Au bout d'une heure, ne pouvant plus tenir la course, l'homme revint au vaisseau en trottinant, ce qui était son temps de récupération, pour y pénétrer. Ce n'était que le début. A peine arrivé à destination, la passerelle se refermant derrière lui une fois entré, il se remit au travail. Dans une salle de son moyen de transport, il y avait un régulateur de gravité, qui allait lui permettre de travailler dans des conditions encore plus pénibles que précédemment. Point positif : il faisait chaud, à l'intérieur. C'était déjà ça. Sans perdre de temps, il entra le nombre 35 dans la machine. A la suite de quoi, il sentit son poids s'augmenter, en ayant presque l'envie de poser son genou au sol pour se sentir à l'aise. Cependant, il n'était pas là pour ça. A l'instant même où la machine s'activa, il pivota face au mur opposé, et fit un pas en pliant le genou pour descendre son corps, peinant à maintenir le dos droit, en tendant davantage son autre jambe. C'était ainsi qu'il démarra sa série de fentes. Une série de cent fentes à une gravité bien plus rude que celle de la Terre, et avec des poids sur son corps, qui allait démolir ses cuisses. Autant dire que rien que la première répétition avait tendu tout son corps sous la terrible douleur, et qu'il en avait 99 autres à faire. Malgré la difficulté qu'il avait pour les faire, celles-ci s'enchaînèrent rapidement. En même temps, s'il n'y arrivait pas, l'entraînement perdrait de son sens. Le but était de se fatiguer jusqu'à arriver à l'échec. Et une fois à l'échec, d'entamer le véritable travail. Selon lui, c'était ainsi que ça fonctionnait : l'évolution était possible seulement en se dépassant à chaque exercice. Même s'il avait un mal à n'en plus tenir rien qu'aux vingt premières fentes, c'était alors le restant qui allait le faire progresser. C'était alors durant ce même restant qu'il mettait le plus d'énergie qu'il avait en réserve, tout en sachant qu'il y avait d'autres exercices qui l'attendaient à la suite. 

La centième fente complétée, il ne se fit pas attendre pour se laisser chuter vers l'avant en se réceptionnant, non sans un grognement, en repliant les bras, mains, à plat sur le sol, à niveau des épaules. Tout juste avant de les tendre rapidement, et de façon explosive, pour redescendre ensuite lentement, et avec contrôle. Les pompes étaient lancées. Cent était également son objectif. Même s'il pensait qu'il arriverait plutôt au niveau des quatre-vingt. Evidemment, il appliquait l'exercice de sorte à être le plus précis, et de sorte à choquer le plus possible les muscles utilisés, afin de les faire progresser au mieux. Pendant ces temps, ses cuisses pouvaient se reposer. Car elles allaient morfler quand la série sera terminée. Autant ses pectoraux que ses triceps, voir même ses bras entiers, souffraient le martyr. En parallèle, sa cambrure était tellement droite, et il forçait tellement pour ne pas se faire attirer par le sol, qu'il était en gainage constant. A la quinzième pompe, il écarta davantage les bras pour changer de style de pompage, et reprit aussitôt la série. La barre de difficulté était d'autant plus haute dans cette manière de faire, mais elle n'était même pas la pire. La pire arrivait tout aussi rapidement. Au bout d'une deuxième quinzaine, il rapprocha cette fois-ci ses mains pour former un triangle avec ses index et ses pouces, ces derniers se collant respectivement, pour travailler encore plus ses triceps. Les transactions avec ses mains et bras étaient fluides, et lui permettaient de ne pas s'arrêter. Ce qu'il considérerait comme de la triche. Quoiqu'il en soit, ce n'est qu'arrivé à cinquante, vingt pompes plus tard, qu'il se remit en position classique pour la suite. Il était devenu plus lent qu'initialement, et avait perdu en explosivité, mais n'était pas là pour se plaindre, ou pour s'arrêter à la moindre haute-intensité. Tout le contraire. Il était là pour la fermer et subir, pour se renforcer, et devenir meilleur qu'il ne l'était. Pas de place pour d'autre style de plainte qu'un grognement digne d'une bête sauvage dans son environnement naturel, et en pleine chasse. Autant dire que le sol était recouvert de gouttes de sueur, ses cheveux étant même mouillés. Faut dire qu'il avait la transpiration facile. Alors dans ces circonstances...

Il eut du mal, mais il y arriva, aux cents pompes. Essoufflé à travers son masque qui produisait un son similaire à celui de Dark Vador, il retomba sur ses pectoraux, tête tournée sur le côté, et prit d'assaut par la douleur. C'était si difficile que ça ? Qu'est-ce qui allait être plus difficile : empatir la douleur physique à l'entraînement, ou se briser mentalement et physiquement à la guerre en regardant les siens se faire massacrer sans avoir donné le maximum de soi-même ? Cette seule pensée suffit à le rebooster. Tournant sur son flanc droit pour se retrouver sur le dos, il croisa les chevilles en levant les jambes pour former un angle de 90° degrés avec son bassin. Ses deux mains entrouvertes se mirent en garde à niveau de sa mâchoire, de leur côté respectifs, et il put démarrer sa série d'abdominaux en ramenant le haut de son corps le plus haut possible, son dos se décollant et se recollant au sol, en essayant de contrôler la descente pour maximiser l'effort. 

Bien que son regard traduisait toujours autant de détermination, ses sourcils doucement froncés, et ses yeux vaguement plissés ne pouvaient que prouver la souffrance qu'il était entrain de se faire endurer. On pouvait facilement s'imaginer sa mâchoire serrée sous son masque, alors que des grognements étaient audibles régulièrement dans toute la salle. Aujourd'hui il avait peut-être du mal, demain un peu moins, mais après-demain ça irait mieux, et ainsi de suite. Tel était sa façon de pensée. Si dorénavant il n'en pouvait plus à ce stade, le lendemain, il n'en pourrait plus à un stade supérieur. Jusqu'à réussir à faire toutes ces séries sans sourciller, et plusieurs fois. Dès lors, il pourrait se dire qu'il avait véritablement progressé avec ce programme d'entraînement concocté par ses soins. Pas avant. Ce furent deux cents abdominaux qui se firent en enchaînement. Enchaînement au bout duquel il se releva, non sans mal, et il écarta les jambes en pliant légèrement les genoux pour faire des squats, avec le dos évidemment bien droit. Vu que ses cuisses n'étaient pas tout à fait remises, et qu'il aurait du mal à aller trop loin, il n'avait prévu de faire que cinquante répétitions. Ce qui se réalisa plutôt rapidement, bien qu'avec tout autant de mal, si ce n'est plus, étant donné qu'il était à bout de forces...

C'est rempli de sueur et solidement essoufflé qu'il retira ses poids en les déposant pour éviter de casser quelque chose à tel point ils étaient lourds, étant donné qu'il n'était pas certain de pouvoir appliquer correctement les exercices qui allaient suivre avec ceux-ci pour le moment. La sensation de légèreté procurée à cet instant suffit à lui soutirer un vague soupir de satisfaction, se dirigeant en même temps vers une autre partie de la salle, dans laquelle se trouvait une tour de frappe (voir spoiler), ainsi que plusieurs machines de musculation, à côté desquelles il y avait une floppée de poids extrêmes, et d'altères tout aussi hallucinantes. De quoi travailler sa force brute, son explosivité, et sa technicité.

Arrivé près d'un banc de développé couché, il s'asseya dessus calmement, et inspira profondément malgré le manque d'air causé par son masque d'altitude. Les jambes quelque peu écartées pour être à l'aise, et les pieds bien à plat, sa tête, comme ses épaules, était baissée et ses yeux à moitié fermés. Son regard était orienté vers ses mains, dont les doigts s'entrelaçaient et sur lesquelles des gouttes de sueur s'écrasaient après avoir perlé sur son front, alors que ses avants-bras étaient posés sur ses cuisses. L'expression de son visage faisait comprendre qu'il était fatigué. Mais, en même temps, son regard détenait une part de tristesse. Plongé dans sa "solitude", pendant son temps de récupération, ses pensées étaient toutes centrées sur l'avenir. Comment est-ce que tout cela allait-il se finir ? Etait-ce bon qu'il quitte sa planète dans ces circonstances ? Mais en même temps, s'il ne le faisait pas, arriverait-il à progresser de façon fulgurante ? Il lui fallait des ennemis. Une expérience plus poussée que ce qu'il avait vécu jusque-là. 

Trois minutes s'écoulèrent aproximativement, durant lesquelles il s'était remis d'aplomb. Réfléchir aux conséquences d'un manque d'entraînement, et garder en ligne de mire ses objectifs pendant la récupération lui permettait de se rebooster mentalement, et d'être plus performant par la suite. Au bout de ce temps de repos, il se redressa sur ses deux jambes, et ancra son regard dans la tour de frappe, de profil à cette dernière. Dorénavant, dans cette salle spacieuse, il n'y avait plus que lui, et elle. Dans son esprit, tout s'était noirci aux alentours, et la seule chose qui s'illuminait dans l'obscurité était son outil d'entraînement. Comme il le faisait lors de ses combats, afin d'augmenter sa concentration. Approchant de celle-ci, à une distance plus longue que son allonge, l'homme enclencha sa posture de combat. Son pied droit recula et la pointe de celui-ci s'orienta vers l'extérieur, tandis que ses jambes marquaient un écart moyen de presque autant en longueur qu'en largeur. Descendant sur ses appuis en repliant les genoux, son buste et son bassin se mirent de profil, alors que ses épaules prenaient la même disposition que ses pieds : la gauche plus en avant que la droite. Sa dextre se plaça en retrait près de sa mâchoire, entrouverte et paume orientée vers son menton, et coude collé à son flanc, par rapport à sa sénestre qui, à même niveau de hauteur que son opposée, était plus éloignée de son visage, et jaugeait davantage la distance, bras légèrement tendu. 

C'était dans cette posture de combat, cette garde, qu'il allait s'entraîner. Chaque coup qu'il allait faire s'écraser sur la tour de frappe devait être à la fois puissant et rapide, et tout aussi sec ainsi que précis. Son style de combat était basé sur l'agressivité suffisamment maîtrisée comme pour esquiver aux bons moments, parer et riposter avec vivacité, et ne pas se laisser avoir à son propre jeu. Une personne trop agressive peut avoir tendance à offrir un tas d'ouvertures à son adversaire qui, si bien exploitées, pourrait aisément terminer le combat plus tôt que prévu, et pas comme on l'avait prévu. Pour éviter cela, il fallait réussir à enchaîner des frappes lourdes, mais rapides, et variées afin d'acculer son opposant, tout en réussissant à voir venir les ripostes de ce dernier, et à les utiliser pour fragiliser sa garde, et arriver à passer au travers. Tout cela en connaissant ses faiblesses. S'étudier était important pour connaître ses limites, et dessiner au mieux un plan d'attaque et de défense selon ses propres critères. Il ne faut pas croire qu'un combattant brutal et offensif se contente de foncer sur son adversaire, et de le taper sans même savoir ce qu'il fait. Il y a un véritable travail derrière tout cela. Du moins, c'était ainsi qu'il fonctionnait pour sa part, et pour le moment.

C'est alors avec un premier grognement qu'il porta un premier coup avec un jab du droit. Penchant son buste vers l'avant tout en s'avançant d'un pas du pied gauche afin de maintenir son poids sur cette même jambe, mais aussi et surtout ajouter de l'allonge à sa frappe, l'homme effectua un pivot vers la gauche avec la pointe de son pied droit, ainsi qu'avec son bassin et son buste, et tendit son bras en extension tout en levant l'épaule, pour enfoncer son poing solidement fermé dans la tour de frappe. Cette première frappe perturba l'air en provoquant une légère bourrasque qui se dissipa sur les murs tel une onde de choc, en testant ainsi la solidité de l'appareil dans lequel il se trouvait. Heureusement pour la tour, semblerait-il que la gravité améliorée était suffisante pour la retenir de s'envoler. Et en parlant de gravité renforcée, l'homme avait bien senti la perte de vitesse dans sa frappe. Il fallait y remédier en poussant davantage ses limites. A noter que, en parallèle de l'attaque, il ramena sa main gauche près de lui, toujours entrouverte, pour s'apprêter à enchaîner...

Il ne tarda pas longtemps pour le faire. A peine le premier coup était donné, qu'un deuxième s'en suivit. Cette fois-ci, c'était un crochet du gauche qui était destiné au "foie" de la tour de frappe. Il s'imaginait avoir une véritable personne de taille moyenne devant lui, de sorte à taper approximativement au même endroit à chaque fois, et d'être précis. Mais il s'adaptait selon les gabarits. Quoiqu'il en soit, sa seconde frappa démarra encore plus rapidement que la deuxième. Etant donné que son corps était penché et tourné sur la gauche, il lui suffit de, tout en ramenant son poing droit à sa position initiale, effectuer une nouvelle rotation avec son corps mais dans le sens opposé cette fois-ci. Ce fut ainsi son bras gauche qui se déplia tandis que son poing fusait à pleine vitesse, et verticalement, vers sa cible. Ce dernier ne tarda pas à toucher, en provoquant une nouvelle espèce d'onde de choc, qui faisait trembler tout le vaisseau. Une nouvelle hargne faisait surface sur l'expression du visage de Sakaichi. Ressentir ses poings frapper contre le cuir, contre quelque chose de dur, était toujours un plaisir. Bien que ses frappes, par leur lourdeur et force, étaient perçants et faisaient se plier violemment à chaque impact. Selon lui, ça devait avoir le même effet avec n'importe quel combattant qu'il rencontrerait à l'avenir. Ce dernier devait se recroqueviller sous la douleur insoutenable. Pour lui, aucune attaque ne devait faire mouche pour fracasser son adversaire et le marquer à vie autant physiquement que mentalement. Il n'y avait pas de place pour la blague dans un combat. Du moins, pas lorsqu'il y avait un véritable enjeu, et que c'était du sérieux. Notamment lors d'un entraînement. C'était important de ne pas rigoler, et de ne pas "s'amuser". Il fallait seulement fixer son objectif, et foncer vers celui-ci de la façon la plus judicieuse possible. En l'occurrence, le sien était de grimper en puissance à vive allure pour pouvoir mieux faire face aux différentes menaces.

A nouveau, son poing droit s'arma, et fusa sur le sac de frappe pour effectuer le même jab, pendant que sa main gauche revenait à sa position initiale, tel un boxeur qui ne lançait pas ses poings n'importe comment. Le précédent manquait de vitesse. Alors, il en ajouta dans ce dernier, pour corriger le tir. A la suite de quoi, il pencha le buste en arrière tout en levant sa jambe gauche afin d'en amener le tibia contre le haut de la tour de frappe. Son poids s'était remis sur sa jambe droite, et le mouvement avait été le même que pour le crochet, sauf qu'avec une plus grande amplitude, et de manière ascendante. Pourtant, la rapidité était au rendez-vous. N'importe qui ne pourrait pas voir le coup partir et toucher sa cible. Mais tous pourraient ressentir l'impact qui se déchaînait sous la forme d'une perturbation dans l'air, qui produisait parfois des lames de vent, s'écrasant sur les parois solides de son vaisseau Capsule Corp, en le faisant trembler. Peut-être qu'il devrait songer à s'entraîner dehors, ou à augmenter la gravité pour avoir plus difficile, pour éviter d'amocher le moyen de transport. Pour l'instant, il allait continuer ainsi. Lancé, il n'allait pas s'arrêter pour ce genre de problèmes.

Le pied gauche aussitôt partit, aussitôt revenu. Ce dernier se reposa sur le sol, et servit d'appui pour la prochaine frappe, qui était un coup de pied du droit cette fois-ci. Un middle-kick, plus précisément. Puisque l'endroit visé était le buste, et non pas la tête. Vu que la distance était plus courte, le coup était encore plus rapide. Pivotant sur son pied gauche en tournant son corps sur ce même côté, sa jambe droite balaya latéralement l'air en extension, jusqu'à fracasser la tour de frappe. Ses coups de pieds étaient comme des coups de lames qui à la place de couper, produisaient des explosions au moment fatidique.

A la suite de ces frappes décritent, d'autres s'enchaînèrent à une vitesse folle. Il était capable de mettre une centaine de frappes en quelques secondes seulement, ce qui avait comme conséquence de plier littéralement le sac, pourtant conçu pour résister à des attaques surhumaines. Au bout d'un moment, alors qu'il était entrain de se donner à fond dans son entraînement et dans ses combos, son regard s'illumina d'une étincelle de rage combative. Cette même rage qui pouvait être descellée sous forme de réceptacle lumineux au fond de ses pupilles lors de ses combats contre les nombreux ennemis de l'Humanité, et qui était annonciateur d'une poussée soudaine en adrénaline, lui permettant de repousser ses limites. A cet instant même, alors qu'il démarrait un crochet, tout son corps fut instantanément et instinctivement boosté, et ce dernier eut une telle percussion que la tour de frappe se déchira, et fut projetée à quelques mètres avant de chuter à cause de la forte gravité. Ce fut à la fois le coup qui annonça la fin de son entraînement aux frappes, et aussi celui qui fracassa son matériel. Heureusement, il avait prévu le coup, et en avait prévu de rechange. 

Maintenant que la deuxième partie était terminée, c'était au tour de la troisième. Mais avant, au tour d'un bon repos bien mérité. Pour cela, il y avait cette fameuse salle de soin dont on lui avait parlé à l'achat du vaisseau. Après avoir remis la gravité à la normale, accompagné d'un soupir de satisfaction léger étant donné la poids en moins, bien que la douleur physique qu'il avait tiré en long durant l'entraînement était toujours présente, l'homme quitta la salle d'entraînement pour amorcer le pas vers celle de repos. C'était une sorte de chambre dont les murs blancs paraissaient épurés, au milieu de laquelle il y avait un lit, entouré de plusieurs machines. S'étalant tel une étoile de mer sur celui-ci après avoir fait tomber son masque d'altitude au sol, il lui suffit d'appuyer sur un bouton pour que leur mécanique s'enclenche. Leur travail consistait à faire des sortes de massages, en même temps qu'un gaz se projetait dans l'air autour de lui constamment ayant comme objectif d'offrir un meilleur oxygène, et qu'il se faisait, éventuellement, refermer les plaies, ou soigner les blessures, selon ce que l'appareil scannait. En l'occurrence, il allait se contenter du massage qui permettait à ses muscles de se revigorer plus rapidement. Cela pendant qu'il plongeait dans un profond sommeil assez rapidement, compte-tenu de l'entraînement éprouvant qu'il s'était fait subir. Aussitôt, ses ronflements étaient audibles dans les couloirs du vaisseau. Mais personne n'avait à les endurer. Au moins, son faciès, plus adorable pour le coup puisqu'il paraissait être un bébé, changeait avec d'habitude.

Seulement deux heures plus tard, il se réveilla en pleine forme. Son corps entier s'était remis de ses douleurs, et il n'avait aucune courbature. Aussitôt réveillé, aussitôt redressé, bien qu'en s'étirant longuement pour faire craquer ses os, en même temps qu'il soupirait d'aise. Cependant, il préféra ne pas trop s'y attarder. La troisième partie de son entraînement, la plus hardcore selon lui, l'attendait. Et toujours selon lui, le temps pressait. Peut-être qu'en ce moment même, une ville était attaquée. A quoi servirait-il s'il prenait trop de temps pour monter en puissance ? Quelques minutes de gagnées n'étaient pas rien, selon lui. Il avait un nouveau train de vie certes insoutenable au début, mais qui allait devenir de plus en plus supportable. Fallait s'y faire, ou abandonner. En l'occurrence, c'était la voie de la première option qu'il avait choisi.

Remettant son masque d'altitude autour de sa nuque, au niveau de sa mâchoire, il repartit dans la salle d'entraînement en trottinant. Rebelote, il changea la gravité pour l'augmenter de plusieurs crans, et se remit au boulot. Il avait d'ores et déjà l'impression de s'y être habitué. C'était un bon point, et c'était positif pour le mental de voir les progrès. Une source de motivation en plus qui n'était pas à laisser. Cette fois, en plus d'augmenter la gravité, il pressa un bouton qui ouvrit plusieurs trappes sur les murs et le sol, desquelles sortirent des mini-robots volants. Ceux-ci, immédiatement, l'attaquèrent avec des lasers qui sortaient de petits tuyaux situés à l'emplacement de leur "bouche" artificielle. Pour ne pas en subir l'explosion, Sakaichi bondit vers l'arrière, et se plongea dorénavant dans le même stade de concentration que lors d'un combat, afin d'éviter de se faire avoir trop rapidement. Le niveau des robots était mis sur moyen. Pourtant, ils se déplaçaient vivement autour de lui, et le prenaient d'assaut avec des lasers de haute-gamme. Rien de surprenant pour lui, qui savait à quoi s'attendre.

Esquivant plusieurs fois des salves en sautant, l'homme s'avançait, en parallèle, vers le banc de développé couché. Une fois arrivé à ses côtés, il s'y allongea, et serra les dents tout en empoignant symétriquement la barre avec ses deux mains, sur laquelle était chargé plusieurs tonnes. Dorénavant, il allait devoir bosser ses pectoraux de façon explosive, pendant que des mini-robots le criblaient de tous les côtés, pour s'entraîner à continuer une attaque qui pourrait être décisive lors d'un combat, et ce, même en subissant une riposte. Mais aussi et surtout, pour améliorer sa résistance, son endurance face aux coups, et sa robustesse. Presque aussitôt qu'il s'était arrêté d'être en mouvement, plusieurs lasers s'écrasèrent sur son corps en explosant. Sa respiration s'accéléra derrière son masque d'altitude alors qu'il grimaçait sous la douleur tout en soulevant la lourde barre, et en l'apportant à niveau du centre de ses pectoraux.

- Husss... 

Ses mouvements étaient accompagnés d'expiration pour une meilleure performance, faisant descendre avec contrôle la barre jusqu'à ce qu'elle rencontre son torse, avant de remonter explosivement, sans tendre complètement les bras. Tout en ramassant des mini-explosions partout sur le corps, qui n'étaient pas moindres, même pour lui. Le plus difficile était lorsqu'elles rencontraient son visage. Ce qui l'obligeait à fermer les yeux, et à perdre l'équilibre, qu'il se devait de rattraper tout aussi vite pour ne pas se couper dans sa série. Que de galères pour une longue série, qui allait se poursuivre par un exercice encore plus coriace. Qu'est-ce que c'était plaisant de se faire souffrir à ce point, n'est-ce pas ? Pas tellement. Mais c'était nécessaire. Et après un entraînement, on se sentait bien. On se sentait toujours mieux. Du moins, généralement. 

Une centaine de répétitions plus tard, non sans avoir failli plusieurs fois de s'étrangler avec la barre puisqu'il était déstabilisé par les tirs, sa peau était brûlée par endroits, et recouverte d'égratinures. Il y avait même du sang qui s'écoulait de ses arcades qui avaient été ouvertes lors d'explosions, et ses vêtements étaient en partie déchirés. Dans un grognement de souffrance, il laissa tomber la barre sur le côté, sans pouvoir la remettre à sa place à tel point ses bras étaient tétanisés, et se releva tant bien que mal, en poussant un râle de douleur. La grimace ancrée sur son visage était preuve que ce n'était pas facile pour lui. Pourtant, il était encore là, et ne semblait pas lâcher.

A peine debout, il reçut un tir de laser sur l'épaule qui le fit chavirer vers l'arrière, et presque tomber. Se rattrapant sur le banc, il se retenait fortement de ne pas réduire à néant ces mini-robots. Il avait déjà la haine sur eux. Et il allait encore plus les détester sous peu. Approchant du milieu de la salle en titubant parfois, ce n'était pas les vertiges qui manquaient, troublant sa vue, tandis qu'il était essoufflé, d'autant plus avec le masque d'altitude. Masque qu'il retira car il n'en pouvait plus, et car ça devenait dangereux de le garder, et qu'il lança à quelques mètres, comme s'il ne voulait plus le voir. Parcourant seulement quelques mètres, il s'arrêta net lorsqu'il eut la véritable impression qu'il allait tomber. Dès lors, il ancra ses deux pieds au sol, avec une droite exemplaire, et croisa ses bras musclés sous son torse. Ses sourcils se fronçant, son nez et ses yeux se plissant, il était parti pour une demi-heure de pure résistance à la douleur. Même s'il était robuste, c'était éprouvant pour lui. 

Evidemment, il n'allait pas jusqu'à l'extrême. Il se devait de garder son corps en bonne santé, et de ne pas le blesser inutilement. En l'occurrence, les robots étaient réglés pour ne pas pouvoir le tuer, mais plutôt l'user à la longue, comme ils l'avaient fait. Ils n'étaient pas non plus possible qu'ils l'envoient au bord de la mort, ni dans le coma, et qu'ils lui fassent extrêmement mal. Seulement des décharges suffisamment puissantes comme pour bien les sentir, mais aussi et surtout pour apprendre à son corps à se renforcer face aux attaques. Inutile d'en faire plus. Il y avait plus de risques de blessure qu'autre chose. Pour l'instant, du moins. A la suite de cette trentaine de minutes, il éteignit les fonctions des robots qui repartirent dans leur trappe juste avant, et s'en alla se reposer dans la salle de soin.

En conclusion...

Ces quelques jours d'entraînement furent intenses pour l'Hayabusa. Il passa une semaine complète à s'améliorer de la sorte, et c'était mentir de dire qu'il ne souffrait pas. Mais au fil du temps, il avait réussi à s'adapter de plus en plus. A chaque nouvelle session, ses capacités étaient meilleures, et il arrivait à se pousser davantage au-delà de ses limites. Ces heures passées à s'entraîner avaient eu un bon résultat. Il en avait l'impression, du moins. Il se sentait plus fort, plus robuste. Son physique avait changé, et était devenu plus solide. Ses frappes plus puissantes et rapides, et il en avait profité pour maîtriser des techniques qu'il n'arrivait pas à bien appliquer au préalable. Entre autres, ce séjour avait été bénéfique pour lui sur le plan physique. Même ses réflexes s'étaient affûtés.

Repartant comme il était venu, c'est-à-dire en vaisseau, il laissa derrière lui des montagnes dont la neige avait disparue, et qui était parcouru de quelques cratères. Autant vous dire que c'était un immense plaisir pour lui que de quitter enfin ces lieux, et de regagner la civilisation. Avec de nouvelles compétences, en l'occurrence.

Ah et, aussi... il allait falloir racheter quelques robots. Semblerait-il qu'ils se soient malencontreusement explosés contre une surface solide. Après, vous dire réellement sur quoi ? Je ne sais pas...