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![Un palais plein d'êtres seuls [Flashback] Empty](https://2img.net/i/fa/empty.gif) |  Sujet: Un palais plein d'êtres seuls [Flashback] ![Un palais plein d'êtres seuls [Flashback] Icon_minitime](https://2img.net/i/fa/icon_minitime.gif) Sam Mar 21, 2015 4:02 pm | |
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- De quoi peux-tu rêver, toi, le démon sans ambition?
Penchés sur le corps d'Agon en train de dormir, une soi-disante servante curieux de le trouver si calme dans son bureau et CZ-4 qui agissait ainsi juste par esprit d'imitation, regardant à tour de rôle son maître et la demoiselle qui plissait les yeux avant de se rendre compte que le démon du froid ne rêvait pas, il cauchemardait silencieusement. Silencieux, comme à son habitude sur son lit de malade, entouré des machines reliées à sa bouche et à ses bras pour le maintenir dans un état plus ou moins stable malgré la magie dont il commençait seulement à comprendre la surface des mystères. Silencieuse, Aerce apposait simplement une serviette humide et à la limite gelée sur le front de l'enfant factice, au combien plus vieux qu'elle, l'illusion permise par la différence de sa première et sa seconde forme ainsi que l'espérance de vie impressionnante de ceux de sa race.
Depuis combien de temps cette mascarade durait? Soignée depuis peu, la dame attendait de reprendre ses forces tout en réfléchissant au futur de sa carrière de mercenaire, fortement compromise par le décès violent de ses compagnons dans les mines où le démon du froid l'avait envoyé pour calmer la rébellion. Au fond, il suffisait de tendre la main car peu importe sa force, dans cet état de sommeil, son employeur semblait aussi faible qu'un bébé dont une pression sur la gorge suffisante pourrait briser la nuque. Cela faisait maintenant quelques semaines, peut-être trois, qu'Aerce se baladait dans les couloirs à la recherche d'un défouloir et cela faisait un peu près la même durée qu'elle allait voir quotidiennement le seigneur de la planète sans parvenir à lui parler longtemps à cause de ses faiblesses qui justifiaient à elles seules l'emploi de criminels pour faire la basse besogne. D'après ce que disaient les rumeurs, Agon n'était pas foncièrement mauvais, il s'était lui-même rendu plusieurs fois sur des zones à risque pour prendre le devant de ses armées mais le temps continuant à suivre son cours, un phénomène proche de la vieillesse l'avait atteint et maintenant, le démon du froid agonisait sans bruit sans aider Aerce à se mettre d'accord : comportement humble et digne ou alors, comportement arrogant même face à la mort pour ne pas perdre la face?
- De tout temps, les gens ont cherchés des personnages puissants pour se cacher derrière eux. Une sorte de pacte entre les faibles et les forts qui donna naissance aux rois de jadis mais eux-mêmes avaient besoin de défense...
- Qu'est-ce que tu racontes, la boite de conserve ?
- Les légendes ont toujours cours sur cette planète et les rois ont finis par se cacher derrière un empereur peu présent, lui-même à envoyer quelqu'un comme ultime rempart là où il ne pouvait pas se rendre. Ainsi naissent les dieux, ceux qui protègent citoyens, rois et empereurs, vilains ou cerfs.
C'était donc pour ça qu'Agon n'avait jamais eu à subir de révoltes trop violentes car arrivé, il avait rétabli l'ordre sans trop de difficulté et protéger les faibles et les innocents. Bien qu'Aerce suspectait à juste titre une manœuvre de manipulation de masse, objectivement, elle ne pouvait pas considérer le démon du froid comme quelqu'un de mauvais et encore une fois, le Temps lui donnerait raison ou alors, lui donnerait tout simplement des réponses pour l'éclairer sur la question du karma du prince mais était-elle la seule à douter? De par sa nature, Agon était craint et même la "boite de conserve" qui veillait sur l'endormi comme une mère de substitution montrait un étrange talent de réflexion, finissant ce petit monologue explicatif sur une note plus noire qui expliquait bien à la mercenaire que personne ne savait ce que réservait le futur, pas même ses logiciels de calcul pourtant précis car le seigneur Agon était quelqu'un de silencieux et toujours présent à sa manière, comme le spectre de la Mort elle-même.
- ... Les gens attendent juste de voir s'il sera un dieu destructeur ou salvateur, ils attendent à défaut de pouvoir forcer le Destin à leur avantage. C'est un jeu très particulier et dangereux, dame Aerce, vous devriez peut-être penser à ce qui arriverait si votre main se serrait trop sur la gorge du maître...
Des paroles pleines de sagesse que l'androïde avait dû réfléchir un bon nombre de fois avant de formuler mais avec ses programmes, cela n'avait pas duré plus d'une seconde, tel était son pouvoir personnel alors qu'Aerce reculait ses mains en se sentant dévisager par cet être sans visage qu'était CZ-4 et en s'éloignant d'un pas lent et lourd, contrariée par toutes les pensées qui la harcelaient sur le moment. Il y avait bien des contrats sur la tête du démon du froid, oui, mais après? Qu'est-ce qui arriverait? Elle devrait fuir une planète en deuil de son souverain et reprendre sa série de meurtre à travers la galaxie? Toute seule?
...
- Sais-tu d'où tu viens? Sais-tu à qui tu dois la vie?
Une étrange question qui forçait un petit démon du froid à redresser son visage pâle vers son roi et à répondre sans la moindre hésitation ce qu'on lui avait enseigné patiemment, il venait de Freezer-79 et sa vie, il la devait seulement à ce géant en face de lui, Cold. Les paroles sortaient sous un ton monotone accompagné par le sourire du souverain qui en riait presque, calant juste plus confortablement son dos à son trône en regardant le petit Agon sous tous les angles, à la recherche d'un je-ne-sais-quoi que lui même ignorait. Il voulait juste savoir ce qu'était qu'un orphelin chez son peuple, la pensée l'amusait par son originalité car effectivement, les documents ne faisaient pas d'état d'un père, encore moins d'une mère -chose moins invraisemblable sur Freezer-79 vue que la race était bel et bien asexuée-. Un corps vidé de toute âme, privé d'une tendresse déjà rare et donc paradoxalement indispensable pour un enfant de cet astre gelé.
- Qu'est-ce que ça fait d'être seul ?
Encore ce pâle visage inexpressif et juste un mot qui sortait de ses lèvres un peu bleuies par le froid : rien. La seule chose qui taraudait son esprit sur le moment, c'était cette convocation devant l'Empereur alors que jusque là, le démon se portait bien entre les quatre murs de l'établissement où il résidait. D'après ce qu'il comprenait à son âge, sa race ne lui permettait pas d'être un futur brigand, une pauvre âme bloquée dans un coupe-gorge et la seule chose qu'Agon pouvait répondre avec cela, c'était qu'il était d'accord car après tout, la parole de l'Empereur ne pouvait être que vraie, c'était ce qu'il avait apprit pendant tant d'année. Encore des questions, de quoi avait-il peur? Visiblement, le gamin inexpressif était impétueux et semblait ignorer tous les dangers de l'Univers hormis un seul qu'il se rappelait encore deux cents ans plus tard en ouvrant les yeux sur ce plafond blanc, la respiration un peu difficile à cause du système de soufflerie et du tuyau enfoncé dans son système respiratoire. Peur de la mort, peur de n'avoir jamais existé mais pourquoi? Il lui semblait que même pour lui-même, sa vie n'avait aucune importance alors encore une fois, depuis des ères et des ères, Agon se raccrochait à la seule chose qui lui semblait avoir de la valeur : l'Empire et son dirigeant pour lequel il aurait toujours les genoux au sol et la tête baissée tant que ses épaules la portaient, un poing serré sur le cœur en signe de respect tant qu'il lui restait ses mains et des jambes toujours droites devant les ennemis de son peuple tant qu'on ne lui sectionnait pas. Un cœur et une âme pour protéger la famille royale là où son corps ne pouvait pas se rendre. C'était tout ce qui importait. Pas besoin de frères ou d'enfants, pas besoin de nourritures ou de sommeil, s'il fallait mourir pour quelque chose, son choix était fait depuis bien trop longtemps à présent pour faire demi-tour.
...
Sur ses épaules, une armure et une cape trop lourde, dans ses mains, un livre assez lourd pour lui briser les doigts. Son regard fatigué se posait une fois sur la vue du balcon alors qu'un regard presque meurtrier se posait sur son dos, celui d'Aerce venant lui réclamer sa part d'or et le droit de partir de la planète mais dans ce regard, quelque chose de plus ambigüe que le démon ne comprenait pas mais cela ne l'empêchait pas pour autant de le sentir. Quelque chose de confus et de perturbant pour celui censé offrir un congé à cette femme pour ne plus jamais la rencontrer, à l'exception d'une chance improbable et insolente du Destin mais pour une fois, peut-être qu'Il n'aurait pas à s'imposer de la sorte et qu'une personne assez forte et décidée pourrait prendre les reines du Temps, le plier à sa volonté.
N'ayant plus aucun de ses collègues en vie et pourtant, ne supportant pas la planète, la belle posait un genou à terre pour l'aspect officiel de la chose, un poing serré sur le torse en mâchouillant ses lèvres, à réfléchir à la manière de faire sa demande au démon du froid qui était surpris agréablement depuis longtemps, même si le mot "agréable" n'évoquait plus rien à ses oreilles depuis des siècles et des siècles. Voilà comment deux âmes profondément solitaires et tout simplement isolées faisaient une rencontre fortuite, voilà comment Aerce, la mercenaire, devient le jouet préféré du prince Agon, souvenir de Markas et des systèmes alentours, le jouet de l'Empire.
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