Ah, la Terre... délicieuse Terre. Joyau galactique qui, malgré son désir d'exister paisiblement, attire les pires calamités de tout l'univers l'une après l'autre... Sur cette belle planète est érigé une tour mystique défiant la gravité elle-même. Pensez donc : comment un édifice si fin, mais si grand, peut tenir debout sans se péter la gueule ?

C'est au pied de cette tour, à côté d'un tipi, que se trouvaient Elwen, Pesto et Penne. Le trio était arrivé grâce au Shunkan Ido après que Pan se soit rendue sur place afin de leur servir de balise. La Saiyajin repartie, le trio observait l'édifice.

« Bon... t'es sure de vouloir rester ici, Penne ?
- Certaine.
- Bien... »

La Terrienne sortit la capsule du vaisseau et l'activa, histoire que la Shinjin aie un endroit où dormir ou encore s'occuper le temps de l'ascension.

« Eh bien... c'est parti. 
- A plus tard, Penne !
- Bonne chance ! »

Pesto bondit sur la tour et commença son ascension, suivie par Elwen. L'édifice a été sculpté de motifs qui permettaient d'avoir de bonnes prises. Pesto débordait de vitalité et son corps était bien plus coordonné dans ses mouvements que ne l'était Elwen. La mage n'était décidément pas des plus performantes quand venait l'heure de l'exercice physique, mais elle n'était pas non plus totalement à la ramasse, loin s'en faut. Elle imposait toutefois à Pesto de ralentir le rythme pour qu'elles grimpent ensemble.

Une bonne heure plus tard, aucune des deux ne ressentait de fatigue.

« On a un bon rythme. On devrait bientôt en voir le bout.
- Ouais ! »

La motivation était encore au rendez-vous.

Une autre heure plus tard...

« Eh ben... elle est grande, cette tour.
- Vous faites des bâtiments étranges, sur Terre. »

Et l'escalade continuait encore pendant des heures durant. Petit à petit, la Terrienne sentait l'énergie la quitter, pire encore quand l'altitude était telle que l'oxygène se raréfiait. Mais si Pesto le supportait encore bien, les signes de faiblesse d'Elwen étaient plus flagrant.

« P... Pestoooooo.... on est encore loin ?
- Non. On devrait plus tarder... évite de parler, ne gâche pas ton oxygène... »

La guerrière gardait un œil sur la mage : ce n'était vraiment pas le moment de tomber. Cette précaution fut d'ailleurs presque payante car Elwen manqua de glisser plus d'une fois. Si Pesto n'eut pas à intervenir, fort heureusement, elle n'en demeurait pas moins inquiète. Plus d'une fois, la guerrière ordonna une pause pour qu'elles puissent récupérer un peu de force, distribuant eau et gâteaux secs. Elle a eu une bonne idée de prendre ça, au cas où. Bon, elle ne s'attendait pas à ce que la tour soit si grande, mais si l'épreuve de Karine traînait en longueur, elle aurait été bien contente d'avoir de quoi se nourrir. Ses denrées n'étaient toutefois pas illimitées...

Et finalement, la nuit finit par tomber. Elwen était haletante, même les pauses ne suffisaient plus à la reposer tant l'oxygène devenait rare. Pesto elle-même sentait ses forces manquer dangereusement.

Ce fut finalement quelques heures plus tard, alors que la Terrienne envisageait de s'attacher pour éviter de glisser et peut-être dormir un peu, qu'elle aperçut le bout. Pensant d'abord à un simple bout de la tour plus gros, en s'approchant, elle se rendit compte que c'était bien plus massif. Puis la présence d'une trappe lui arracha un sourire.

« On y est ! Elwen, j’aperçois le bout !
- Y... youpiiiii... »

Galvanisée par l'approche de leur objectif, Pesto se remit immédiatement en route, suivie par Elwen. Finalement, elles passèrent la trappe et s'étalèrent au sol, soulagées.

« Aaaaah... bon sang... plus... jamais... ça....
- Oh allez... c'était pas... si terrible... »

Elles prirent un moment pour s'en remettre, d'autant plus que l'air manquait donc reprendre des forces était laborieux. Quand enfin elles se sentirent à peu près d'attaque, elles se relevèrent.

Elles ont eu plus qu'assez de temps pour remarquer qu'elles étaient dans un entrepôt. De nombreuses jarres et caisses étaient entreposées là. Il y avait toutefois un escalier qui menait à l'étage au dessus. Elles l'empruntèrent donc.

L'étage du dessus menait à une sorte de balcon. En son centre, une sorte de fontaine s'y trouvait. Il y avait quelqu'un, une sorte de samouraï bedonnant aux cheveux hirsutes. Il y avait également un chat, avec une canne.

« Vous êtes arrivées bien vite, dites voir. Une journée à peine, c'est impressionnant.
- Vous... vous êtes Karine, n'est-ce pas ?
- En effet. »

Elwen s'approcha alors, intriguée, sa longue queue de renarde se balançant doucement. Elle examinait le chat sous toutes les coutures, venant même à renifler comme une bête curieuse.

« Pesto... Monsieur Karine il ressemble pas un terrien, c'est normal ? Tu crois qu'on peut le manger ?
- Elwen, enfin ! C'est un chat ! Et ça ne se mange pas !
- Eh bien, quelles manières... Bien... que nous vaut votre visite ?
- Eh bien... nous sommes venues car une amie nous a parlé de votre eau miraculeuse qui aurait le pouvoir d'éveiller le potentiel de qui la boit.
- Oooh... je vois, je vois... eh bien elle est dans cette théière. Il vous suffit de la prendre et de boire.
- Oh... merci. »

C'était tout ? Pan avait parlé d'épreuves, mais grimper cette tour n'était surement pas la seule chose. Sentant l'arnaque, Pesto s'avança et tendit la main pour attraper la théière désignée par le le matou, justement au dessus de l'espèce de fontaine...

Mais ses mains n'eurent pas le temps d'atteindre l'objet qu'il se volatilisa soudainement.

« Que... »

Abasourdie, la guerrière regarda autour d'elle et vit finalement l'objet de sa convoitise, suspendue à la canne du chat qui avait pourtant l'air de ne pas avoir bougé.

« Eh bien ? Qu'attendez-vous pour venir chercher la théière ? »

Pesto s'approcha alors et le chat recula. La voilà donc, l'autre épreuve...

« Le jeu du chat, hein.
- Oh allons, je n'aime pas ce nom... je préfère le jeu du loup.
- Nya ? On joue ?
- Oui. Et en gros, les règles, c'est qu'il faut l'attraper pour avoir l'eau.
- Facile ! »

La kitsune remua alors la queue et bondit sur l'animal blanc qui l'évita d'un simple pas sur le côté. Elwen percuta la balustrade et se massa le front.

« Aaaaaaieuuuuuuuuh ! »

Le gros samouraï ricana en observant la scène. Il s'était installé une chaise et mangeait du pop corn.

« Hé ! Je t'ai dit de ne pas te servir dans le garde-manger en dehors du repas!
- Oh ça va, c'est juste un peu de pop-corn !
- Juste un peu ? On ne roule pas sur l'or, je te signale !
- Tu me fatigues, le sac à puces!
- Qui tu traites de sac à puces, espèce de tas de saindoux ? »

Alors que le duo se disputait, Elwen tenta un nouvel assaut dans le dos du chat, évité magistralement par un retourné acrobatique. Il atterrit souplement sur la balustrade et commença à danser dessus.

« On ne l'aura pas en le prenant par surprise, Elwen. On va devoir agir de concert. »

Ce chat était rapide. Pesto avait eu le loisir d'examiner ses mouvements pendant les assauts d'Elwen et il n'y avait pas à dire : il était agile... très agile et très rapide...

Plus rapide qu'Elwen et Pesto ? Non, sûrement pas, mais il avait l'avantage à cause du fait que ses visiteuses étaient épuisées d'une longue escalade et d'une atmosphère à laquelle elles n'étaient pas habituées : le moindre geste rendait l'effort plus lourd encore. Elles n'étaient pas à habituées à de telles conditions. Oui, elles savaient voler, mais elles ne passaient pas de longues journées à se mouvoir à plusieurs dizaines de kilomètres au dessus du sol. Elles finissaient toujours par se poser quand la fatigue se faisait sentir et – surtout  - voler ne demandaient aucune gestuelle donc aucune respiration anormale...

Récupérer l'eau n'allait pas être simple...

Pesto commença alors à bouger, tentant une prise en tenaille avec Elwen. La kitsune lança l'assaut le premier, évité – comme il fallait s'y attendre – par sa cible. Pesto bondit alors, tentant de l'attraper en l'air, mais le chat dévia sa trajectoire d'un coup de canne au sol. Raté... il avait un sacré instinct, l'animal, et il réagissait bien comme il faut.

En réaction, Pesto donna une impulsion de ki pour repartir aussitôt à l'attaque. Hélas, Karine l'évita de nouveau.

La Terrienne souffla et tenta de reprendre un rythme respiratoire plus posé. Son cœur s'emballait, cherchant à récupérer de l'air. Dans cet état, son ki était tout sauf régulier...  Elle ferma les yeux, tentant de réguler tout ça. Déjà qu'elle avait du mal à laisser son ki agir librement et posément quand elle faisait des manœuvres agressives. Elle dépensait bien trop d'énergie quand elle frappait... quand il s'agissait de balancer des attaques de ki, ça allait, mais en bougeant...

C'est alors qu'elle le réalisait, en reprenant sa concentration... elle tenta un nouvel assaut, juste pour vérifier. Karine bougeait instinctivement, mais son ki ne s'affolait pas du tout... maîtrisait-il le ki ? Non, c'était juste naturel chez lui... il n'a jamais cherché à le dompter, ça se sentait. Il bougeait juste avec l'instinct et l'agilité animale...

« Il est nul, ce jeu ! Dis, Pesto, on a droit à la magie ?
- Non, non, non ! Pas de triche !
- Maiiiiis ! La magie c'est pas de la triiicheuh !
- Obéis aux règles, Elwen... pas de magie... »

Pesto se posa au sol et observa le chat qui restait passif et immobile.

« Vous voulez faire une pause, on dirait. Vous avez l'air essoufflée.
- J'espère que vous ne prenez pas ça pour un abandon. 
- Pas du tout. Je vous en prie, prenez votre temps.»

Elwen rejoignit alors Pesto.

« On fait quoi ?
- Pour le moment, reprends des forces... »

Quel était le secret de Karine ? Comment parvenait-il à garder un ki aussi calme et régulier malgré tous les efforts qu'il déployait ?

Une fois reposée, Pesto se releva, laissant Elwen se reposer encore un peu, et s'approcha du chat avant de lui bondir dessus. Bien évidemment, ce n'était pas fructueux et le matou s'éloigna. Pesto se lançait toutefois à sa poursuite pendant plusieurs longues minutes. A chaque fois qu'elle bougeait, elle sentait son souffle se saccader. Finalement, au terme d'une course poursuite qui n'amusait que lui et le gros samouraï, Karine se baissa et donna un grand coup de canne dans le ventre de Pesto. Cette dernière se recroquevilla, serrant la zone d'impact entre ses bras.

« Allons allons, vous respirez comme un bœuf enragé. Vous allez vous asphyxier si vous continuez. »

Pesto toussait, cherchant l'air. Elle était recroquevillée au sol, ouvrant grand la bouche pour chercher le peu d'air pouvant alimenter ses poumons. C'était dur, elle n'arrivait plus à bouger ni penser et il fallut plusieurs longues minutes pendant lesquelles Elwen s'inquiétait avant qu'elle n'arrive enfin à réguler son souffle.

Mais ces minutes d'agonie ont eu le mérite de lui faire comprendre...

Franchement, quelle conne elle a été de ne jamais l'avoir remarqué alors que c'était évident. C'était même la base, on n'arrêtait pas de le rabâcher même au cœur du dimanche...

Le souffle.

C'était la respiration, la clef de tout : le souffle régule l'énergie pendant l'effort, c'était l'évidence même. Et il en allait de même pour le ki. Maintenant qu'elle y pensait, jamais Karine n'a ne serais-ce que soufflé fort pendant l'épreuve. Sa respiration est restée parfaitement calme et régulée, et ce malgré les conditions assez contraignantes pour ce qui était de récolter de l'oxygène.

La Terrienne se releva alors, déterminée. Karine restait impassible. Pesto s'avança, calmant son souffle. Le chat recula. Pesto était clairement concentrée, tentant de caler sa respiration sur celle de son adversaire. Elle commença à bouger plus vivement, totalement concentrée.

Les premières minutes de traque n'étaient pas fructueuses, tant pour la poursuite de Karine qu'adapter son souffle, mais elle sentait quand même la différence. Son ki s'affolait moins, il était plus discipliné. Et ses mouvements étaient affectés par ces efforts. Elle avait moins de mal à poursuivre le chat. Elle était sur la bonne voie.

Plus le temps passait, plus la guerrière évoluait au même rythme que Karine. Elwen termina son repos et retourna dans la partie. La mage et la combattante agissaient de concert, tentant de coincer le chat autant que faire se pouvait, mais ce dernier restait particulièrement redoutable en matière d'esquive. Elwen – moins adaptée à la manœuvre physique que Pesto – agissait toujours la première afin d'inciter l'animal à bouger, puis Pesto tentait de le coincer dans son mouvement.

Finalement, quand l'aube pointa le bout de son nez, Une Elwen épuisée bondit sur le chat qui recula d'un saut en arrière. Pesto, qui avait réussi à garder une respiration régulière, avait eu tout le loisir de l'exercice de pleinement maîtriser son souffle et donc son flux de ki. Elle bondit par dessus Elwen en direction de Karine. Comme elle s'en doutait, le chat usa de sa canne pour dévier sa course, mais cette fois-ci, elle avait prévu le coup. En s'appuyant sur la rambarde, elle se projeta en direction de l'animal. Une fois encore, Karine usa de la canne pour dévier...

Et finit dans les bras d'Elwen qui avait fait un roulé boulé en prévision.

« JE L'AI !
- De quoi ? Qu'est-ce que tu fais là, toi ? »

Pesto sourit et s'approcha pour retirer la théière de la canne... quand elle y pensait, c'était miraculeux que l'objet soit resté en parfait équilibre et n'aie pas renversé une goutte.

« Ah... eh bien... félicitations à vous... Allez, buvez donc. Une gorgée chacun, ça suffira largement.
- Allez, à toi l'honneur Elwen. »

Pesto dévissa le bouchon de la gourde pour s'en servir comme gobelet et versa de l'eau dedans. La kitsune s'en saisit et but une gorgée. La Terrienne ne sentit aucun changement notable dans la puissance de la kitsune qui semblait également perplexe. La Terrienne but à son tour.

En avalant l'eau, elle ressentit absolument rien, en fait, c'était une eau comme une autre, quoique plutôt bonne. Et vu la tête du chat, il ne fallait pas réfléchir longtemps avant de comprendre que oui, l'eau était banale.

« C'est bizarre...
- Quoi donc ?
- L'eau n'a rien changé, mais je pense que la personne qui m'a envoyé ici le savait parfaitement... elle ne m'aurait pas envoyé passé l'épreuve pour rien.
- Tu es plus maligne que ton amie quand il s'agit de comprendre les choses. Poursuis ton raisonnement... »

La kitsune gonfla les joues d'un air boudeur. Pesto prit un moment pour réfléchir et haussa finalement les épaules.

« L'escalade de la tour et la nuit passée à vous courir après à haute altitude, c'est ça qui nous a rendu plus forte, n'est-ce pas ?
- Très juste, très juste. »

Et ce n'était pas la seule chose que visait Pan dans cette épreuve... ça a également aidé Pesto à améliorer le contrôle de son ki. A tous les coups, la Kami y aura pensé. S'il s'agissait juste de l'entrainer comme ça, elle aura trouvé une alternative sur Zelod même, naturellement.

« Allez, je vous ai assez fait marcher. Tenez. »

Le chat leur présenta deux tasses. L'eau était plus trouble, il s'en dégageait quelque chose... d'inquiétant.

« Voici la véritable eau divine. Certaines personnes meurent en la buvant mais... je pense que vous vous en sortirez. Ne vous en faites pas, on veillera sur vous. »

La kitsune et la Terrienne se regardèrent, inquiètes... mais bon, si Karine disait que ça ira...

« Bon... à la tienne...
- Santé. »

Chacune but sa tasse. Et l'effet fut immédiat. Elles sentirent leur cœur se serrer et tombèrent à genoux, tête sur le sol, serrant leur poitrine entre leurs doigts. Elles cherchaient à respirer l'air raréfié, comme si ça pouvait les aider à aller mieux. C'était un véritable supplice. Leur corps semblait fondre, leur sang se changer en lave. Leur esprit était embrumé, le cerveau palpitait comme s'il cherchait à briser la boite crânienne pour échapper à la torture que leur corps subissait.

Et ça durait encore, et encore. Aucune des deux n'avait la force de bouger pour regarder dehors, pour se faire une idée de combien de temps s'était écoulé depuis que le supplice à commencé.

Mais elles tinrent bon. Ce n'est que bien plus tard que la douleur s'estompa enfin. Pesto fut la première à se relever, respirant un grand coup. Son corps tremblait encore mais... elle se sentait calme, si sereine, comme si elle sortait d'une profonde méditation... et elle sentait bien les changements opérés sur son corps. Elle avait effectivement gagné en puissance.

Elwen se releva plus tard, de la même façon, avec le même ressenti.

« Vous voyez ? Je vous avais dit que tout irait bien.
- Je me sens si bien... c'est incroyable.
- Moi aussi... je crois... encore que... »

Le ventre de la magicienne se mit alors à grogner férocement.[/i]

« Aaaaah ! J'ai tellement faim, maintenant.
- Pas étonnant, ça fait vingt quatre heures que vous êtes là, au moins.
- Si longtemps ? Oh mince ! Pesto, faut descendre ! Penne doit s'inquiéter !
- On devrait y aller, oui.
- N'hésitez pas à passer à l'occasion. On a pas souvent de la visite pour autre chose que les Senzus, en ce moment.
- Les quois ?
- Oubliez ça, on en discutera une autre fois. Moi aussi je suis fatigué par tout ça. Allez, du balai. Et à bientôt. »

Pesto haussa les épaules et s'inclina, imitée par Elwen.

« Merci pour tout, nous n'hésiterons pas à repasser.
- Au revoir. »

[i]Puis la terrienne bondit hors du balcon, suivi par Elwen. Direction la Terre ferme, où les attendaient un bon repas et une bonne sieste.[/i]