A la nuit tombée, Vidar était sortie du QG de l'Angélus pour apaiser son esprit. On l'avait empêché de partir au combat avec les autres, Gray Ashura considérant la mission de « sauvetage » de la planète Vegeta comme trop dangereuse pour quelqu'un de son niveau. Il avait protesté, il avait fièrement levé son poing de métal en signe de contestation. Gray lui-même l'avait envoyé à la casse. Le cyborg y avait passé les trois jours suivant à fulminer contre sa propre faiblesse. Le sort des Saiyan le concernait plus que n'importe qui d'autres, s'il était incapable d'aller défendre sa planète d'une invasion extraterrestre à quoi servait-il ?

Cette question le taraudait chaque nuit depuis que le Rose Marie avait quitté l'astroport. Et puisqu'il ne trouvait aucune réponse, il passait le plus clair de son temps à s'entraîner dans la forêt. Son système de combat amélioré lui permettait de repasser en boucle les batailles qu'il avait livré pour les revivre artificiellement. Vidar était ainsi capable d'affronter un adversaire invisible qui l'avait battu afin de le surpasser à force d'observation. Vu d'extérieur, le cyborg paraissait avoir perdu l'esprit : frappant dans le vide, esquivant avec souplesse des attaques invisibles ou utilisant son armement sur une cible qu'il était le seul à visualiser. Mais pour lui, c'était le meilleur moyen de s'améliorer.


Le bois subissait depuis trois jours, les frasques intempestives du cybersaiyan. Des troncs défoncés, des branches écrabouillés et le sol brûlé avait remplacé la verdoyante clairière dans laquelle il s’entraînait. Lorsque l'aube finit par poindre à l'horizon, Vidar cessa enfin de frapper le vide et s'écroula soudainement sans rien dire. La lumière de la lune lui avait permit de maintenir ses batteries à un niveau suffisant pour poursuivre les exercices jusqu'au petit matin. Néanmoins s'il poursuivait pendant la journée, il arriverait rapidement à la fin de ses réserves et ne pourrait même plus rentrer à la base en volant. Une petite pause de quelques heures s'imposait donc, afin que la lumière du soleil recharge ce qu'il avait perdu dans la nuit.

L'image de Fenris en position de combat disparu de sa rétine. C'était pour lui l'adversaire parfait qu'il tentait de surpasser à chaque entraînement. Tout deux étaient rivaux depuis le jour où Vidar avait posé le pied sur cette planète. Et depuis, ils ne cessaient de chercher à se dépasser l'un l'autre. Le cyborg tenait le compte de ses victoires et de ses défaites. Actuellement, Fenris l'avait écrasé 327 fois, contre 312. Cette créature génétiquement modifiée possédait un avantage certain : son corps devenait plus puissant à chaque fois qu'il combattait. Ce qui expliquait l'écart entre eux malgré les efforts de la machine pour le rattraper. Lui, devait réparer et améliorer son corps perpétuellement car seul son esprit et ses talents de combattants s'aiguisait avec les affrontements. Le cyborg avait bien compris que son corps d'acier était à la fois sa force et sa faiblesse. Mais pour le moment, il ignorait comment palier à la fragilité d'un corps qui, même s'il peut être réparé, ne guérit jamais.


La matinée était passée sans le moindre incident. Vidar avait fait le plein d'énergie grâce aux rayons solaires et s'était mis en route pour le QG. Son vol avait toutefois été interrompu par la présence d'un petit être à l'allure étrange qui se promenait dans le sillage de ses entraînements en observant les plantes avec intérêt. On aurait dit un scientifique Rayden cherchant à percer le mystère de cette clairière dévastée. Pourtant en atterrissant face à lui, il avait constaté que son apparence était totalement différente à celle des habitants de cette planète. S'il n'était pas un natif, il devait s'agir d'une expérience ou bien d'un Alien venu d'ailleurs tout comme lui.

Dans tout les cas, s'il n'était pas dans le même camps que lui, il était contre lui.

Le détecteur d'énergie s'activa automatiquement. Sous le regard inquisiteur de Vidar, la puissance de ce petit être aux cheveux roux fut analysé, détaillé et enregistré avec soin. Le gosse semblait posséder un niveau supérieur à celui de la machine, une information étonnante qui le fit totalement passer outre ses propos insolents. Comment un microbe pareil pouvait-il être plus fort que lui ?

Les froncils du Cyborg se froncèrent en l'entendant parler de la forêt. Pour qui se prenait-il ce gringalet ? De quel droit enquêtait-il de la sorte alors qu'il n'était même pas d'ici ? Vidar n'appréciait absolument pas son attitude autoritaire et condescendante. D'autant plus qu'il n'avait répondu à aucune de ses questions. Il demandait des informations sans en donner en retour... non décidément, son comportement ne lui plaisait pas du tout.

« Tu te prends pour l'esprit gardien de cette forêt ? Ce que tu vois est le fruit de mon entraînement alors tu devrait peut-être répondre à mes questions avant d'en faire les frais, minus. »

Rouler des mécaniques était plus qu'un passe-temps pour le Cyborg. Il avait toujours été bouffé par l'orgueil et la fameuse « fierté des saiyan » que les nombreuses défaites n'avaient en rien émoussé. S'adresser à une personne plus forte que lui comme si elle lui était inférieur ou au minimum son égal était une habitude qu'il traînait avec lui depuis fort longtemps. Et ce n'était sûrement pas l'écart ridicule entre eux deux qui allait changer ça.

« Je te le demande une dernière fois : qui es-tu ?! »

Les lumières de son armure de fer s'allumèrent et traversèrent le t-shirt blanc qu'il portait. Il venait d'activé les moteurs de son corps pour pouvoir passer à tout moment en mode combat. La réponse du petit alien déciderait s'il attaquerait le premier ou non. Car s'il appartenait au Demonius, son sort était d'ores et déjà scellé. Sinon... et bien il lui tirerait les vers du nez à coup de poings dans la gueule !

Un dieu ? Sans déconner ! Le sang de Vidar fit un tour et se mit à bouillir. Il pouvait sentir son corps tout entier s'électriser à mesure que l'adrénaline alimenter chaque centimètres de son corps d'acier. Dans une grande inspiration, il se remplit d'air à plein poumons et se cambra en arrière. Son corps était maintenant incliné à 90°, son regard fixé droit vers le ciel. Quelques secondes plus tard, il revenait dans la position précédente et se mit à éclater de rire au nez de son interlocuteur.

Pendant une longue minutes, le cyborg ne put interrompre son ricanement nerveux mais libérateur. La situation était trop cocasse pour qu'il puisse en faire autrement. Il avait croisé beaucoup de cinglés sur cette planète, des types bouffés par l'orgueil et des mégalomanes dignes de ce fameux Freezer. Mais c'était la première fois qu'on lui balançait en pleine figure « je suis juste un dieu ». Tout ce qu'il avait pu dire ou sous-entendre depuis le départ n'avait strictement plus le moindre intérêt aux yeux de Vidar. A présent qu'il comprenait à quelle genre d'abruti il avait à faire, une seule pensée lui venait à l'esprit : ramener cet avorton dans la réalité.


Les propulseurs du cyborg jaillirent de ses épaules et de ses omoplates alors qu'il n'avait pas encore terminé sa phrase. L'instant suivant, le cybersaiyan se retrouvait à quelques centimètres du soit disant Dieu, le corps plié en deux pour donner le moins de prise au vent lors de son déplacement. Dans ses yeux, son détecteur lui affichait clairement la puissance de sa cible : 15000 points. C'était certes supérieur à son propre niveau, mais un combat ne se gagnait pas avec la force brut. L'effet de surprise était un atout non négligeable que Vidar semblait déterminé à mettre de son côté.

Dans un sourire il ouvrit la main droite et la ramena devant le visage de sa cible.


Une lumière aveuglante s'échappa de sa paume alors que l'énergie se condensait au creux de sa main pour relâcher la seconde suivante, un rayon destructeur dans la tête de son adversaire. Vidar fit un bond en arrière pour se mettre hors de portée d'une potentielle contre-attaque et se mit en garde. Il ne doutait pas que son attaque ait fait mouche, toutefois il doutait très sincèrement qu'elle suffise à détruire ce gamin étrange. S'il se prenait pour un dieu, il avait certainement de bonnes raisons.