changements dont elle prenait le temps de déterminer.

- Il faudrait que je pense à me couper les cheveux un jour, moi aussi. C'est un peu gênant pour voler, j'ai remarqué ! Et pis 'faut que je prévois le jour où je pourrais enfin tirer des boules de feu. Je suis sûre que je serais capable de me brûler les tifs ! Ha ha !... Mais c'est pas près d'arriver.

Après avoir porté ses poings à ses hanches, elle fit la moue mais reprit très vite de l'aplomb comme à son habitude. Elle tourna la tête pour contempler le monde autour d'elle, sillonnant du regard le ciel rouge et le relief verdoyant d'une planète qu'elle n'avait encore jamais eu la chance de visiter.

- C'est complètement dingue, souffla-t-elle, subjuguée, les yeux arrondis. Quelle terre de rêve ! Alors c'est ici que tu te la coules douce ?~ Ha ha ! J'plaisante ! Te connaissant, j'suis sûre qu'il a dû se passer pleins de choses épiques ici, nan ?

Son regard s'arrêta sur Ceruly.
La curiosité la frappa de plein fouet.

- Oh ?

Elle pointa du doigt la concernée avant de demander :

- C'est une amie à toi, la fille à queue de singe ?

Comme animée par un simple réflexe de jovialité, la main de Marisa se leva d'un coup pour attirer l'attention de Ceruly et la saluer avec de grands "coucou" !

- Salut ! Moi c'est Marisa ! T'es rudement classe dans ton genre, dis-donc~

Si Marisa ne comprenait pas tout ce que lui avait répondu Pan, elle fit tout de même un grand effort pour ne pas le montrer. Le nom de "Whis" ne lui disait rien, mais elle devina sans mal qu'il devait s'agir d'un personnage important étant donné le titre "sama" auquel il était accordé. Et suite à cette rencontre - apparemment fort instructive - Pan avait décidé de changer de look, de personnaliser sa tenue plutôt que de l'associer aux couleurs de son dernier instructeur.
La jeune fermière voyait cela d'un bon œil, à vrai dire ! Et elle enviait la Demi-Saiyajin car la jeune fille était un peu lasse de son vêtement sobre, fait pour la besogne plus que pour autre chose. Ses goûts vestimentaires se voyaient à peine dans sa tenue, à l'inverse de celle de son entourage, qu'il s'agisse de Ryanne ou même de Ceruly.
Un nouveau projet naquit alors dans son esprit fertile : celui de renouveler sa garde-robe et de se trouver une identité plus cool que celle qu'on lui avait assignée.
Après ça Pan rebondit sur la réflexion faite sur ses cheveux, plus courts et coiffés que par le passé. Elle mit en valeur le côté pratique d'une telle coupe en combat, non sans faire mention d'un lieu - la salle de l'esprit et du temps - où elle s'était entraînée pendant deux années consécutives. A partir de ce moment-là, Marisa émit un "Ah ?" abasourdi. Encore une fois, bien des choses lui avaient échappée.
Puis elle reprit son attitude habituelle, enjouée et surexcitée, quand il fut question de l'amie de Pan. La fille à queue de singe, vêtue de rouge, ne passait pas inaperçue. Elle n'avait pas l'air grognonne bien qu'elle se soit presque braquée lorsque Pan, sa meilleure amie, la décrivit comme étant une "Saiyajin".
Une race qui, selon Ceruly, faisait grand cas du combat au point que ça en devienne une véritable drogue !

- La... coche de l'évolution ? s'interrogea Marisa, encore un peu à la ramasse.

Une interrogation sur laquelle Pan s'épancha en mettant un point d'honneur sur leur intérêt prononcé pour le combat. Un peuple un peu maso et cruel qui se fichait bien de récolter des blessures, et qui ne se souciait pas le moins du monde des conséquences que pouvaient avoir leurs actions bellicistes sur leur entourage.

- Ah oui, quand même, souffla la fermière, son regard passant du visage de Pan à celui de Ceruly.

Cette description l'avait un peu refroidie, jusqu'à ce qu'un feu nouveau ne vienne rallumer le foyer de son âme juvénile. Selon Pan, la dénommée Ceruly ne partageait pas le même mode de pensée que celui de ses semblables. La concernée en rajouta une belle couche en énonçant le manque de sentimentalisme des Saiyajins qui avaient fini par lui porter préjudice...

- Payé cher ?

Elle se demandait bien à quel point mais n'était pas allée jusqu'à s'imaginer une exécution ou autre barbarie inconcevable de ce genre. Marisa était encore bien trop innocente pour qu'une idée aussi sombre et funeste ne chatouille la surface tangible de sa conscience.
Ceci dit, Marisa retira une leçon de tout ceci, des erreurs que même Pan avait vraisemblablement commises. En tant que fille de la Terre et de la terre, qu'elle parvienne un jour à faire naître le feu entre ses mains ou pas, Marisa se fit la promesse de ne pas l'employer à tout va !
 Il n'était pas question pour elle de se laisser un jour dominer par un tel pouvoir de destruction, sachant qu'elle devait sa vie et son bien-être aux nombreux bienfaits que sa grande sœur et elle grappillaient, récoltaient et faisaient pousser dans les champs.

- Je crois que je comprends, fit la jeune fermière, pensive l'espace d'un instant. Je vais garder tout ça en tête. Promis, je n'oublierai rien ! Moi qui d'habitude n'aime pas les leçons, j'ai trouvé celle-ci vachement sympa' !

De mon côté, j'en avais fini avec les réparations tout près de la falaise. Par les pouvoirs que me conféraient la Pierre Philosophale, la longue portion de terre que j'avais extirpée de son foyer l'avait réintégrée sans mal. Le coin avait été remis à neuf et le sol verdoyait comme jamais ! Yggdrasia aurait été fière de moi, car c'était de la graine magique qu'elle m'avait implantée dans la main, et que j'avais inconsciemment assimilée, que je détenais ce pouvoir, cette emprise mystique, sur la nature.
On peut dire que, depuis ce jour, j'avais la main verte !
Tout en me nettoyant les mains en les frottant l'une contre l'autre je revins auprès de ma joyeuse compagnie avec une franche bonhomie.

- Alors ? Comment avance ce fameux pique-nique ?

- Doucement mais sûrement, répliqua gentiment Marisa. On a même le temps de papoter en attendant que ça mijote !

Elle leva subitement les yeux sur le ciel rosé et ne put empêcher la question de franchir le palier de ses lèvres enfantines :

- Dites... vous savez un peu à quoi c'est dû, cette couleur ? fit-elle en levant un doigt en direction des cieux. Je trouve ça joli mais ça me trotte dans la tête depuis qu'on s'est téléporté ici.

Elle n'avait pas fini d'être surprise. Tant de mystères entouraient encore le monde d'où nous provenions, alors si en plus elle s'intéressait à ceux qui enveloppaient le sol qu'elle foulait depuis à peine quelques minutes...
Elle allait en avoir, des choses à raconter à sa frangine ! Tout comme elle allait en faire, de sacrés rêves au cours de sa prochaine nuit~

Une conversation/présentation plutôt brève mais non moins existante entre notre petite rousse curieuse et notre courageuse Ceruly ! Cette dernière avait fait volte-face en direction de la cuve à riz non sans se servir de sa queue de singe comme d'une ceinture, me donnant ainsi l'impression que ce petit commentaire sur son attribut simiesque l'avait peut-être un peu perturbée...
Quoi qu'il en soit, Marisa était restée la même face à cette réaction. Visiblement, il en fallait bien davantage pour titiller sa bonne conscience ! Une personnalité enviable, dans un certain sens.
Et les explications de Pan ne firent qu'accroître la compréhension dont Marisa fit preuve vis-à-vis de tout ceci. Toujours avec le sourire, elle s'était contentée de hocher la tête, puis de suivre du regard et des oreilles le travail de préparation que lui avait si gentiment exposé Pan.
J'étais plutôt contente de moi ; ma dulcinée se retrouvait avec de la main d’œuvre, et pas des moindres étant donné le dynamisme plus que notable de la concernée~
Tout en œuvrant pour la bonne réalisation de notre repas, Pan apporta quelques réponses à Marisa quant à la couleur particulière qu’arborait le ciel Zélodien. Une voûte plaisante à regarder, d'autant que sa teinte ressemblait presque à celle de mon Ki... et de ma préférée, en l’occurrence !
Il était donc question d'une influence magique et primordiale, par le biais de quelques flux vitaux, semblables aux champs magnétiques générés par notre bonne vieille planète Terre mais avec quelques particularités en plus.
Quand science et magie se croisent !
Songeuse mais les mains non moins actives, Marisa fit signe qu'elle avait compris en hochant la tête, les lèvres pincées.

- Hu-hum, fit-elle. En tout cas, c'est déjà super joli comme ça ! Je n'ose pas imaginer la beauté du ciel avec quelques rayures colorées supplémentaires. Ça doit être un sacré spectacle une fois la nuit tombée !

Effectivement ! Ce n'est pas moi qui allait la contredire à ce sujet~
Satisfaite par ce contexte propice aux rêves et à l'imagination, je souris à la cantonade, et plus particulièrement à Pan qui m'avait adressé ce si joli regard - le genre capable de me faire fondre en moins de temps qu'il ne faut pour le dire.
Mon sourire ne fit que s’agrandir. Parti comme c'était, Marisa avait de fortes chances de la voir tomber, sa nuit sur Zélod III~

- Marisa ?

Elle me répondit aussitôt dans une parodie de garde à vous :

- Présente !

- Si tu mets bien la main à la patte, j'imagine que Pan ne verra pas d'inconvénient à ce que tu puisses te perdre en contemplation sur la voûte céleste Zélodienne, lorsque les étoiles y brilleront de tout leur saoul. Qu'en dis-tu ?

- Ce serait l'top !

Mais elle baissa la tête sur ses œufs.

- 'Pas sûre que ma sœur m'en donne l'autorisation, soupira-t-elle.

Je posai une main pleine d'assurance sur son épaule avant de lui adresser un petit clin d’œil entendu.

- Fais-moi confiance : JE m'occupe des négociations !~ Je suis persuadée que Valéria ne pourra pas me répondre par la négative.

Je disposais de bien des ressources, notamment parmi mon entourage hétéroclite. En l'occurrence, Valéria n'allait pas manquer de main d’œuvre pour un moment ; avec l'aide d'Yggdrasia et ses Fils de la Nature, ça ne risquait pas ! J'allais peut-être rencontré un peu de difficulté à la convaincre de me prêter main-forte dans cette affaire maiiiiiis il me restait quelques arguments de poids... ainsi que quelques appâts auquel l'Hamadryade ne parviendrait pas à se soustraire.

- Je n'oublie pas non plus ta volonté de progresser dans la maîtrise du Ki, jeune apprentie, fis-je dans une parodie de la voix d'un certain vieux maître. Si jamais tu acceptes mes conditions, je me ferai une joie de t'enseigner sur le long terme, et pas plus tard que demain ! Le temps de digérer, tout ça tout ça...

Oui, oui ! "Tout ça, tout ça". Je ne vais pas vous faire un dessin, hein !
J'adressai un petit regard en coin - tout ce qu'il y a de plus significatif - à l'intéressée, c'est à dire Pan, avant d'en revenir à notre petite tête brûlée.

- Alors je serai au top du top, je vous le garantis !

Les œufs n'avaient qu'à bien se tenir !
Nos regards convergèrent sur Pan comme dans l'espoir de conclure ce marché très prometteur.
N'était-ce pas son chez-elle avant tout ? Ma présence ne lui était pas dérangeante, avait-elle dit tout à l'heure, mais que dire à propos de celle de Marisa jusqu'au jour suivant ?
L'hôte est d'or le matin, d'argent s'il reste le midi et de cuivre s'il passe la nuit ; c'est bien connu comme dicton.